01.04.10 Le Potentiel / Cinq questions à Martin Fayulu Madidi
1. Depuis la tenue le 20 mars 2010 de la réunion
interinstitutionnelle, lon parle de plus en plus, de la révision
constitutionnelle en RDC. Quel est votre avis à ce sujet?
La Constitution a prévu des mécanismes de sa révision. La raison est
simple : cest une œuvre humaine qui est par définition perfectible. La
Constitution de la RDC dit clairement dans son exposé des motifs, mais
aussi à son article 220, quil y a des dispositions à ne pas modifier.
Cest le cas notamment des dispositions relatives au nombre et à la
durée des mandats du président de la République. Il me semble que cinq
ou dix ans, cest amplement suffisant. Tout homme atteint son niveau
dincompétence à un moment donné. Cest fini le temps où lon faisait 32
ans au pouvoir. En cinq ans, il faut montrer à la population de quoi
vous êtes capable. Ce nest quaprès que cette même population pourra
vous renouveler sa confiance. Nous devons cesser de croire quil y a des
hommes providentiels.
2. Les acteurs politiques au pouvoir pourraient rétorquer
que le phénomène a commencé sous le régime Mobutu…
Je citerai un cas seulement. M. Gilbert Tshiongo, lactuel ministre
de lEnergie, nétait-il pas le PDG très respecté de la Régie de
distribution deau (Regideso) sous le régime Mobutu ? Je ne fais pas
lapologie de lancien régime. Je voudrais simplement vous dire que
lorsque jai terminé mes études en France, la Regideso, dirigée alors
par lactuel ministre de lEnergie, était portée en haute estime par les
dirigeants de la Lyonnaise des eaux. Il en est de même de la Société
nationale délectricité (Snel). Que sont-elles devenues aujourdhui?
3. Le gouvernement congolais sollicite le départ de la
Monuc. Quen dites-vous?
La mission dobservation des Nations unies au Congo (Monuc)
partira un jour. Je ne pense pas que ce départ doit avoir lieu
maintenant. Notre pays a encore besoin de la logistique de la Monuc
comme ce fut le cas lors des élections de 2006. La Monuc doit, par
ailleurs, garantir les conditions minimales de sécurité à tous les
candidats devant battre campagne aux quatre coins de la République. A
mon avis, les forces onusiennes doivent rester au Congo durant une
période dau moins une année après linstallation des institutions
issues des urnes. Pourquoi na-t-on pas exigé le départ de la Monuc hier
? Et pourtant, les problèmes du pays sont loin dêtre résolus.
Aujourdhui, le Congo continue à être secoué par la violence faite aux
femmes ; les partis politiques ne parviennent pas à jouir despace de
liberté pour sexprimer librement. Cela près de quatre années après les
scrutins de 2006, on assiste à des restrictions des libertés. Comment
donc dans ces conditions, peut-on demander le départ de la Monuc ?
4. Que répondriez-vous à ceux qui soutiennent que depuis
linstallation officielle des Assemblées provinciales, les questions
relatives aux finances dominent les activités parlementaires ?
De quoi voulez-vous quon parle ? Largent reste une question
cruciale. La corruption sévit tant au niveau provincial que national.
5. La réfection de grandes artères de la capitale
constitue-t-elle une priorité actuellement?
Les infrastructures constituent, sans conteste, une priorité. Si, en
revanche, vous me posez la question de savoir si la réfection ou la
modernisation des boulevards du 30 juin et Lumumba et celle des avenues
des Huileries et de Libération était une priorité, ma réponse est : non!
Les priorités sont ailleurs. A ce jour, mes collègues et moi ne savons
rien de ce qui se fait sur ses artères de la capitale. Même si certains
travaux sont effectués sous limpulsion du gouvernement central, jai du
mal à comprendre que la question nait jamais fait lobjet dun débat
au sein de lAssemblée provinciale de Kinshasa. Jai dit que les
priorités sont ailleurs. Il y a des avenues dont la réfection paraît
plus quutile pour décongestionner la capitale. Cest le cas, notamment
de lavenue Kulumba qui va de Kingabwa-Poids lourds jusquau quartier
III à Masina. La réfection de cette artère aurait permis à la capitale
de senrichir de deux accès dans sa partie orientale. On peut citer
également lavenue Kasa-Vubu à partir de Ngiri-Ngiri et Kimbangu, cest
lavenue Elengesa qui aboutit sur By-Pass. Il en est de même de lavenue
Kikwit qui part de léchangeur de Limete pour sortir entre Ngaba et
camp Mombele, via les avenues Elengesa et Libération. Jai soulevé le
débat à lAssemblée provinciale en demandant au gouverneur dexpliquer
le sort réservé au Plan général daménagement de la ville de Kinshasa et
la nature des travaux effectués sur le Boulevard du 30 juin. Je
considère, pour ma part, que ces travaux effectués ne constituent que du
« tape lœil ». Ce sont des travaux inutiles. Allonger la largeur du
boulevard est une chose, lentretenir en est une autre.
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