« Chère » MONUC : réflexions en forme de bilan sur un départ annoncé (Guy De Boeck)

 

Superproduction

 

Bien que basée à New York, l’ONU aime à parler de la MONUC en termes « hollywoodiens »,
tendance Cecil B. De Mille : « The
biggest … ever made
 ». S’il y a une chose qu’on ne peut ignorer, c’est
que l’opération « Congo » a été la plus grande et la plus chère
jamais montée par les Nations Unies. Malheureusement, tout comme pour les
films, le nombre de millions de dollars engloutis ne garantit pas la qualité du
produit. On peut, au bout du compte et avec un budget pharaonique, n’obtenir
qu’un navet.

 

Il faut en tous cas remarquer d’emblée que l’on a
parlé de la MONUC
avant tout pour ses aspects militaires, de ce que les « casques
bleus » faisaient ou ne faisaient pas. Et puisqu’on remarque mieux les
soldats quand ils utilisent leur bruyant matériel dans une zone en guerre que
lorsqu’ils font sentinelle ou patrouillent paisiblement, les appréciations à ce
sujet ont surtout concerné les zones troublées de l’Est.

Or, non seulement la mission de la MONUC était beaucoup
plus vaste et multiforme que ce simple
aspect militaire, mais il n’est pas du tout sûr que ce soit dans ce domaine qu’elle
ait donné les résultats les plus importants et les plus durables. Au contraire,
même, car militairement la mission a été loin de réussir. Nous aurons à y
revenir…

 

Une initiative comme la création de Radio Okapi, par
exemple,  a apporté un changement
considérable en RDC. Et pourtant, on pouvait craindre le pire !

Il s’agissait, en effet, de « parachuter »
au Congo un réseau radiophonique complet, doté de moyens et d’un budget se
chiffrant par dizaines de millions de dollars. On pouvait craindre que ce soit
un « mammouth » ou un « éléphant blanc ». Ce ne fut pas le
cas.

Est-ce parce que le gigantisme apparent du budget
n’était lié qu’à celui du pays ? Parce que les organisations parties
prenantes de sa réalisation technique étaient particulièrement compétentes et
motivées ? Parce que les Congolais se sentaient depuis longtemps en manque
d’une radio de meilleure qualité et que le personnel national s’est approprié
le projet ? Laissons aux spécialistes le soin d’en décider.

Ce qui compte, c’est que la RDC s’est trouvé dotée d’un
réseau radiophonique réellement en état de fonctionner, couvrant tout le pays
et ayant des stations locales dans presque tous les centres importants de
province. De plus, on ne transmit pas seulement le matériel de la profession de
journaliste, mais aussi sa déontologie. Et, sans faire de plaisanterie
sinistre, on peut dire qu’il y a une preuve flagrante de la qualité du travail
de Radio Okapi : le nombre de ses journalistes qui ont été menacés,
molestés ou assassinés.

 

Et à ce propos, précisément, on peut s’interroger.
Qu’adviendra-t-il de Radio Okapi avec le départ de la MONUC ? Il est
manifeste que, pour le gouvernement congolais, la campagne électorale 2011 a
déjà commencé. On sait, d’autre part, que l’un des aspects de l’insistance
congolaise pou une importante participation belge au cinquantenaire de 2010 est
l’aide belge pur la restauration de RTNC comme réseau national de diffusion TV
et radio. Cela revient à dire que RTNC remplirait donc enfin sa tâche, à
laquelle Radi Okapi n’a fait que suppléer. Tout cela est fort bien quant à
l’exercice, par la RDC,
de ses prérogatives souveraines, mais…

On peut se demander aussi si le départ de la MONUC ne va pas servir de
prétexte à une opération « reprise en main » qui viserait à éliminer
ce qu’Okapi avait de « déplaisant » : l’objectivité, le
pluralisme et la liberté de langage.

 

La Mission Impossible des « casques bleus »

 

Dans le domaine militaire, il serait insuffisant de
dire qu’on a frisé le surréalisme et le ridicule. On ne les a pas frisés, on y
est rentré de plain-pied ! Ce serait même comique, si en agissant ainsi,
on ne mettait pas en jeu la vie des gens, leur intégrité physique et tout ce
qu’ils possèdent (et c’est hélas bien peu !).

Les militaires de la MONUC ont fait l’objet de deux séries distinctes
de critiques.

