16.04.10 Le Potentiel: Cinq questions à Gabriel Mola Motya (*) par BIENVENU MARIE BAKUMANYA

1. Comment se porte le secteur
forestier à l’heure actuelle après la conversion des titres forestiers ?

Comme vous le savez, la crise financière internationale a secoué le
marché international ainsi que les différents secteurs d’exportation. Au
niveau de la FIB nous avions déploré le fait que l’accompagnement du
gouvernement n’a pas été suffisant en termes des mesures d’allègement.
Il faut admettre que nous avons bénéficié de la part du gouvernement
durant toute la période seulement de l’exonération sur la redevance de
superficie forestière pour l’année 2009. Nous attendons toujours la
conversion de 16 titres en litiges bien que le gouvernement avait déjà
pris l’option pour en finir définitivement avec ce dossier. Nous
invitons également le législateur à mettre en place le texte
réglementaire devant accompagner le guide opérationnel du cahier de
charges en fixant les mesures d’application sur la nature des redevances
coutumières à payer aux populations autochtones. Ce, pour une meilleure
application du Code forestier. Bref, à part les difficultés que nous ne
cessons de déplorer, nous pensons que le secteur forestier peut jouer
un rôle important dans le développement de la RDC.

2. Vous venez d’assister à la cérémonie de la signature du
cahier de charge entre autochtones et l’entreprise sodefor. Que
représente cet événement pour votre syndicat la FIB ?

Pour nous, la Fédération des industriels du bois (FIB), c’est une
avancée très spectaculaire. On entre dans la phase de la matérialisation
des dispositions pertinentes du code forestier. Ce qui nous ouvre la
voie à l’obtention du contrat forestier. Ce qui met un terme à toutes
les querelles autour du cahier des charges. Cette phase inaugure une ère
qui va restaurer la confiance mutuelle entre les parties. Bref, le
retour et le renforcement de la paix sociale.

3. Quelle est l’approche de la FIB dans le règlement de
conflit qui oppose les exploitants forestiers aux autochtones ?

Le dialogue permanent constitue pour nous l’approche la plus
efficace. Il faut maintenir le dialogue entre le secteur privé,
l’administration forestière la société civile et les communautés
locales. Le tout dans l’approche gagnant- gagnant. Il faut toujours
privilégier un règlement à l’amiable avant tout recours auprès des
instances judiciaires. C’est l’arrêté n°28 du 7 août 2008 fixant le
modèle de contrat de concession d’exploitation de produits forestiers et
de cahier de charge…C’est dans ce cadre que nous nous sommes rendus
dernièrement sur le territoire d’Oshwe pour trouver un règlement à
l’amiable dans le conflit qui oppose l’un des nos membres au groupement
Bokongo en ce qui concerne ses prétentions sur les redevances
coutumières au sujet de la concession de Luna (Mike 12). Aujourd’hui
l’affaire se trouve au niveau la justice. Toutefois pour nous la FIB ,
en attendant le jugement, le processus des négociations de la clause
sociale du cahier des charges avec les communautés doit continuer pour
que ces dernières puissent bénéficier des bienfaits de l’exploitation
forestière conformément aux dispositions du Code forestier.

4. Vous êtes ancien gouverneur d’une province forestière en
l’occurrence l’Equateur. Quelles sont les initiatives que vous aviez
prises pour relever le secteur forestier ?

A cette époque, j’avais signé un partenariat avec le secteur
forestier. Je m’étais engagé à protéger l’activité forestière
industrielle en assurant la sécurité de l’opérateur forestier et de son
outil de travail. J’ai essayé de faire comprendre à nos populations le
rôle de l’activité forestière dans le développement de la province de
l’Equateur. Et en contrepartie, le secteur forestier s’est engagé à la
réalisation des infrastructures socio_ économiques en faveur des
populations conformément aux conventions signées avec les populations. A
titre d’exemple, grâce à ce partenariat, nous avions reçu à réhabiliter
certains tronçons routiers dans le territoire de Djolu. Sous
l’impulsion de Mzee qui a prôné l’auto prise en charge, chaque
gouverneur devait prendre les initiatives en vue de matérialiser cette
philosophie. C’est ainsi que grâce au partenariat avec un opérateur
forestier, nous avions mis en place un parc à bois à Mbandaka, équiper
des écoles en bancs, lutter contre l’érosion à Lisala, transporter les
malles des examens d’Etat à Djolu, Bojkungu et Ikela en 1998, etc.

5. Quel peut être l’apport du secteur forestier dans le
développement de la RDC ?

En dépit des difficultés liées à l’environnement socio_ économique,
le volume des exportations repose désormais sur le bois. Dans le secteur
de l’emploi qui figure parmi les priorités du gouvernement (5
chantiers), le secteur forestier vient en deuxième position après la
Fonction publique avec plus ou moins 20.000 travailleurs sur l’ensemble
du pays. Sans compter les intermédiaires et les bénéficiaires
indirectes. A travers les différents coins où nous sommes implantés,
nous intervenons dans plusieurs secteurs sociaux, entre autres, la
réhabilitation des écoles et leurs équipements en bancs, le transport
gratuit des populations riveraines dans nos bateaux au moment où il n’y a
presque plus de bateaux de l’Etat à l’intérieur. Pour aider le pays à
tirer profit du secteur forestier, plusieurs défis restent à relever. Il
s’agit entre autres de la sécurisation des investisseurs, amélioration
des infrastructures étant donné que le volume d’exploitation
industrielle est encore largement en deçà de sa capacité.

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