31.12. 09 Le Potentiel – Ambassadeur de la Fédération de Russie, Anatoly Klimenko : «La coopération entre la Russie et l’Afrique a connu un développement important en 2009», par Ben clet kankonde dambu

Quel est, M. l’ambassadeur, le bilan 2009 de la coopération entre la Fédération de Russie et les pays d’Afrique ?

La coopération entre la Russie et les pays africains a connu cette
année un développement tout à fait important, lié particulièrement à la
visite du président Dmitry Medvedev au Nigéria (24 juin), en Namibie
(25-26 juin) et en Angola (26 juin). La tournée du chef de l’Etat,
accompagné par une importante délégation de personnalités politiques et
d’entrepreneurs, a marqué une nouvelle étape dans les relations
russo-africaines et témoigné de l’intérêt croissant de Moscou envers le
continent. Il en a résulté plusieurs projets économiques. Avec le
Nigeria, il y a eu l’accord de coopération entre le monopole russe
Gazprom et la Nigeria National Petroleum Corporation pour la
construction d’un gazoduc reliant l’Afrique à l’Europe via le Sahara et
la mer Méditerranée. Avec la Namibie, il y a eu des initiatives
conjointes dans les domaines de la prospection et de l’exploitation des
gisements, de l’énergie, du transport et du tourisme. En Angola, les
russes Vnesheconombank, Roseximbank et VTB ont signé un contrat
prévoyant l’octroi à Luanda d’un crédit d’exportation de 300 millions
USD pour la réalisation du projet de création du système angolais de
télécommunications par satellite, etc. Je suis persuadé que l’essentiel
de la stratégie russe en Afrique a été bien exprimé par le président,
qui a déclaré que notre politique à l’égard des pays africains doit
être amicale mais «hautement pragmatique».

En même temps, il est à souligner le volume toujours
croissant de l’aide humanitaire russe pour ce continent, la
participation de nos observateurs militaires et des policiers à de
nombreuses missions onusiennes du maintien de la paix, le rôle
important de Moscou en tant que membre permanent du Conseil de sécurité
de l’ONU dans l’élaboration de la position de la communauté
internationale sur des sujets internationaux, dont la plupart concerne
l’Afrique.

Où en sont les relations russo-congolaises ?

Des avancées significatives ont été réalisées. Pour le démontrer, il
suffit de rappeler la visite à Moscou, en avril, du ministre des
Affaires étrangères Alexis Thambwe Mwamba, à la tête d’une grande
délégation des responsables politiques et d’hommes d’affaires de la
RDC. C’était le tout premier séjour d’un chef de la diplomatie
congolaise en Russie. Le protocole des consultations politiques avait
été signé et son exécution a vu arriver à Kinshasa, en novembre, le
directeur du département Afrique au ministère russe des Affaires
étrangères. Les deux ministres se sont également entretenus à New York
en marge de la session actuelle de l’Assemblée générale. Cette année,
le nombre de bourses d’études gratuites offertes à Kinshasa a été
augmenté. Une aide humanitaire de 2 millions USD a été apprêtée à
travers le HCR. Le gouvernement russe a récemment décidé d’accorder à
la population congolaise 2 millions USD d’aide alimentaire via le PAM.
Il y a, malheureusement, le retard de notre coopération économique,
comparée à la coopération politique. Il y a pourtant des progrès avec
la tenue à Moscou du Forum d’affaires bilatéral dont la deuxième séance
est programmée à Kinshasa en mai prochain. Notons aussi l’ouverture à
Kinshasa de la Mining Bank of Congo et le commencement efficace des
activités d’une société mixte « ConRus » au Nord-Kivu. En même temps,
des efforts sont entrepris afin de doter l’interaction économique d’une
base normative et législative appropriée.

La Russie promet-elle la conclusion du nouveau traité russo-américain de réduction des armes straté-giques (START) ?