Au niveau des hommes de troupe, on a parlé de
contingents de piètre qualité (la
RDC
a entre autres refusé de recevoir un nouveau contingent
indien) et évoqué toute une série de comportements individuels inacceptables :
trafic d’or, détournement de filles mineures livrées ensuite à la prostitution
etc…

Au niveau du commandement, on a évoqué les
restrictions du mandat de la
MONUC
, reproché à son état-major d’en faire une
interprétation trop restrictive, ou de ne pas user des possibilités offertes
par l’article 7… Il y a plus grave : le passage du général Garcia – cet
officier espagnol qui arriva au Congo pour prendre la tête des troupes de l’ONU
et démissionna immédiatement devant ce qu’il vit – a laissé soupçonner qu’il y
avait inadéquation entre les troupes et la mission censée être la leur et que
certains contingents recevaient de leur gouvernement national des instructions
qui n’étaient pas toujours « en phase » avec celles des officiers
censés les commander. Et ne mentionnons que pour mémoire le cas de ce colonel
indien qui s’avéra, dans son discours d’adieu, un ferme partisan de Nkunda. Il
est quand même difficile d’appeler cela autrement que « haute
trahison ».

 

Mais tout cela, qui est tout de même de nature à soulever
le doute sur une possible efficacité militaire de la MONUC, n’est encore rien à
côté de la constatation que le MONUC s’est vu confier une mission impossible,
de sorte qu’on peut se demander si l’on jamais eu l’intention de voir ce troupes arriver à quelque chose et
faire preuve d’une efficacité quelconque.

En effet, la mission militaire de la MONUC est définie, d’entrée
de jeu, comme une mission de maintien de
la paix
(peace keeping) et non de pacification
(peace making), autrement dit de « gardiens de la paix » dans une
zone encore en guerre. Cela revient à envoyer un agent de police régler la
circulation dans le Chicago de la Prohibition en ne lui fournissant qu’un bâton
blanc, alors que tous les véhicules qui circuleront autour de lui seront chargés
à ras bord de gangsters en train de se mitrailler les uns les autres !

La diplomatie veut qu’on admette une certaine dose de naïveté et de mauvaise foi. Il
était donc diplomatiquement admissible de feindre croire naïvement que la
signature d’accords dans le cadre d’un « dialogue intercongolais » allait
amener un cessez-le-feu général et durable sur tous les fronts. Il était encore
diplomatiquement admissible de feindre croire que l’on avait affaire à une
guerre civile entre différents mouvements « rebelles » congolais et
ignorer superbement la présence de troupes étrangères, spécialement rwandaises…
Mais il ne l’était pas du tout de faire de telles illusion la base d’opérations
militaires, car au rebours des diplomates qui pérorent loin du front, les soldats,
eux, sont sur le terrain et y risquent leur peau.

 

On pourrait certes penser que les troupes une fois sur
place en mission de maintien de la paix, il serait toujours possible que leur
mission évolue, par une sorte d’« escalade » progressive, vers une pacification
qui, peut-être ne dirait pas son nom…  Mais
la réalité est bien différente !

Voici ce
que l’on pouvait lire le 26.11.09 dans
le journal britannique The
Guardian :

«  En 1995; après le génocide
rwandais, les leaders occidentaux envisageaient des plans d’intervention armée
dans la région des Grands Lacs pour supprimer ceux des extrémistes Hutu qui
avaient fui de l’autre côté de la frontière de la
RDC.
Je
demandai alors à un officier
d’état-major britannique combien d’homme
il faudrait pour cela. Sa réponse fut « 
environ un
demi-million ». 

«  Il avait étudié le paysage de cette région, grande
comme la Fran,
avec d’épaisses forêts et de hautes montages, sans routes ou moyens de
communication dignes de ce nom, avec seulement quelques pistes d’atterrissage
et dont on ne savait même pas précisément combien de gens y vivaient et qui ils
étaient. C’est le paradis de la guérilla, quelques milliers de combattants
n’ayant rien à perdre peuvent le parcourir sans qu’on puisse les en empêcher,
vivant sur le pays, et recrutant sur leur passage »[1]

Certes,
les 500.000 hommes de l’officier britannique sont une estimation et doivent
être considérés comme tels. Encore convient-il de noter aussi que ce chiffre
est basé sur l’hypothèse d’une opération de l’armée anglaise ou d’armées
européennes, donc sur l’utilisation d’armes et d’équipements nettement
supérieurs à ce dont peuvent disposer les armées africaines. Ce qui frappe,
c’est moins le chiffre lui-même que la disproportion entre les chiffres. Entre The Guardian et les effectifs de la MONUC c’est peu de dire qu’il
y a une différence ! Elle est telle qu’on est carrément dans des ordres de
grandeur différents.

