15.03.10 L'Observateur – Le député Puela: " L'AMP fait commettre des erreurs au chef de l'Etat "
L'Observateur : Vous êtes à la tête
d'un courant dit " rénovateur ". Avec qui êtes-vous et pour quelle
finalité ?
Honorable Puela : Un grand penseur a dit que
chaque génération a le choix entre jouer effectivement son rôle ou
trahir. Et moi, je pense que je suis dans la première hypothèse, celle
de jouer le rôle pour l'avènement d'un pays plus beau qu'avant comme
l'avait confessé les pères de l'Indépendance de notre pays. Nous sommes
là à la tête d'un courant dit rénovateur, mais courant, il faut
comprendre par un mouvement des pensées…qui refuse la médiocrité qui
gangrène la gestion de la chose publique particulièrement au sein de
l'Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) où nous avons constaté
que la plupart de ceux qui sont là ne facilitent pas la tâche à celui
qui a fédéré toutes les forces pour l'aider à accéder au pouvoir, à se
maintenir et à conserver ce pouvoir ; je parle du Chef de l'Etat… Dans
notre mouvement, nous avons commencé à trois en dehors desquels treize
députés se sont joints à nous au départ, toutes tendances confondues. Et
les soutiens, nous les avons de tous les partis politiques y compris le
PPRD…
L'Honorable Fabrice Puela ne peut plus
engager l'ARC, son parti politique, qui s'est finalement désolidarisé
de sa personne. Qu'êtes-vous devenu ?
Je suis député national, élu de la ville de
Matadi… Je n'ai pas besoin d'engager l'ARC dans la mesure où mes
électeurs ont élu Me Puela et non l'ARC…
Peut-on continuer à croire en votre
combat politique au sein du courant rénovateur. Peut-on connaître sa
situation actuelle et savoir si le nombre de 125 signataires a été
atteint?
Tous les membres du courant rénovateur n'ont
pas encore apposé la signature sur la motion de censure que nous
préparons contre le Premier ministre. Nous ne l'avons pas mis en avant,
tout simplement parce que nous étions en session extraordinaire qui veut
que l'on ne traite que des sujets prévus à l'ordre du jour. Mais dans
une session ordinaire, on peut faire figurer à l'ordre du jour de
nouveaux sujets, et c'est modifiable à souhait, les matières qui se
présentent. Donc nous pensons que le nombre que nous avons, c'est déjà
largement au delà de 150… Nous tenons bon ; ça fait bientôt trois mois,
jour pour jour, depuis que nous avons mis sur pied le courant
rénovateur. Nous faisons l'objet de beaucoup de menaces et
d'intimidations, mais cela vient d'ailleurs nous renforcer dans notre
position, dans notre combat.
Le gouvernement Muzito vient d'être
remanié. N'est-ce pas que vous êtes satisfait ?
Non ! Bien au contraire, je ne suis pas
satisfait… Vous savez, vous pouvez prendre des wagons neufs que vous
collez dans une locomotive dont le moteur est grippé. Qu'est-ce que vous
allez attendre d'un tel train ? Rien du tout. C'est le Premier ministre
qui aura largement démontré ses insuffisances et son immobilisme qu'il
fallait faire partir pour qu'il y ait un réel changement, qu'il y ait un
autre dynamisme…L'AMP doit être repensée parce que nous estimons qu'à
l'AMP, on escamote les débats ; on ne traite pas les sujets de fond tels
que : quelle est l'opportunité de l'intervention d'un ministre de
l'Intérieur dans les affaires d'une Assemblée provinciale ? Le ministre
de l'Intérieur se trompe d'époque ; il pense que nous sommes encore à un
moment où il avait une tutelle sur les provinces alors que ce n'est pas
le cas. Le débat de fond c'est comme : quelle l'opportunité de faire un
assainissement dans les régies financières ? Faire partir 7.000
personnes. En RDC, la retraite est devenue une sanction… Pourquoi
révoquer plusieurs milliers de pères de familles sans qu'il y ait une
action disciplinaire ouverte et clôturée ? Pourquoi on doit faire
commettre des erreurs au chef de l'Etat ?…
Vous êtes de l'AMP, mais comment vous
critiquez le gouvernement ? Pour quelles ambitions ?
La seule ambition que j'ai, et la plus
légitime pour tout Congolais, c'est de voir le pays être dirigé suivant
les principes les plus élémentaires de la bonne gouvernance, de la
démocratie et du respect des règles établies. L'AMP, ce grand
conglomérat de plusieurs opportunistes qui se sont regroupés tout
simplement pour avoir chacun sa part de gâteau mais sans jouer le rôle
que le peuple est en droit d'attendre ; là dedans, vous avez des
unitaristes, des fédéralistes confondus, des libéraux, des capitalistes,
des communistes sans idéal clairement défini… On fait commettre des
erreurs au chef de l'Etat…
Votre dernier mot
C'est d'appeler le peuple congolais à
la vigilance. Le Congo nous appartient… Chacun doit s'impliquer pour
que nous ayons un pays plus beau qu'avant… Si le Chef de l'Etat est au
sommet, nous devons tous le soutenir en commençant par l'Assemblée
nationale. On ne va pas le soutenir au niveau de l'Assemblée nationale
en étant complaisant, complice de l'immobilisme ; en n'organisant pas
bien le travail ; en refusant de sanctionner ; en devenant une caisse de
résonance ou une chambre d'enregistrement au lieu d'être cette grande
Institution pivot devant impulser la vie nationale et toutes les
institutions. Je pense que tous ceux qui nous condamnent doivent se
remettre en cause parce que nous ne disons rien de faux. Notre seul
souci c'est de voir le pays avancer et non reculer.
Propos recueillis par Charles
Nguvulu