16.02.10 Le Potentiel: Cinq questions à Michel Van Roten, par St. Augustin Kinienzi
1. Quel état des lieux dressez-vous du secteur touristique
en République démocratique du Congo ?
Je constate pour linstant quil ny a rien. Il y a des gorilles
quon peut visiter, Niragongo est jusque-là fermé malgré la situation
sécuritaire qui est en train de saméliorer. Je constate malheureusement
que les autorités sont mal informées ou elles négligent le secteur
touristique pourtant promis à un bel avenir. Donc, le secteur ne
fonctionne pas alors que le Congo regorge dun potentiel énorme. Et
selon des estimations, le Congo-Kinshasa peut drainer 6 à 10 millions de
touristes par an. Et si chaque touriste peut débourser entre 2000 et
2500 USD, imaginez quel investissement une telle activité entraînerait
pour le pays. Mais, personne ne sen occupe alors que le tourisme
représente un business important en RDC qui rapporterait beaucoup
dargent aussi bien pour lEtat que les femmes et les taximen qui
opèrent le long des routes.
2. Quelle politique peut être mise en place pour
revitaliser un secteur pourtant promis à un bel avenir ?
En tant quopérateur économique, ce que nous sommes en train de faire
participe de la promotion pour le pays, entretenir un site Internet,
interviewer nos partenaires qui sont des agences de voyage et surtout
opérateurs internationaux. Sur base de cela, nous enregistrons un vaste
mouvement dintérêt en faveur du Congo, car beaucoup sont intéressés par
les richesses touristiques qui sont au pays. Le seul goulot
détranglement à ce que nous faisons, cest limage du pays qui est très
négative à lextérieur. Pour beaucoup, quand on parle du
Congo-Kinshasa, on pense tout de suite aux guerres, au viol des femmes,
enfants-soldats, etc. Ils ne savent pas que la guerre est terminée et
que la RDC est un pays post-conflit et le gouvernement fait de son mieux
pour juguler cette insécurité. Et avec cet élan, jimagine bien que
cette insécurité créée par les FDLR et la LRA sera complètement jugulée.
Cest donc maintenant que nous devons déjà préparer lavenir. Et sur ce
point, le gouvernement a failli. Si sur le plan sécuritaire, on
progresse énormément ce que nest pas pourtant cas au plan commercial où
le pays a mauvais presse à lextérieur. Pour cela, le gouvernement doit
se lancer à promouvoir une image positive du pays, à linstar de la
Bralima qui fait chaque fois la promotion de sa Primus. Car le jour où
elle ne le fait pas, plus personne ne demande son produit. Le Congo est
connu comme un pays en guerre, tout le monde a peur. Je constate
malheureusement quaucune initiative, dans ce sens, est envisagée.
3. Dans quel cadre exercez-vous en RDC où, apprend-on, vous
organisez des randonnées touristiques entre Kinshasa et Kisangani ?
En RDC, nous exerçons dans le cadre dune SPRL dénommée Go Congo Tour
Operator. Pour ce qui est du fleuve, nous avons une baleinière qui fait
la navette, on fait la promotion, on accueille des touristes. Et nous
exerçons sur le tronçon Mbandaka-Lisala, Lisala-Kisangani et
Kisangani-Mbandaka. Avant, nous arrivions jusquà Kinshasa mais on
sest rendu compte que le tronçon Mbandaka-Kinshasa est moins rentable
sur le plan touristique. Dans la région de Mbandaka, on visite également
de petits villages à lintérieur de la brousse, à partir de Mbandaka
jusquau lac Tumba-Bikoro (…) et on rentre à Mbandaka. On le fait
aussi en pirogue, à partir de Mbandaka, on descend pour entrer dans le
lac Tumba puis remonter. GO Congo est aussi opérationnel dans le Nord et
le Sud-Kivu, la région de Kisangani, dans le Bas-Congo et surtout à
Kinshasa. Beaucoup de touristes sont intéressés à visiter Kinshasa, la
plus grande ville dAfrique qui va dépasser dans un avenir proche Le
Caire (Egypte). Car Kinshasa est en passe de devenir le plus grand
centre commercial de lAfrique central. Beaucoup de gens sont intéressés
à visiter à la fois Kinshasa et Brazzaville à la fois. Go Congo essaie
aussi de créer une activité au niveau de Lubumbashi (Katanga), seulement
les gens sont moins intéressés. On a deux parcs Kundelungu et Upemba,
mais les gens pensent plutôt aux mines et le reste ne les intéresse pas.
4. A quand remonte la création de Go Congo et pensez-vous
avoir fait le bon choix dinvestir en RD Congo?
Go Congo a été créé en 2002. Ce, après un constat des potentialités
touristiques du Congo depuis la 2ème République, mais nous navions pas
la possibilité dopérer sous Mobutu. Lespoir est né avec Mzee Kabila
mais les conflits nont pas permis léclosion de nos activités. Avec
larrivée de Joseph Kabila au trône, le dialogue quil a réussi à
instaurer, les activités de Go Congo ont été effectivement lancées en
2002. Au début, les choses nont pas marché comme souhaité. Il a fallu
attendre 2007, année où quelque chose a commencé. Aujourdhui, je suis
fier de vous dire que 2009 nous a permis de doubler notre chiffre
daffaires par rapport à 2008. Et je mattends à réaliser encore 50% en
2010.
5. Quelles difficultés rencontrez-vous dans lexercice de
vos activités ?
Honnêtement, nous ne rencontrons aucune difficulté. Les hautes
autorités du pays connaissent la valeur du tourisme. On raconte de
petites incompréhensions dans les petits villages dans larrière-pays,
avec un agent subalterne de la DGM ou de lANR né dans le village, qui
na aucune notion de tout ce qui se passe dans le pays. Mais, à un
échelon un peu plus élevé, il ny a aucun dérangement.
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