12.04.10 Le Potentiel CINQ QUESTIONS à Tshimpanga Matala Kabangu, par St. Augustin Kinienzi

1. Quel est l’état de santé du
Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) à quelques mois des
échéances électorales de 2011.

Le RCD se porte très bien. Certes, il y a quelques mois, notre parti a
expérimenté des turbulences que je ne voudrais pas évoquer ici dès lors
que j’inscris ces difficultés vécues à l’agenda du passé. J’envisage
l’avenir du parti avec beaucoup d’optimisme et de conquête. La politique
doit se faire et se mener sur base des convictions fondées et forgées à
partir de certains idéaux que l’on cherche à faire triompher pour le
progrès de toute la société, et non sur des intérêts égoïstes qui
provoquent des fissures et rompent la cohésion. C’est ce qui est arrivé
au parti. Le RCD a lutté pour le triomphe des libertés, de la justice
pour tous. Bref, pour un Etat de droit. Ceci fait partie de son credo.
Et tous ceux qui militent dans ce parti se reconnaissent dans cette
profonde conviction et ont scellé à jamais l’union. Le Parti se porte
très bien. Le leadership a eu l’habileté de rétablir l’ordre en son sein
et l’ingéniosité de le restructurer afin de lui redonner une nouvelle
cohésion nécessaire pour affronter les échéances électorales que vous
évoquez.

2. Une certaine opinion reproche au RCD d’être éloigné de la
base et de se contenter des discours à la radio et à la télévision.
Qu’en dites vous?

Ceux qui profèrent ce genre des propos sont ceux-là mêmes qui ont
juré de travailler à contre-courant pour saper les bases du parti. Le
RCD a des structures de base bien implantées dans des contrées même
éloignées de la capitale, lesquelles devraient s’occuper de
l’encadrement de ses militants et de leur réarmement moral. Il est vrai
que toutes ses structures voudraient recevoir en visite et de manière
régulière le président du parti pour des contacts directs avec les
militants, des entretiens sans intermédiation et des échanges pour
affûter de nouvelles stratégies. Nous en sommes tous conscients et cela
n’est pas exclu dans le nouvel agenda que s’est fixé le leadership du
Parti. Tout vient à son temps.

3. L’actualité est focalisée sur la révision de la
Constitution, pouvant porter sur les matières contenues dans l’article
220, pourtant constitutionnellement non révisables. Quel est votre avis à
ce sujet?

C’est dommage que nous ne puissions pas tirer des leçons en nous
inspirant des expériences vécues par d’autres pays qui ont cédé à cette
tentation de révision constitutionnelle. Je peux oser croire que le
président est mal conseillé. Il est vrai que certaines matières que
contient cet article 220, notamment la forme de l’Etat et son
fonctionnement, si nous ne pouvons que nous arrêter là, ne sont pas,
certes, en adéquation avec le fonctionnement actuel de I’Etat, dès lors
que nous ne sommes pas arrivés à créer dans le timing imparti les 26
provinces prévues dans la constitution, et nous restons dubitatifs quant
à l’accomplissement de cet objectif même s’il faut nous accorder un
autre terme. Dans ce sens, la révision peut se justifier. De là, à aller
jusqu’à la révision du mandat présidentiel, nous nous sommes alors
engagés sur une mauvaise voie, et ce, pour plusieurs raisons. Nous ne
sommes plus respectueux de nos engagements, et ceux qui nous regardent
ne nous prennent pas au sérieux. Nous avons lutté pendant de longues
années pour donner au pays les bases d’un pouvoir légitime, mais il me
semble que nous voulons maintenant revenir à nos turpitudes du passé.
Nous avons acquis au prix de durs sacrifices ce consensus moulé dans la
Constitution. Nous devons tous le respecter pour ne pas fragiliser les
piliers qui le sous-tendent.

4. Comment le RCD apprécie le bilan de ce mandat en cours?

Le président du parti a eu l’occasion de le dire tout haut dans son
adresse aux militants lors du douzième anniversaire du parti fêté le 2
août 2010. Ce bilan est mitigé. Il est un fait que le social est resté
le parent pauvre des actions du gouvernement. Le vécu quotidien du
congolais le prouve. La grande majorité de nos compatriotes vivent en
dessous du seuil de pauvreté. La corruption a atteint des niveaux
inimaginables. Malgré la campagne de « tolérance zéro » amorcée par le
gouvernement, rien ne nous indique jusqu’à ces jours qu’il y a un début
d’inversion des tendances. Au contraire, celles-ci se maintiennent et se
consolident de plus en plus. Cependant, il faut souligner des efforts
déployés dans certains domaines, notamment celui de la diplomatie,
notamment sur certaines questions épineuses qui ont pendant un moment
exercé une réelle pesanteur sur la politique du pays dans la région des
Grands Lacs. Je fais allusion au processus de pacification de l’Est du
pays avec la normalisation des relations diplomatiques avec l’Ouganda,
le Rwanda et le Burundi. Toutefois, je reconnais que ce soit dans ce
domaine de diplomatie, ou dans la pacification de l’Est du pays,
beaucoup reste encore à faire.

5. La démocratie a-t-elle de l’avenir dans notre pays ?

C’est nous-mêmes Congolais qui devons donner non seulement de
l’avenir à la démocratie dans notre pays, mais aussi lui garantir sa
substance. A quoi servirait de qualifier notre République de
«Démocratique» si elle ne l’est pas réellement? Nous devons nous
imprégner de la culture de tolérance, l’esprit du dialogue et la
pratique de l’alternance. La pensée unique freine la société et est
parente du statisme, alors que la pensée plurielle meut la société et
est parente du progrès. Si la démocratie est fondée sur un débat d’idées
qui finit par faire triompher et faire monter aux commandes de la
société ceux qui ont convaincu, nous ne pouvons qu’accepter en âme et en
conscience ce régime pour le progrès de la société et chercher à
consolider à jamais ses bases.

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