13.03.10 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS à Philomène Mukendi

 

1. Comment jugez-vous le déroulement de la journée de la femme
célébrée, le 8 mars 2010 à Kinshasa ?

Cette journée s’est déroulée dans de très bonnes
conditions. Il faut souligner que cette fois-ci, il y avait une forte
mobilisation des femmes. Le défilé a même pris plus de temps que prévu.
Il est allé de 10 heures jusqu’à 17 heures alors que sa fin, selon le
programme, était prévue à 15h00’. Cela parce que les femmes, composées
de maraîchères, vendeuses, enseignantes, politiques … et venues de tous
les coins de Kinshasa, ont démontré comment elles sont engagées
actuellement. Il faut signaler que cette journée – dont les thèmes
national et international sont intitulés respectivement « Le progrès
pour tous par la parité homme-femme dans un Congo cinquantenaire » et «
L’égalité des droits, égalité des chances : un progrès pour tous » –
était programmée comme une date de plaidoyer pour non seulement
revendiquer nos droits, mais aussi montrer la visibilité des forces
vives féminines de la République démocratique du Congo.

2. Quelles sont, d’après-vous, les raisons de cette
forte mobilisation ?

Pour cette mobilisation particulière de 2010, nous
avons noté que la femme a compris et a pris conscience de sa situation.
Elle commence à croire à ses capacités et ne se fie plus à ce que l’on
raconte à son sujet, notamment : « Mwasi atongaka mboka te ! » (NDLR : «
Une femme ne peut construire un pays »!). Cette manifestation s’est
inspirée sûrement des exploits de femmes par le passé, à l’instar de
celle de la socialiste allemande Klara Zetkin qui organisa, pour la
toute première fois, la Journée internationale de la femme (Iwd). La
femme congolaise a compris finalement qu’elle peut aussi, à l’instar de
l’homme, apporter sa pierre à l’édification de ce beau et grand pays
qu’est la République démocratique du Congo.

3. Comment la parité homme-femme peut-elle
devenir une réalité en RDC ?

C’est comme un bébé qui vient de
naître. Il doit prendre le lait et sévrer. Il y a tout un processus à
faire. Il faudrait que nos partenaires hommes puissent croire aux
capacités de la femme et comprendre qu’ils doivent œuvrer avec leurs
partenaires femmes. Les Nations unies prônent actuellement l’approche
Genre dans ce qu’elles font. Cette approche voudrait simplement dire que
si vous voulez développer un pays, il faudrait faire un travail
conjugué d’un homme et d’une femme. Même quand il s’agit aussi d’une
œuvre de femme, il va falloir la présence d’un homme à côté. C’est le
cas dans nos foyers. Pour que ceux-ci puissent bien marcher, la présence
de papa et de la maman est nécessaire.

4. Quels sont les défis à relever pour
assurer la participation effective de la femme dans la gestion de la
chose publique ?

Les défis à rélever sont multiples.
Ils sont pour la plupart d’ordre culturel ou traditionnel. Au-delà,
c’est le combat de la femme elle-même qui doit prendre conscience de sa
condition. D’où, elle doit s’engager puisque l’on remarque que d’autres
femmes ne prennent toujours pas conscience. A titre d’illustration,
quelques femmes croient que la parité est une lutte au niveau des
foyers. Or, le combat est au niveau intellectuel et de la société où
elle doit faire un effort pour diriger et être au cœur de la prise de
décisions dans les affaires publiques. Si une femme arrive à prendre
conscience et à s’engager, elle relèvera plusieurs défis culturels dans
notre société, notamment ceux liés à la stigmatisation de la femme. Nous
appelons aussi les hommes à cesser de réduire les femmes au simple rôle
de ménagères au foyer. Comme cela se fait partout ailleurs, la femme de
la RDC doit aussi prester dans les bureaux, les centres de recherche et
les comités de gestion de grandes entreprises, etc.

5. Avez-vous des conseils à
prodiguer à la femme congolaise?

La femme congolaise doit
prendre conscience et s’engager dans le combat de la promotion de la
parité. Il faut qu’elle prenne conscience du pouvoir qu’elle détient.
Elle doit savoir que nous constituons aussi un pouvoir. La femme doit
s’affirmer dans la société en garantissant son indépendance et ne doit
pas se laisser manipuler par qui que ce soit. Recevant un groupe de
femmes en 2004, le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, président de
la République, a eu à le reconnaître en ces termes : «La femme doit
garantir son indépendance en toute circonstance en refusant d’être
utilisée comme pion dans les jeux politiques». Cela résume presque le
sens de toute la lutte que doit mener la femme congolaise actuellement.
Pour clore, nous voudrions rappeler à la femme que la parité n’est pas
une faveur que les hommes accordent aux femmes, mais bien un droit pour
nous tous. Raison pour laquelle, la femme doit démontrer de quoi elle
est capable pour accéder à un poste et non pas l’acquérir grâce à sa
beauté.

PROPOS RECUEILLIS PAR A.N.

 

 

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