30.01.10 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Pierre Mutamba

 

1. En tant que coordonnateur adjoint du Comité
scientifique, pouvez-vous expliquer le contexte de la création du
Commissariat général du Cinquantenaire ?

Comme vous savez, tout anniversaire se fête. A chacun de donner le
sens qu’il veut à cet anniversaire. Mais il y a un trait commun aux
anniversaires tel que celui que nous allons célébrer qui est un jubilé
d’or. 50 ans dans la vie d’un homme ou d’un Etat est un moment
extraordinaire pour un questionnement, un positionnement et une
projection. Et ç’est justement ce que nous voulons faire.

2. Une telle célébration exige quand même beaucoup de
moyens que le pays n’a pas, particulièrement en moment de crise
internationale ?

Justement l’avantage d’avoir ces difficultés est que vous avez une
piste de solutions. Quand quelqu’un a des problèmes et qu’il ne sait pas
d’où viennent ces problèmes comment ils se présentent, il lui sera
difficile d’y trouver des solutions. Or nous, nous disons que notre pays
a des problèmes, que notre histoire est difficile et que notre passé
est douloureux… Aujourd’hui, nous disons que la célébration de cette
année jubilaire ne va pas nous servir que de fête. Bien au contraire
c’est une période que le chef de l’Etat a voulu qu’il soit un moment de
questionnement. Donc pendant une année, nous allons nous poser des
questions du genre : qu’est-ce qui s’est passé ? Où sommes-nous ?
Sommes-nous sur la bonne voie ? Devons-nous changer de voie ? Les gens
doivent se poser réellement des questions pour dire s’ils sont
réellement contents de leur état et comment faire pour changer leur
état. En réalité, nous sommes en train de préparer les 50 autres années
qui vont suivre. Qu’est-ce que nous allons léguer à ceux qui seront
vivants dans les prochains 50 ans. Et peut- être au 60ème anniversaire,
soit dans dix ans, nous ferons un autre bilan pour voir si les
résolutions que nous allons prendre à l’occasion du cinquantenaire nous
auront permis de faire un vrai bond vers le futur.

3. Ça ne sera pourtant pas la première fois que les
Congolais se questionnent sans succès?

Cela fera aussi partie des questionnements. Nous allons nous demander
pourquoi la Conférence nationale souveraine, les tables rondes, les
négociations et rencontres, le Dialogue inter congolais… n’ont pas pu
donner les résultats escomptés ? Aujourd’hui, la question est justement à
ce propos. A mon humble avis, si on ne réussissait pas, c’est parce que
les politiciens ne se mettaient pas à réfléchir pour trouver des
solutions en ayant des avis de la population. Mais aussi parce que les
gens ne cherchaient pas à savoir si le président, le premier ministre,
le ministre, le gouverneur a bien travaillé. Cette fois-ci, ce n’est pas
le cas. Nous voulons que les politiciens, les journalistes, les
médecins, les ONG, les enseignants, les infirmiers, les fonctionnaires…
tout le monde s’interroge sur lui, sur son bilan, sur son travail et non
sur ce que les autres ont fait. Que les gens se disent qu’est-ce que
nous avons fait ? Car le Congo ne devrait pas continuer, 50 ans après, à
dire que si ça ne va pas, c’est parce que les Belges nous avaient mal
colonisés. que c’est la faute de la Banque Mondiale. Nous devrons
désormais nous poser la question de savoir ce que nous avons et ce que
nous n’avons pas fait pour montrer que nous avons telle ou telle autre
richesse… Le questionnement est ici une autocritique et un point
d’arrêt à tous les niveaux. C’est pourquoi, le Commissariat général du
Cinquantenaire a été créé en dehors de tous les systèmes qui existent à
ce jour. Il est en dehors du gouvernement et même la Société civile.

4. Quelles sont alors ses missions?

Les missions assignées au Commissariat général du Cinquantenaire sont
de jeter les bases du développement futur de la République du Congo
dans tous les domaines, d’assurer l’organisation des manifestations
officielles relatives au cinquantenaire de l’indépendance du Congo, de
coordonner les initiatives publiques, privées et communautaires
relatives à la célébration du cinquantenaire et enfin, et c’est très
important, de reconstituer la mémoire collective du peuple congolais.

5. Quels sont les organes du Commissariat général du
Cinquantenaire ?

Le Commissariat général du Cinquantenaire comprend trois organes : le
Comité d’honneur composé du président de la République, du premier
ministre ainsi que de certaines personnalités congolaises ou étrangères
désignées par le chef de l’Etat. Il a pour mission de fixer les
orientations générales de la célébration du cinquantenaire de
l’indépendance nationale et d’en évaluer l’exécution par tous les autres
organes du Commissariat général du Cinquantenaire. Ensuite vient le
Comité scientifique, organe délibérant, chargé d’élaborer, de valider et
d’assurer le suivi du programme général des manifestations, Il est
composé d’un coordonnateur assisté d’un coordonnateur adjoint et de
membres. C’est ici que se fait le gros du travail, qui est enfin envoyé
au Comité exécutif ou d’initiative pour application. Celui-ci est chargé
de poser tous les actes matériels relatifs à l’organisation du
cinquantenaire, en exécution des orientations et options levées par le
Comité Scientifique. En réalité, compte tenu de l’impératif du temps qui
ne joue pas en notre faveur, nous travaillons tous ensemble, Comité
scientifique et Comité exécutif en attendant que l’un et l’autre organes
soient totalement composés. Mus par la même volonté de réussir, nous le
faisons dans un parfait esprit d’équipe.

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