 

Dès lors
que l’on considère ces chiffres, les effets de musculation de l’ONU avec sa
« biggest mission ever »
tombent singulièrement à plat ! Les effectifs de la
« superproduction » se montent à environ 20.000 personnes, pari
lesquels il y a à peu près 15.000 Casques bleus. Mais c’est un chiffre global à
l’échelle du Congo. Ils ne sont que 3.000 dans les zones troublées de l’Est et
encore ! 2500 environ d’entre eux, seulement, seraient réellement
opérationnels. 2.500 là où il en faudrait 250.000 ou plus C’est tellement loin
de ce qui serait réellement nécessaire, que cela équivaut pratiquement à
« zéro ».

S’il est
manifeste pour un expert militaire, à la vue d’une carte des Kivu, qu’en
prendre le contrôle exige la mise en œuvre de moyens se chiffrant, au niveau de
l’effectif, par centaines de milles, il devient évident que les effectifs, tant
de la MONUC que
des FARDC, ont toujours été inadéquats et qu’il n’y a jamais eu de tentative
sérieuse pour ramener la paix dans les Kivu.

 

« L’Opération
a parfaitement réussi… »

 

Peut-être vous est-il arrivé de perdre un ami ou un
parent alors qu’il était hospitalisé pour une opération. Vous aurez remarqué
dans ce cas-là que même si le malade entré vivant dans la salle d’opération, en
sort les pieds devant à l’état de cadavre, l’opération
a toujours réussi.
Le patient a
invariablement succombé à des complications imprévues. Pour un peu, les
chirurgiens se plaindraient de la mauvaise volonté des patients qui, malgré des
opérations réussies, s’obstinent à tourner de l’œil rien que pour contrarier le
bon docteur…

Bien que pratiquant une chirurgie de nature plus
politique, l’ONU semble appartenir à cette même école. Une opération des
Nations Unies ne saurait que réussir ! Avoir un plan et s’y tenir peut
être parfois une bonne attitude. Encore faut-il que la fidélité au plan ne soit
pas poussée jusqu’au point où l’on néglige la réalité pour ne plus voir que le
plan.

Toujours à l’instar des chirurgiens, l’Onu s’en tiendra strictement au protocole prévu
pour l’opération. Bien sûr, si le patient manifeste quelques symptômes un peu
trop critiques, on aura sous la main quelques seringues toutes prêtes de
préparations revigorantes pour lui redonner du tonus. De petits aménagements
sont possibles. Mais, ce que les chirurgiens font parfois, et que l’ONU ne fait
jamais, c’est renoncer à opérer, même devant les symptômes les plus inquiétants.
Chaque fois que le plan prévu l’exigera, on passera d’une étape accomplie « à peu près » à l’étape
suivante, négligeant le fait qu’à entasser ainsi « à peu près » sur
« à peu près », on ne saurait obtenir finalement qu’une colonne
branlante. On pourrait dire, au choix, que les opérations menées au Congo
semblent avoir été conçues pour un autre pays ou que, en tous cas, si elles ont
été conçues pour le Congo, elles l’ont été pour des situations très différentes
de la réalité. Non seulement, on s’est obstiné à opérer le malade, mais le
chirurgien s’y est mis à jouer du bistouri en ne regardant son patient que dans
un miroir déformant. 

 

Dès le départ, et c’est sans doute le plus grave,
parce que c’est le point sur lequel tout le reste de l’édifice repose, on a
refuse de voir, d’apprécier et d’évaluer la situation dans laquelle le Congo se trouvait depuis 1998, à savoir
une situation de guerre. Et nous parlons bien d’une guerre entre nations :
certains voisins du Congo, utilisant comme troupes auxiliaires un certain
nombre de Congolais maquillés en « rebelles », l’agressaient.
Intervenir, dès lors, signifiait une guerre, c'est-à-dire une opération d’une
envergure telle, que le budget de « la plus grande opération des Nations
Unies » aurait paru simple broutille. Les moyens auraient dû dépasser ceux des opérations d’Iraq ou d’Afghanistan.

