19-01-10 CICR: Des milliers de kilomètres parcourus pour ramener des enfants à leurs proches
©ICRC
Le CICR organise aujourd'hui un vol spécial avec 42 enfants à bord. Qui sont ces enfants et pourquoi reviennent-ils par avion ?
Ce vol permet à des enfants en provenance de différentes régions du
pays de retrouver leur famille dans la province du Katanga. Et
inversement, d'autres enfants quittent le Katanga pour rejoindre leurs
proches à Mbuji Mayi, Kisangani, Isiro, Bukavu, Goma ou Kinshasa.
Certains d'entre eux étaient séparés de leur famille depuis plus de dix
ans.
La RDC est un pays grand comme l'Europe de l'Ouest. Recourir
à l'avion permet donc de surmonter des difficultés logistiques
immenses. Car à la saison des pluies, certaines routes sont
impraticables et des régions entières sont coupées du reste du pays.
L'avion fonctionne un peu comme un bus scolaire. Il effectue plusieurs
arrêts pour déposer les enfants dans les lieux de réunification et en
récupérer d'autres qui vont retrouver leurs proches à l'autre bout du
pays. Ainsi, avec un avion de seulement 19 sièges passagers, on peut en
une seule fois réunifier 40 à 50 enfants avec leur famille.
S'agit-il du premier vol de ce type ?
Non, loin de là. Le CICR organise ce genre de vols depuis plus de douze
ans maintenant en RDC. En 2009 par exemple, nous avions organisé quatre
opérations similaires : trois concernait le Katanga et une la province
de l'Équateur. Cette opération en Équateur, menée en août dernier,
était un peu spéciale. Le CICR n'est pas présent de manière permanente
dans cette province et cela a constitué un défi supplémentaire à
relever pour notre équipe, qui a du gérer le déroulement des opérations
à distance. Grâce à ce vol, huit filles et sept garçons âgés de deux à
16 ans ont pu rejoindre leur famille à Gbadolite, Bumba et Gemena.
Certains avaient été séparés de leurs proches alors qu'ils étaient
encore très jeunes.
Combien d'enfants ont retrouvé leur famille grâce à ces vols ?
Au total, 136 en 2009 et 42 autres aujourd'hui. Ces opérations
représentent à elles seules près de 20 % des réunifications familiales
réalisées par le CICR en RDC en 2009, ce qui est énorme. Il faut dire
que 2009 fut une année particulière : nous avons pu raccompagner plus
de 800 enfants auprès de leur famille, contre 358 en 2008. Soit près de
16 enfants par semaine, 16 sourires et 16 familles apaisées. Pourtant,
malgré la joie que nous ressentons au souvenir de tous ces enfants
croisés au cours des derniers mois, nous devons également penser aux
538 autres pour lesquels des recherches sont encore en cours.
Parmi ces vols, quel est celui qui vous a le plus marquée ?
Chacun de ces vols a été riche en émotion, en histoires personnelles,
mais également en stress. Je me souviens tout particulièrement du vol
spécial de Béni, dans le Nord-Kivu, à destination de Manono, dans le
Katanga. Nous avions à bord un enfant qui devait être ramené auprès de
sa maman, qu'il n'avait pas revue depuis des années. Impossible, durant
le vol, de joindre le volontaire de la Croix-Rouge de la RDC qui devait
l'accueillir ! Or, nous n'avons pas de bureau à Manono et l'avion
devait pouvoir déposer cet enfant et poursuivre son itinéraire. À
mesure que l'avion approchait de Manono, la tension montait. Le
téléphone vissé à l'oreille, nous étions désespérés à l'idée que cet
enfant allait être déçu et que la suite du vol allait peut-être être
perturbée. Nous avons finalement pu joindre sa mère directement et
c'est elle qui l'a accueilli à la descente de l'avion !
Quel est le principal défi à relever par les équipes du CICR en charge du programme ?
Certains lieux de réunification familiale se trouvent jusqu'à cinq
jours de route des bureaux du CICR les plus proches. Avoir des équipes
disséminées à travers le pays demande un effort de planification et de
coordination particulier. Lors du vol vers la province de l'Équateur
par exemple, deux de mes collègues n'ont quasiment jamais lâché leur
téléphone pendant deux semaines. L'avion parviendra-t-il ou non à se
poser ? Les volontaires seront-ils à l'aéroport ? Mais toutes ces
questions disparaissent à chaque avion qui parvient à atterrir sur une
piste improbable. Alors, après chaque opération réussie, nous pouvons
partager la joie de toutes ces familles que nous avons contribué à
réunir.