17.01.10 AEM Enzo Ikah : « Honte aux médias congolais et à la Commission de censure aveuglés par l’argent », par Christian W. Diankabakana.

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Enzo Ikan est en studio pour l’enregistrement de son tout premier opus intitulé provisoirement Rainbow ray

AEM : C’est très surprenant de retrouver un artiste congolais évoluant en Turquie ?

E.I : Référez-vous à
l’histoire de la pomme qui tombe d’un arbre lorsqu’elle est mûre. Là où
les autres échouent, tu peux réussir. La Turquie n’est pas un monde à
part, j’ ai été dans plusieurs pays européens, la réalité est qu’ici la
musique reggae n’est pas très répandue mais n’oubliez surtout pas que
Istanbul est une ville cosmopolite et je suis le premier à avoir osé.

AEM : Vous étiez connu plus comme
parolier à Kinshasa où vos chansons ont été chantées par des grands de
la musique congolaise, pourquoi ce passage de l’écriture à
l’interprétation ?

E.I : Le métier d’un
parolier comme celui d’un écrivain en Afrique ne nourrit que l’esprit
mais pas le corps. Au regard de cette réalité j’ai préféré chanter mes
propres oeuvres.

AEM : Quels sont les principaux thèmes que vous développez dans vos chansons ? Et dans quelle langue chantez-vous ?

E.I : Je chante
l’injustice sociale, le vécu quotidien, le racisme ainsi que tous les
maux qui rongent la société partout dans le monde mais principalement
en Afrique. Je dénonce également la colonisation sous une forme
déguisée, la démocratie du plus fort… Je chante également l’amour, la
paix et contre les guerres.

AEM : Avez-vous déjà des œuvres sur le marché du disque ?

E.I : Je suis en studio pour l’enregistrement de mon premier opus intitulé provisoirement Rainbow ray
(red, black, white, yellow…One love for all let be together as one).
L’album contiendra des titres comme : Red black and white, Nalobite na
koloba, Rainbow, Ali baba, Marre, A lazy boy, No home, You see the sun…
Je chante en françaıs, en anglais et en lingala.

AEM : Quels sont les musiciens qui vous accompagnent ?

E.I : Je suis accompagné
par mon groupe nommé « Enzo Ikah Band », un ensemble cosmopolite
composé d’un Anglais, un Italien, une Autrichienne, un Suédois, un
Américain, un Français et trois Turques. Je suis le seul Black et
Congolais. On peut regarder les images de ce groupe sur myspace

AEM : Quelle est la couleur de votre reggae et quid de la rumba ?

E.I : Un mélange du reggae et de la musique africaine, c’est du dub reggae
car je refuse de demeurer dans le ghetto. J’essaye d’apporter une
nouvelle couleur à la mouvance reggae, de suivre le sillage de mes
préférences en l’occurrence mon père spirituel Alpha Blondy et le feu
Lucky Dube (Que son âme repose en paıx) mais aussi mon grand frère
Tiken Jah Fakoly. La rumba je la laısse aux
amoureux, j’ai choisi la musıque du peuple meurtri par l’injustice,
question d’essayer de lui redonner l’espoir de vivre. Retenez une
chose : « Si tu veux danser, il ya de bars et des discothèques partout,
maıs si tu veux réfléchir écoute le reggae ».

AEM : Aujourd’hui la musique congolaise est peu regardante sur le respect des mœurs, quelles solutions préconiseriez-vous ?

E.I : Honte aux médıas
congolaıs et à la commission de censure qui ne jouent pas du tout leur
rôle. Ils sont tous corrompus ! Je persiste et je signe : ıls sont tous
aveuglés par les bıllets de banque.
| Propos recueillis par Wilfrid Diankabakana (AEM)

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