Au leu de cela, on mit en place une première brique
boiteuse en équilibre instable en proclamant que ce que l’on voyait n’était pas
la situation réelle. La RDC
était en proie à une guerre civile entre Congolais. Un dialogue intercongolais
suffirait donc à faire cesser les hostilités. Les Congolais ayant eux-mêmes
conclu un cessez-le-feu, la mission militaire de l’ONU n’aurait pas à assurer
un « peace making » mais seulement un « peace keeping » et
pourrait donc avoir un effectif faible.

Si l’on compare la réalité avec la fiction, cela
revient à dire qu’en 1940, la police de la route aurait dû suffire, à elle seule,
pour empêcher Hitler d’envahir la
Belgique
 !

Néanmoins, du simple fait de l’étendue du Congo, la
force requise pou mettre n place partout des unités réduites qui ne pourraient
être que ridiculement impuissantes devant tout problème sérieux, requit un
budget record qui permit un gigantesque tamtam médiatique au sujet de la
« plus grande mission des Nations Unies ». Grande, oui mais, on l’a
vu, en fait au moins 100 fois trop faible.

 

Surréalisme
branlant

 

L’Onu et la Communauté
Internationale
 poursuivirent la construction d’un édifice bizarre relevant d’une
esthétique spécial que l’on pourrait qualifier de « surréalisme
branlant ».

 

Le pays était en ruine, et les besoins étaient tels
que n’importe quel gouvernement aurait pu s’attaquer aux reconstructions les
plus urgentes. Mais on mit en place le fameux 1+4 où toutes les compétences
étaient dosées de manière à se bloquer les unes les autres, de manière à
assurer un minimum d’efficacité pour un gaspillage maximum de moyens.

 

Il n’y avait plus eu de recensement réel et sérieux de
la population depuis plus de vingt ans alors qu’on devait organiser des
élections, et le moment était donc propice pou recenser et mettre en place non
seulement des registres électoraux mais l’ensemble des registres de la
population, en un mot de remettre sur pieds le Ministère de l’Intérieur. On
s’empressa de bricoler les listes de la
CEI.

 

Le pays avait une grande soif de démocratie. On
s’assura donc qu’il ne pourrait accéder à une démocratie réelle et complète
(c’est à dire englobant le contrôle populaire de l’économie), en multipliant
les chausse-trappes qui réservaient l’accès au pouvoir aux seuls représentants
de la bourgeoisie.

 

On pourrait continue pendant fort longtemps cette
liste qui est déjà longue… Cependant, ce n’est pas là le pire !

 

Les hommes sont faillibles et toutes leurs œuvres sont
entachées de défauts grands ou menus. Donc, attendre d’avoir atteint la
perfection pour avancer n’aurait d’autre sens que de prôner l’immobilisme. Il
faut bien tolérer de légères imperfections, encaisser des retards, admettre l’approximatif,
se tirer d’affaire avec de l’imparfait.
C’est la sagesse même ! Toutefois, dans l’usage même que l’on fait de
cette sagesse, il convient aussi d’user de modération. Et c’est ce que n’ont
pas fait les chirurgiens chargés de
rapetasser le « malade R.D.Congo ».

Ici, la fidélité au plan prévu a été poussé jusqu’à la
caricature. Ce que le chirurgien ONU ne fait jamais, c’est renoncer à opérer,
même devant les symptômes les plus inquiétants. Chaque fois que le plan prévu
l’exigera, on passera d’une étape accomplie « à peu près » à l’étape suivante, négligeant le
fait qu’à entasser ainsi « à peu près » sur « à peu près »,
on ne saurait obtenir finalement qu’une colonne branlante. On s’est obstiné à charcuter
le malade, et le docteur s’est même mis à jouer du bistouri en regardant son
patient dans un miroir déformant. Et à chaque fois qu’on avait greffé un machin
foireux au bout d’un autre pas trop juste, on invitait le public extasié à applaudir
le miracle !

Au bout du compte, le patient rapetassé avait deux
pieds, mais de deux pointures différentes, un œil regardant Rome et l’autre
louchant sur Vladivostok, il ressemblait à Boris Karloff dans « Frankenstein »
et l’on proclama néanmoins que c’était un Apollon !

Et voilà comment le processus cafouilleux, opaque et
confus de la Transition
devint des « élections libres, transparentes et démocratiques » suivi
de la « mise en place d’institutions légalement et démocratiquement élues »

 

La dernière
chance ?