Effectivement. La préparation de ce nouveau traité est pratiquement
achevée. Lors du huitième volet de négociations à Genève, du 9 novembre
au 19 décembre), les délégations de deux pays ont réglé la plupart des
questions examinées ces derniers mois et réussi à harmoniser leurs
positions. Les pourparlers se poursuivront en janvier 2010. Il sied de
rappeler qu’en juillet dernier, les deux présidents ont déjà signé un
document établissant les limitations des armements censées servir de
base au nouveau traité, à 1500-1675 unités le nombre de charges et à
500-1100 celui de leurs vecteurs.
Comme l’a récemment déclaré à Tachkent le chef de notre diplomatie,
Sergueï Lavrov, «le traité prévoit des réductions radicales jamais vues
auparavant des armements stratégiques offensifs». Pour assurer
l’avancement efficace vers le monde sans armement nucléaire, il est
important pour Moscou de fixer dans le document le contexte actuel où
chaque Etat ne disposant pas d’armes nucléaires pourrait parvenir aux
mêmes buts par des armes non nucléaires modernes. En parlant de la
qualité du nouveau traité, il devrait être absolument novateur et
prévoir des mesures de contrôle symétriques.

L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie empoisonnent le climat des relations avec vos partenaires occidentaux. Quelle est la situation ?

Les deux républiques sont bel et bien en train d’être reconnues par
un nombre croissant des membres de la communauté internationale. Nauru
est récemment devenu le quatrième Etat à l’avoir fait après la Russie,
le Nicaragua et le Venezuela. Ces pas me paraissent sans alternative
après les événements d’août 2008, quand Tbilissi a lancé une offensive
inhumaine contre l’Ossétie du Sud en détruisant Tskhinvali, la
capitale, et tuant des centaines de civils et des soldats de paix
russes y déployés sous le mandant de l’ONU. Ce qui n’a laissé d’autre
choix à Moscou que d’y répondre par une riposte militaire destinée à
contraindre la Géorgie à la paix. La Russie salue également les
résultats de l’élection présidentielle le 12 décembre dernier en
Abkhasie, qui s’était déroulée dans un contexte de libre expression de
la volonté des électeurs et conformément aux critères électoraux, y
compris en présence d’observateurs internationaux. La confiance
accordée au leader abkhaz Sergueï Bagapch, qui l’a remportée avec
61,16% des suffrages exprimés, par l’ensemble du peuple témoigne du
soutien apporté par les citoyens de la République à la politique
d’édification d’un Etat de droit démocratique et indépendant, à la
politique de renforcement de sa sécurité. En même temps, nous ne
pouvons pas fermer les yeux sur la ligne de confrontation poursuivie
par des autorités de la Géorgie d’aujourd’hui. Le réarmement continu de
l’extérieur de forces géorgiennes dirigées par les politiciens
irresponsables est préoccupant et nous appelons tous ceux qui le
soutiennent à une grande prudence et sagesse.

Quelle est la position russe sur le récent Sommet de Copenhague ?

Le président Medvedev a réaffirmé la disposition de Moscou à
participer à un nouvel accord juridiquement contraignant sur le climat,
en soulignant que, même en l’absence d’un tel document, la Russie
réduirait ses émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes prêts à
fixer les engagements en matière d’émission, en assurant une réduction
cumulative inédite des rejets de gaz à effet de serre de plus de 30
milliards de tonnes entre 1990 et 2020. Ce qui correspond à une
diminution de 25% pendant cette période. D’ailleurs, la Russie en est
déjà le leader assumant la moitié de la réduction mondiale des rejets
depuis ses 20 dernières années. Le nouvel accord pourrait favoriser la
diffusion des technologies à faible émission de gaz nocifs et stimuler
les investissements dans les programmes écologiques à travers le monde,
c’est une chance réelle pour appliquer des technologies énergétiques
propres. Il doit nécessairement prendre en compte le rôle des forêts,
principaux absorbeurs de gaz à effet de serre, et est appelé à définir
des conditions acceptables de transfert de technologies de pointe aux
pays en voie de développement. Evoquant à Copenhague le rôle de l’Etat
dans la lutte contre le réchauffement planétaire, M. Medvedev a
souligné qu’il devait «stimuler les investisse-ments privés» en premier
lieu dans «les pays victimes des changements climatiques ». La Russie
est prête à prendre la part la plus active à toutes ces démarches et se
prononce pour l’élaboration prochaine d’une «feuille de route » afin de
rechercher un accord universel contraignant.

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