02.04.10 Le Potentiel: Cinq questions à Barthélemy Mukenge Shabantu (*), par Stephane Etinga

 

1. Durant votre séjour à Kinshasa, vous avez été reçu en
audience par le Commissaire général chargé du cinquantenaire. De quoi
avez-vous parlé ?

J’ai profité de mon séjour privé pour m’entretenir avec le
Commissaire général chargé du cinquantenaire parce que je suis l’un des
hommes les plus intéressés par cette fête anniversaire des cinquante ans
de l’accession de notre pays à l’indépendance. Car parmi les
gouverneurs de province de 1960, je suis le tout premier gouverneur du
Kasaï. J’ai beaucoup travaillé pour notre pays au Kasaï et ailleurs. Je
suis un rescapé parce que tous mes collègues et amis sont déjà morts.
Dieu m’a fait grâce. C’est ainsi que j’ai été voir le général Denis
Kalume, le n° 1 du cinquantenaire afin de demander de l’aide. J’ai
aujourd’hui 85 ans, c’est dire que j’avais été nommé gouverneur en 1960 à
l’âge de 35 ans. J’ai tenu à savoir ce que l’on compte faire pour moi.
Il m’a bien reçu et a promis de me décorer à l’occasion des festivités
du cinquantenaire. Et pour le reste, on verra.

2. Quel est le bon souvenir que vous gardez de ces cinquante
ans d’indépendance de la RDC?

Pour moi, le plus grand souvenir que je garde de toutes ces années,
c’est l’unité du pays, unité dont tous les Congolais ont besoin jusqu’à
ce jour. Il faut donc que tous, nous soyons dans un même Etat et que
nous puissions travailler ensemble pour notre développement et celui de
la RDC. Ainsi, chacun va vivre à l’aise et en sécurité. Cela ne signifie
nullement que je suis contre le découpage territorial, mais la
configuration du pays doit se faire dans un Congo uni et fort. C’est une
réalité parce que comme vous le savez bien, l’Est du pays a failli être
balkanisé. Et nous tous comme un seul homme nous sommes contre toute
idée de balkanisation. Nous voulons un Congo uni, un Etat de droit et
démocratique.

3. Vous avez été président de l’Association Lulua et Frères.
Aujourd’hui, il existe l’Union culturelle Lulua et Frères. Comment
expliquez-vous cette évolution ?

Il y a une nette distinction entre la première et la deuxième
appellation parce que les objectifs et les circonstances ne sont plus
les mêmes. Moi, j’ai présidé une association qui a progressé et évolué
dans la recherche de l’unité, de la solidarité sur tous les plans. Mais
l’objectif poursuivi par Union aujourd’hui est la promotion et le
développement de la culture des peuples Lulua et ses Frères. La culture
sauve les peuples, dit-on. Car le peuple sans culture est sauvage. Les
responsables actuels de l’Union culturelles Lulua et Frères sont donc
conscients de l’importance de la culture pour un peuple. Ils ont décidé
de se mettre ensemble afin de réfléchir et trouver les voies et moyens
susceptibles de résoudre certains problèmes de la province selon la
culture des uns et des autres. On doit les féliciter et les encourager.

4.Quelle est votre analyse de la politique de cinq chantiers
de République et comment les travaux avancent sur le terrain à Kananga ?

Je suis très heureux de cette politique et je peux vous dire
que nous, à Kananga, nous sommes gâtés. Je suis vraiment très
reconnaissant comme tous les habitants de Kananga envers le président de
la République, Joseph Kabila. Souvenez-vous que pendant cinquante ans
d’indépendance, la population a toujours vécu dans l’obscurité malgré le
barrage d’Inga. Mais lors de son séjour à Kananga à l’occasion de la
célébration du 48ème anniversaire de notre indépendance, Joseph Kabila a
promis du courant électrique aux filles et fils du Kasaï Occidental
voire du Grand Kasaï. Pendant que je vous parle, les contrats sont déjà
signés entre notre pays et l’Inde pour la construction du barrage
hydroélectrique de Katende. Le gouverneur de province, Trésor Kapuku est
toujours sur le terrain, veillant à la construction de la route sur
laquelle doivent passer les gros engins parce qu’il n’existe pas de
ponts capables de supporter le poids de tous les équipements. Ce barrage
est une réalisation très importante pour le développement de tous les
secteurs de la vie dans notre province. Aussitôt l’électricité lancée,
nous connaîtrons un grand engouement chez nous à l’instar de Kinshasa et
de Lubumbashi. Nous avons aussi un concasseur qui est installé à la
commune de la Nganza et qui a été payé avec les fonds de la province.
Cette machine importante est en mouvement pour fournir des caillasses
qui serviront à l’asphaltage des routes à Kananga. Le chemin de fer aura
aussi les pierres nécessaires pour sa réhabilitation, sans oublier
également d’autres travaux de construction qui exigent des pierres. Par
ailleurs, la réhabilitation de la route Ilebo-Kananga et Kananga
Tshikapa est en cours. Nous avons reçu du gouvernement des tracteurs
afin d’aider à la culture, notamment, du manioc. Le prix de cette denrée
est passé de 3500 Fc le bol il y a trois ans à 450 ou 500 Fc le bol, à
la satisfaction de tous. Et il y a espoir que ce prix pourra encore
baissé. Bref, à Kananga on est dans la fièvre de cinq chantiers.

5. Malgré vos 85 ans, je vous vois en très bonne santé
physique. Quel est votre secret ?

C’est la bénédiction de Dieu, car tout lui appartient. Mais, je crois
aussi qu’il faut vivre intelligemment. Nous, les Noirs, nous voulons
nous marier à plusieurs femmes. Moi, depuis mon jeune âge je n’ai qu’une
seule femme. Je travaille la terre avec mes mains. Je marche à pied ou à
défaut je suis à vélo. Il faut une certaine discipline de vie. Je
faisais 15 km à pied une fois par mois à travers les communes de
Kananga. Avant de me laver chaque matin, je fais une petite gymnastique
pendant 15 minutes. Je me réveille toujours à 5h30. On dit que la table
tue. Après 40 ans, il faut diminuer l’excès de table : manger lorsqu’on a
faim pour éviter de trop charger le ventre.

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