02.03.10 Le Potentiel: Cinq questions à Marcel Ngoyi

 

1. Après le remaniement ministériel, comment
entrevoyez-vous le climat politique au pays et les perspectives d’avenir
?

Le remaniement intervenu le 19 février donne aux analystes l’occasion
de penser que les missions assignées à ce gouvernement, dont le dossier
des élections, vont constituer un moment crucial de l’histoire de ce
pays. Un moment où l’on va faire le véritable test du système
d’alternance politique en RDC.
Il est vrai que ce remaniement laisse un goût d’inachevé parce que le
président de la République avait toujours parlé de 15 personnes. Je ne
sais pas si parmi les personnes nouvellement nommées il y a les 15 ou
quelques têtes qu’on peut qualifier de 15. Mais là, je note qu’il y a eu
quand même une volonté de réduire le train de vie de ceux qui dirigent
le pays, notamment les membres du gouvernement. Il y a eu une volonté de
s’adapter aux exigences du Fonds monétaire international, notamment
avec cet objectif consistant à se battre pour atteindre le point
d’achèvement. Mais il y a eu aussi, toujours pour ce gouvernement, la
mission de la poursuite de la reconstruction du pays à travers le vaste
programme dénommé Cinq chantiers.
Je pense, pour ma part, que le climat politique actuel favorise un
espoir. Espoir que demain ne sera pas moins qu’aujourd’hui. Espoir que
demain les choses peuvent changer positivement. Mais, il y a lieu de
dire qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’efforts à fournir, que ce soit du
côté de la Majorité ou de l’Opposition.

2. Qu’est-ce que vous laissez entendre par là ?

Du côté de la Majorité, c’est la révision des calculs. Il y a des
gens qui espéraient faire partie du gouvernement, mais qui n’ont pas été
retenus. Il y en a qui, peut-être, n’espéraient pas mais qui se sont
retrouvés. Donc, les calculs doivent changer.
Du côté de l’Opposition, c’est une réelle crise de leadership. Je ne
sais pas quand l’Opposition pourrait désigner son porte-parole. Les uns
rejettent la balle aux autres, et dans cette confusion, l’Opposition a
effectivement du mal à prendre ses vraies marques. Et pourtant, les
élections approchent. La Commission électorale indépendante en a déjà
donné des signes avant-coureurs avec la relance des opérations de
révision du fichier électoral.

3. Pourriez-vous faire un bref état des lieux de la
situation économique du pays ?

Au chapitre économique, je me réjouis de la nouvelle qui nous est
parvenue du Club de Paris. Ce dernier a levé l’option de réduire une
partie de ce qu’on peut appeler aujourd’hui endettement extérieur de la
RDC. L’accord porte sur 3 milliards de dollars dont 1 milliard 370
millions sont totalement annulés et 1 milliard 617 millions
rééchelonnés. Je crois que ces mesures qui ont été prises par les
créanciers de la RDC, à savoir le Club de Paris, pourraient permettre au
pays d’affecter les ressources auxquelles les partenaires ont renoncé à
des dépenses prioritaires bien identifiées dans le Document de
croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) et en même temps aussi
de rechercher auprès des partenaires non membres du Club de Paris un
traitement semblable de façon que les ressources auxquelles différents
partenaires pourraient renoncer servent à l’amélioration du social.
Mais, ceci ne suffit pas. Il y a encore des efforts à fournir parce que
pour atteindre le point d’achèvement, il faut qu’il y ait assainissement
de l’environnement macro-économique et amélioration du climat des
affaires. Ce qui suppose sécurité juridique et judiciaire des
investisseurs mais aussi sécurité des biens et des personnes à travers
toute l’étendue du pays.

4. Quels horizons dégagez-vous pour demain ?

Le climat économique ne peut s’améliorer que si, d’une part, au
niveau interne on maîtrise tous les paramètres macro-économiques
s’agissant de la politique de change, de la stabilité des prix ainsi que
de la réduction des dépenses dites de souveraineté.
Je note avec optimisme qu’il peut y avoir à l’horizon des perspectives
nouvelles. Si jamais on atteignait le point d’achèvement, on pourrait
encore améliorer la situation.
Il faut donc batailler dur. Puisque, même si l’on bénéficie d’un
allègement de la dette et que l’on continue à améliorer les paramètres
tout autour, il faudra aussi qu’on améliore la production. Dans tous les
cas, si on relance la production, il y a lieu d’espérer.

5. Neuf ans d’âge déjà pour le journal La Prospérité.
Qu’avez-vous de particulier à dire à onze mois de son dixième
anniversaire ?

A La Prospérité, nous pensons que c’est le moment de remercier ceux
qui ont cru en cette œuvre. Je vois tout le personnel qui, à un moment
comme à un autre, a œuvré à l’émergence d’un journal de qualité sur la
scène médiatique. Une scène qui était déjà minée.
Il faut dire qu’à la sortie du premier numéro, La Prospérité avait
trouvé un environnement où il y avait de grands journaux, vieux de
plusieurs années et qui avaient déjà fait leur nom. Il a fallu vraiment
beaucoup de courage, de ténacité et de détermination pour se frayer un
chemin.
Je parie que cela n’a pas été facile. Même aujourd’hui, c’est
extrêmement difficile.
Alors dans cet environnement, j’estime que, pour permettre à La
Prospérité d’atteindre certains de ses objectifs, il faut lancer un
appel aux partenaires. Il faut mobiliser le plus possible de gens de
bonne volonté comme cela a été le cas jusqu’aujourd’hui afin qu’ils nous
témoignent toujours de leur soutien indéfectible à travers les
publi-reportages réalisés, la publicité ; à travers l’achat même d’un
numéro du journal.
Je lance également un appel aux autorités du pays pour la simple et
bonne raison que la presse congolaise – comme partout ailleurs – doit
bénéficier de ce qu’on appelle subventions. La mission que nous assumons
est une mission publique. C’est à ce titre que la loi fait obligation à
l’Etat de pouvoir soutenir la presse congolaise. Et à ce sujet, je
lance un appel au président de la République qui, plus d’une fois, avait
promis de concrétiser sa promesse de subvention en faveur de la presse.

Je joins donc ma voix à celles des autres confrères pour dire au
président de la République, au premier ministre que la promesse a trop
duré. Jusqu’ici, aucun sou n’est tombé dans l’escarcelle des
professionnels de médias. Peut-on espérer que, dans le cadre du budget
2010, la promesse sera tenue ?

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