14.01.10 Le Potentiel: Cinq questions à Issa Hayatou

1. Comment avez vous vécu les événements de Cabinda ?

Nos frères togolais ont été attaqués en venant de Pointe noire à
Cabinda. Et il y a eu mort d’homme. C’est regrettable ce qui s’est
passé. La CAF a pris toutes les dispositions pour être aux côtés de la
délégation togolaise. Dans un premier temps, on a dépêché notre
vice-président. Nous étions en pleine réunion quand on nous a annoncé
ces événements tragiques. Tout de suite on a mis fin à la présentation
de M. Mamane à cette réunion pour pouvoir aller nous représenter à
Lubango auprès de la délégation togolaise. Le lendemain j’ai été reçu
par le Premier ministre angolais qui nous a dit qu’il y a eu dans la
nuit à 4h00 du matin de vendredi à samedi 2 morts et immédiatement nous
sommes partis à l’aéroport, on a pris l’avion pour aller à (Cabinda)…
auprès de la délégation togolaise. Nous les avons rencontrés et nous en
avons profité pour rencontrer les autres délégations car il y avait la
psychose de la peur. Vous savez dans des occasions de cette nature là,
la presse ne ménage aucun effort pour amplifier l’information. Il y
avait de vraies rumeurs, de fausses rumeurs. Tout cela a contribué à
amplifier la peur. Il fallait donc que le comité exécutif, que j’ai eu
l’honneur de conduire, se rende auprès de ces équipes pour les assurer
de notre soutien et surtout du renforcement du dispositif sécuritaire
que le gouvernement angolais entendait apporter à cette organisation
après le coup tragique que le Togo a eu…

2. N’était-il pas possible d’accéder à leur requête?

Non, la CAN, c’est un événement. Je ne voudrais pas nous jeter des
fleurs de brevet de satisfaction. Nous sommes l’une, sinon la seule
organisation en Afrique, qui tienne. Nous n’avons pas de subvention de
personne, nous volons de nos propres ailes. Nous respectons le
règlement. C’est pour cela que la CAF est debout. Si on commence à
faire des dérogations de cette nature parce que nous nous pensons qu’on
peut jouer, parce qu’il y a eu des événements plus tragiques dans le
monde, on n’a pas arrêté les événements pour autant. Souvenez-vous de
Munich, il y a eu le corps des Israéliens mais les événements ont
continué. A Paris, lors de la Coupe de la Confédération, M. Foé est
tombé et il est mort. Les événements ont continué et si on commence à
faire des dérogations, c’est très mauvais, la CAF risque d’avoir des
entorses. Et ça nous n’entendons pas le faire. C’est une institution
qui est suivie par l’ensemble des Africains et par l’ensemble du monde.
Et nous pensons, jusqu’à preuve du contraire, que le règlement de la
CAF nous protège. Il fallait tout faire pour pouvoir maintenir car une
CAN comme celle là: un mois, deux, trois à l’avance on a fait le
calendrier, les satellites sont réservés, tout est réservé. Nous ne
pouvons pas nous permettre de le faire d’une part, et d’autre part si
on accédait à la demande du Togo, vous êtes sûr que les trois autres
équipes vont accepter qu’on modifie le calendrier car elles se sont
préparées en conséquence. On peut dire à la Côte d’Ivoire qui a joué
hier contre le Burkina, vous allez jouer dans trois jours.

3. Le Premier ministre togolais a dit que la CAF n’avait pas présenté ses condoléances.

J’ai beaucoup de respect pour le Premier ministre du Togo, je n’ai
pas à lui répondre. Mais tout ce que je sais c’est que nous on a fait
tout ce qu’on peut faire. Et si c’était nécessaire on peut prouver
qu’on a tout fait. Mais c’est le Premier ministre d’un pays souverain.
Nous, nous traitons avec la fédération nationale. Je ne veux pas
répondre aux propos du Premier ministre. J’ai entendu ce qu’il a dit
mais je ne veux pas engager une quelconque polémique. Ni avec lui, ni
avec quelqu’un d’autre.

4. Est-ce que vous vous êtes suffisamment exprimé sur le sujet?

Pour s’exprimer on n’a pas besoin de prendre le micro. Tous les
communiqués que nous sortons là, c’est une façon de s’exprimer, c’est
une voie d’expression. Depuis le début de cette… cette crise, la CAF
quotidiennement a sorti des communiqués, des lettres.. On n’a pas
besoin de venir devant une caméra pour dire que la CAF s’est exprimée
avec tous ces communiqués que nous sortions. Et nous avons fait ce
qu’il fallait faire. Je vous ai décrit le scénario. Dès que nous avons
appris que l’équipe nationale du Togo avait été attaquée, nous avons
interrompu la réunion pour dépêcher notre premier vice-président auprès
de la délégation du Togo. Ça c’était le vendredi. Le vendredi ou le
jeudi je crois. Et le lendemain c’était le samedi je suis allé voir le
Premier ministre pour des problèmes de sécurité. Et c’est là, qu’on
nous apprend que les deux joueurs de la délégation du Togo sont morts à
4h00 du matin dans la nuit de vendredi à samedi. Et de là je ne suis
même pas revenu ici, nous sommes allés directement à l’aéroport prendre
l’avion. Je ne sais pas ce qu’on pouvait faire plus que ça.

5. Est-ce que le Togo était prévenu des risques de Cabinda ?

Nous avons tiré notre calendrier, nous attendions les équipes. Et
toutes les 15 équipes, la 16ème étant l’Angola, devaient dire au comité
d’organisation le moyen par lequel elles devaient venir ici… Ça c’est
avec le comité d’organisation local. Le gouverneur nous a décrit le
scénario de là-bas qui aurait dit qu’il leur a dit de ne pas venir par
route. J’ai dit qu’il aurait dit. C’est lui qui nous a dit de sa propre
bouche. Eux, ils ont dit qu’ils allaient venir par route, c’est leur
choix. Ils ont préféré venir par route et ce qui est arrivé est arrivé.
C’est malheureux, nous le regrettons mais il ne revenait pas à la CAF
de leur imposer une voie. Nous partageons leur douleur mais il ne
revient pas à la CAF d’imposer à une délégation de la confédération qui
doit venir à la CAN l’itinéraire, le choix, le jour de son arrivée dans
le pays d’accueil. C’est à eux de faire cela, de préparer leur voyage
et de nous informer.

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