 

Ayant délibérément adopté, forcés que nous étions de
résumer et condenser au maximum des événements nombreux et chaotiques, le ton
de la caricature et de l’humour. Et l’on pourrait donc avoir l’impression que
ceci est une sorte d « papier pour le 1° avril », écrit avec le
propos délibéré de faire passer les Nations Unies, et singulièrement la MONUC, pour une bande de
parfaits loufoques en proie à un accès collectif de folie douce. Il n’en est rien.

 

Lorsque des gens supposés sains d’esprit, adultes et responsables
se mettent collectivement à agir de façon absurde, on est bien obligé de se dire
qu’ils ont une raison.

C’est que les opérations internationales, comme celles
de la chirurgie, sont parfois des « opérations de la dernière chance ».
Les Nations Unies sont, en matière de politique internationale, le denier recours
au-delà duquel il n’y a plus rien.

Mais, précisément, l’organisation internationale peine de plus en plus à
remplir ce rôle de suprême recours. Le sommet de Copenhague sur le climat a constitué un échec
retentissant de l'ONU et prouvé l'incapacité des dirigeants de la planète à se
mettre d'accord sur un projet commun essentiel à la survie de l'humanité.

 

A propos
de Copenhague, la feuille conservatrice allemande Bild am Sonntag estimait qu'"un forum comme le G20 serait plus approprié pour prendre des décisions
sur la protection climatique
", comme pour la crise financière. Il faut
surtout, donc, éviter la dispersion du pouvoir, qui doit rester concentré aux
mains de ceux qui savent s’en servir : les riches qui ont précisément
démontré dans la crise financière leur totale incapacité à prendre en compte
n’importe quel autre intérêt que le profit. Or, pendant que le sommet de
Copenhague sombrait dans le ridicule sur fond de matraquage de tous ceux qui
s’essayaient à contester le point de vue que l’on devrait désormais appeler plutôt « dominateur » que
« dominant » car il représente seulement le point de vue de quelques
banquiers, mais possesseurs de la majorité de l’argent du monde, la MONUC elle aussi se voyait
remise en cause.

 

Dans l’un
et l’autre cas, on assiste à la fin d’un effort symbolique et théâtral des
riches pour avoir l’air de faire quelque chose. En ce qui concerne le climat,
il est superflu d’énumérer encore une fois le refus américain d’adhérer à quoi
que ce soit, y compris le protocole de Kyoto dont on est en train de faire une
montagne alors qu’il était déjà insuffisant, la duplicité européenne pour transformer les mesures « d’environnement
«  en opportunités d’affaires ou de spéculation, etc… Quant à la MONUC, au moins quant à son
aspect militaire, il suffit de se reporter aux chiffres mentionnés plus haut.
Quand une force est plus de cent fois inférieure à l’effectif qu’elle devrait
avoir pour une mission que d’ailleurs on ne lui donne pas, puisque la MONUC avait pour tâche
surréaliste de « maintenir » une paix qui n’avait jamais été établie,
il ne faut s’étonner ni de son inefficacité, ni de lui voir adopter comme seule
fonction celle de « compter les cadavres », ni même de se démoraliser,
avec toutes les conséquences que cela implique quant au comportement de ses
soldats. Mais il est tout aussi clair que cette mission n’a jamais été qu’un trompe-l’œil, personne ne s’attendant
à lui voir réussir l’impossible, ni n’étant disposé à y engager ni ses soldats,
ni son argent.  

 

Le emps
des charognards est venu…  



[1] In 1995, after the Rwandan
genocide, western leaders discussed plans for an armed force for

Africa's Great Lakes region to suppress the remnant of the extremist Hutu
movement that had fled across the border into the Democratic Republic of the Congo. I
asked a British military planner how many men it might need. About half a
million was his reply.

He had studied the vast landscape, the size of France; thick forest, huge
mountains, no roads or boundaries, only a few airstrips and little idea of how
many people lived there or who they were. It is perfect guerrilla country; a
few thousand fighters with nothing to lose can move unimpeded throughout the
area, living off the land and recruiting as they go.
The
Guardian
, 26.11.09.

Ces considérations concernent
l’élimination des maquis Hutu, donc une sorte de “Kimya 2 avant la lettre”
alors que la MONUC
s’est trouvée, à son arrivée, devant des groupes plus divers. Mais l’officier
anglais émettait ses estimations avant tout sur deux critères : la nature
du terrain et la connaissance qu’en ont les maquisards. Ces deux faits
s’appliquent tout aussi bien à d’autres groupes opérant sur le même
terrain !

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