04.03.10 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Lucien Bussa, par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. Vous revenez de Budjala (Equateur), votre fief
électoral. Faites en l’état des lieux après vos vacances parlementaires.

Rien, mais alors rien n’a positivement changé depuis les dernières
élections de 2006. Bien au contraire, la situation sécuritaire,
économique, sociale et politique devient plus qu’inquiétante. On compte
beaucoup de conflits de nature économique et social qui débouche sur
des tueries, incendies des villages, occupations illégales des
propriétés foncières, etc. et créent des problèmes humanitaires non
solutionnés ; jetant ainsi au bord de la route des centaines de
milliers de personnes vivant dans l’extrême pauvreté.

Le mode de production est resté le même. Ce sont des méthodes
culturales archaïques compatibles aux besoins de subsistance. Le degré
d’enclavement s’est accentué avec la dégradation de l’état des routes,
digues, ponts et bacs. Le chômage a atteint des niveaux insoupçonnés et
la plupart des fonctionnaires sont payés si non très irrégulièrement
impayés exposant aussi ceux qui travaillent à la précarité la plu
abjecte. Les élèves, étudiants et malades n’ont ni infrastructures ni
logistique. La situation sociale est déplorable.

2. Est-ce à dire que les 5 chantiers sont inconnus dans
cette partie de la République ?

C’est bien vrai et très vrai. C’est le cas des routes. Pour couvrir
une distance de 100 km, il faudra 6 heures pendant la saison sèche.
Qu’adviendrait-il pendant la saison de pluie ? Que dire du « chantier
eau » qui n’existe pas dans mon territoire. Cela a pour conséquence la
résurgence des maladies hydriques. Dans le domaine de la santé, l’état
reste stationnaire si pas régressif par manque de produits
pharmaceutiques. La population effectue souvent de longues distances
pour des soins de qualité dans les centres de santé où l’on se
débrouille avec les moyens du bord. En ce qui concerne l’éducation, les
bâtiments scolaires sont en état de délabrement avancé, les écoles sont
dépourvus de bancs, pas de fournitures scolaires ni de programme
scolaire approprié. Les tableaux noirs sont souvent ignorés. Les
enseignants ne sont pas mécanisés et impayés depuis 3 ou 4 ans. Les
rares salaires des enseignants sont payés en retard. Pendant que la
plupart des écoles ne sont pas mécanisées. Une situation qui encourage
les initiatives privées des élus qui ouvrent des écoles. Bref, la main
de l’Etat n’est pas visible dans ce territoire depuis 2006.

3. Comment le MLC se prépare-t-il aux prochaines échéances
électorales ? Que dire de cette campagne de sensibilisation qui se
déroule à Kinshasa ?

Le MLC est un parti politique républicain et démocratique. Il s’est
inscrit dans la logique de la conquête du pouvoir par les voies
démocratiques. Le MLC est aussi conscient qu’elle a un rôle important à
jouer au sein de l’Opposition et il est le parti sur lequel la
population compte pour effectuer le changement politique dans le pays.
Le MLC est disposer à affronter les prochaines élections et nous
voulons aligner les candidats à tous les niveaux et voir grand. Nous
souhaitons également qu’il y ait des élections au niveau des entités
territoriales décentralisées.

Par ailleurs cette tournée à travers Kinshasa dont le dernier
meeting s’est tenu au stade Vélodrome de Kintambo n’a pas une
signification particulière. Le MLC est un parti qui a l’encrage
populaire et se dit prêt à affronter les échéances électorales à tous
les niveaux.

4. Apparemment l’Opposition congolaise institutionnelle va
se présenter en ordre dispersé lors de prochaines élections. Qu’en
dites-vous ?

A mon avis, la démocratie égale à l’unanimité d’une part. Et d’autre
part, la vision que j’ai de l’avenir à court et à moyen termes, c’est
que nous devons savoir au sein des partis politiques de l’opposition
ce que nous voulons. Est-ce que nous voulons réaliser l’alternative
politique en 2011 ? Nous devons, au niveau de l’opposition composée d’au
moins une dizaine de partis politiques, nous organiser pour élire un
président de la République et la majorité des députés nationaux,
provinciales et des élus locaux qui sortiront de l’opposition politique
pour que nous ayons la majorité parlementaire. C’est cela le vrai débat
! Si tout ce qui se fait dans l’opposition permet de réaliser cet
objectif à moyen terme avec efficacité, nous pouvons dire que
l’opposition politique a gagné son pari.

Cela apportera la pierre dans l’édifice sur la question du
porte-parole de l’opposition politique institutionnelle.

5. Où en est-on avec le dossier de Jean-Pierre Bemba ?

Le MLC est conscient que son président, Jean-Pierre Bemba qui est
victime de la machination politique va être relâché. Le dernier
rebondissement de l’affaire à la CPI avec l’introduction de la requête
en contestation de ses avocats qui se sont attaqués clairement à
l’implication politique des représentants des Etats de la République
Centrafricaine et de la République démocratique du Congo. C’est un
dossier politique et nous attendons les réactions de la CPI pour statuer
sur cet aspect de l’affaire afin de connaître la suite. Car dans le
système démocratique tout doit se régler à travers les élections et pas
grâce aux instances judicaires.

Les avocats de notre président, Jean-Pierre Bemba ont été clair
et leurs avis doivent être examinés avant la poursuite du procès dont
le déroulement ne sera pas perturbé.

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