03.11.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean Idya

 

1.Quelles sont vos impressions trois mois après la rentrée
scolaire 2009-2010 dans les écoles catholiques de la ville-province de
Kinshasa ?

Trois mois après le 7 septembre 2009, date de la rentrée scolaire
2009-2010, la situation est calme dans les écoles de la République
démocratique du Congo. En dépit des agitations de certains pécheurs en
eaux troubles. La vérité est que les cours se donnent, malgré les
difficultés quotidiennes des enseignants. Prions Dieu pour que tout se
passe bien jusqu’à la fin de l’année parce que quoique nous disions ou
fassions, le dernier mot appartient à Dieu. Retenez, cependant ceci :
l’école est le seul symbole de l’unité nationale. Si elle flanche, il y
a beaucoup de chance que le Congo disparaisse assez vite que prévu.

2.Que répondriez-vous à ceux qui soutiennent que
beaucoup d’écoles primaires et secondaires catholiques de la capitale
ne respectent pas les taux des frais scolaires fixés par l’archevêque
de Kinshasa ?

Au mois de mai 2009, le gouvernement congolais s’était réuni au
centre catholique Nganda, avec ses partenaires externes (Unicef et
Banque mondiale) et nationaux (syndicats, parents, associations…). Il
s’était dégagé un point d’accord : jusqu’en 2015, les parents
continueront à participer aux frais d’études de leurs enfants. Au mois
d’août, beaucoup d’écoles catholiques exigeaient déjà des acomptes
exorbitants, égalant ou dépassant quelque fois les frais de l’année
scolaire 2008-2009. Ceci allait à l’encontre de l’article 5 de l’arrêté
du gouverneur de la ville : les frais d’intervention ponctuelle ne
devaient pas dépasser ceux de l’année dernière. L’ouverture laissée aux
parents et aux écoles avait inquiété Mgr l’archevêque. Aussi, pour
discipliner un secteur déjà emballé et pour protéger les parents, il
avait fixé les hauteurs que vous connaissez à 100 USD au primaire et
180 USD au secondaire. Alors, pourquoi la tendance observée dans
certaines écoles ? Le 15 septembre 2009, peu avant son voyage, Mgr
l’archevêque avait reçu le coordinateur diocésain et urbain, selon la
lettre datée du 16 septembre 2009 de ce dernier adressée aux chefs
d’établissements. La deuxième de deux instructions reçues stipule :
«Les écoles qui, pour des raisons valables, voudraient une dérogation
doivent s’adresser à la coordination urbaine ». Cette instruction avait
été transmise aux préfets, le 16 septembre 2009. Je crois que c’est
cette clause qui a joué dans beaucoup d’écoles qui demandaient les
années passées plus de 100 USD, 180 USD ou plus de 180 USD. Néanmoins,
le décret présente certains avantages. Avec la clef de répartition, il
a permis aux enseignants de s’approprier la hauteur des finances de
l’école. L’instruction du 15 septembre a confirmé l’article 6 de
l’arrêté du gouverneur. Le payement par les enfants des enseignants de
la moitié des frais d’intervention ponctuelle. L’année dernière, les
préfets ont refusé d’appliquer cette clause. Conséquence, les
enseignants ont payé pour leurs enfants la totalité des frais demandés.

3.Quel est, d’après vous, l’impact de l’opération «
Tolérance zéro » décrétée par le président de la République sur la vie
nationale ?

A ce jour, l’opération « Tolérance zéro » est un slogan creux comme
fini la récréation. Cette opération n’a aucun impact dans la vie
politique, sociale et judiciaire de notre pays. Détournements, vols et
autres abus continuent. La justice est à deux vitesses. Or, il n’y a
pas de nation sans justice. C’est elle qui élève une nation. Les
Congolais doivent construire leur justice s’ils veulent établir les
équilibres nécessaires à la construction et à l’élévation de leur pays.

4.Le budget de l’Etat pour l’exercice 2010 vient d’être adopté à l’Assemblée nationale. Qu’en dites-vous?

Le budget a été reçu et vient d’être voté à l’Assemblée nationale,
car c’est celui de la majorité au pouvoir qui ne peut se dédire. Mais
que représente-t-il pour un pays qui détient 45% des matières premières
découvertes jusqu’à ce jour dans le monde et 60% des produits qui font
tourner l’industrie mondiale ? En plus, ce budget est à moitié financé
par l’extérieur qui a aussi ses problèmes, avec la crise financière
internationale. Décidément, le Congo n’a pas de chance. Mais, la
Majorité au pouvoir doit faire attention.

5.Comment voyez-vous l’avenir du Congo et des Congolais?

Oui, à condition que ceux qui nous dirigent prennent conscience et
changent de direction et font participer le peuple à la gestion de la
chose publique. Pour cela, il faut un leader politique engagé et
déterminé. On doit faire des Congolais des sujets d’une destinée
choisie en commun et non des objets facilement manipulables. Non, si
les dirigeants laissent le Congo dans son état de proie, d’une jungle
qui marginalise le peuple et qui le voue lentement mais sûrement à la
disparition. L’avenir du Congo et des Congolais unis dépend de deux
choses. Premièrement, que le Soudan garde son unité après le referendum
d’avril prochain. Deuxièmement, que les Congolais ne s’émiettent pas
davantage au point de s’installer dans une situation de sauve qui peut.
La persistance de l’insécurité et de la guerre dans l’Est du pays,
c’est pour dépeupler la région et assurer son peuplement par ceux qui
pourront en revendiquer l’autonomie plus tard. Ce qui se passe au
Soudan nous concerne. L’avenir immédiat ou lointain du Congo et des
Congolais en dépend.

PROPOS RECUEILLIS PAR T.M.E.

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