Face à cette inquiétante et persistante crise belge, Congo … Solution Miracle ? (Anicet Mobe Fansiama)

 

Le spectaculaire rebondissement de la crise
belge confère à celle-ci des allures schizophréniques. Dépourvu de réelles
perspectives consistantes d’avenir, le compromis qui s’esquisse, destiné à
sauver le voyage royal au Congo et la présidence belge de l’Union européenne,
ne sera qu’un simple palliatif. Plus que jamais, le Congo apparaît comme
l’ultime espoir d’une Belgique unie.

 

Congo…solution
miracle ? Il ne s’agit nullement d’une boutade ni d’une plaisanterie de
mauvais goût. L’artiste Laurent d’Ursel le proclame sur tous les toits :il
faut rattacher la Belgique au Congo.

Une clairvoyante
politique belge de coopération au développement servant de ferment intellectuel
à des initiatives hardies  pourrait, en
effet, mobiliser une large majorité politique autour d’un programme
gouvernemental enthousiasmant. C’est alors que les Belges pourraient façonner
un devenir qui soit autre chose que les sempiternelles querelles
communautaires.  

Congo, miroir des Belges ! C’est en ces termes que Jean-Claude
Willame et Hervé Cnudde introduisent l’excellent dossier que la Revue Nouvelle
de janvier -février 2005 consacre à la
colonisation belge afin de répondre aux controverses qu’a suscitées le téléfilm
britannique sur Le Roi Léopold II. "Le roi blanc, le caoutchouc rouge, la
mort noire" de Peter Bate.

Congo, miroir
des Belges …quel miroir ! Rappelons-nous :

 juin 1960, monsieur Ganshof van der Meersch, ministre
des affaires générales en Afrique- proconsul chargé de rétablir l’ordre au
Congo- multiplie les obstacles disqualifiant envers Patrice Lumumba pour le poste de Premier Ministre.
Cyrille Adoula- sénateur issu du syndicat et futur premier ministre, août
1961/juillet 1964- réussit, in
extremis, le 20 juin à rapprocher
Lumumba de Joseph Kasa-Vubu. Celui-ci
fut élu Chef de l'état, le 23 juin, avec
les voix des parlementaires lumumbistes qui ont accordé la confiance au gouvernement de Lumumba.

– janvier -mars 1968, l’intolérance nourrit le «  Walen
buitten » qui chassa de l’université de Louvain des universitaires
stigmatisés pour des raisons « linguistiques » .L'épiscopat belge se
trouva divisé lors de son assemblée du 29 janvier 1968 .L'évêque de Bruges,
monseigneur Desmedt, se démarqua du mandement du 13 mai 1966 par lequel la
conférence épiscopale exprima son inébranlable volonté de maintenir l'unité de
l'université de Louvain.

En revanche, au Congo en mars 1964- quatre ans avant le Mai 68
français-, la grève des étudiants à l’université Lovanium, exprima une démarche
intellectuelle empreinte de discernement et d’appel au dialogue critique avec
les autorités académiques pour repenser
l’université et décoloniser l’enseignement.

 

libérer l’analyse politique de clichés éculés …

 

  L’analyse de la crise que développe  certains leaders politiques est stupéfiante et
se perd en conjectures simplistes. Aussi, convient-il de briser l’étreinte
stérile de l’actualité brûlante, en
prenant du recul pour inscrire la réflexion dans la longue durée. :les
épreuves de deux guerres mondiales ont souvent permis aux états européens de
renforcer leur unité nationale .Il n’en est rien en Belgique.

 Les revendications flamandes
prirent de l’ampleur après la guerre de 1914-1918.La
« flamandisation »de l’université de Gand en est le symbole emblématique.
Accordée sous l’occupation allemande en octobre 1916,elle échoue au lendemain
de la guerre. C’est le 05 avril 1930 que le parlement vote une loi à ce propos.

 La bravoure militaire des
Congolais durant la guerre a contraint les puissances colonisatrices à
redessiner les contours géographiques et les rapports de forces géopolitiques
de leurs empires coloniaux en Afrique. Le poids diplomatique de la Belgique
sortit consolidée des écrasantes victoires militaires des Congolais sur les
armées allemandes au Kamerun, Ruanda, Urundi et Tanganyka : Kigali 06 mai
1916 ; Usumbura 06 juin 1916 ; Kigoma 29 juillet 1916 ; Mahénge
octobre 1917 et Tabora septembre 1916.

En 1923, la Société des Nations accorda à la Belgique mandat
d’administrer le Ruanda et l’Urundi que l’Onu confirma et transforma en
tutelles en 1946. Entre 1944-1951, la Question royale fit vaciller le trône de Belgique et plongea
le pays dans une crise politique et institutionnelle aiguë mais qui n’eut
guère d’écho au Congo belge.

 Les immenses efforts militaires,
économiques et financiers de guerre des Congolais imposèrent la Belgique à la table des
vainqueurs en 1945. Alors que les partis politiques,les syndicats,l’Eglise ainsi que les membres de la famille royale
s'entredéchiraient avec hargne ;le gouvernement , le parlement et
l'état-major de l'armée s'accordèrent allègrement pour installer entre
1947-1958 , des bases militaires à Kamina, Kitona et Banana au Congo.

 Désormais considéré comme un
réduit national belge, le Congo fut intégré dans le dispositif défensif de
l'Europe occidentale .Le contrôle économique et commercial qu’exerce la Belgique,  au Congo,  sur les matières premières stratégiques, comme
l’uranium, renforça son influence politique au sein de l’Otan.

Ce bref rappel suggère que la Belgique n’a survécu aux chocs de l’après-guerre
–Question royale ; décolonisation et communautarisation de l’état
-qu’en accumulant des malentendus. Reposant sur des artifices- pompeusement qualifiés de compromis à la
belge- ces malentendus ont, certes, procuré à la Belgique des décennies de
tranquillité politique confortée par une extraordinaire croissance économique.
Celle-ci résulte, notamment, de plantureuses rentes coloniales ; des
investissements américains du Plan Marshall et des retombées de la création du
Marché commun (1951-1981). En revanche, ces artifices n’ont guère résisté aux mutations
qu’a connues le pays durant le « Trente Glorieuses ».

L’attitude du Parti social chrétien durant la Question royale illustre
ces artifices :si le parti a publiquement soutenu le Roi Léopold
III ; en réalité trois de ses principaux leaders se sont opposés à son
retour sur le trône. Il s’agit, en l’occurrence de Frans Van Cauwelaert,
président de la chambre des députes ; d’Auguste De Schryver, président du
parti et futur ministre du Congo (sept. 1959-sept.1960),ainsi que de Gaston
Eyskens,premier ministre (août 1949-juin1950 ;juin1958-mars
1961 ;juin 1968-nov.1972).

Le compromis, 
survenu entre les partis, est unanimement considéré comme une donne politique
interne. En réalité, les pressions des Allies (Américains et Britanniques) ont
été déterminantes. Ceux-ci, opposés à Léopold III, craignaient que ses
partisans et/ou les communistes profitent de la crise pour perpétrer un putsch.
Le prince Albert – actuel Roi Albert II- était leur préféré, en lieu et place
de son frère Baudouin,  considéré comme
sous influence de leur papa. Lequel ne s’est jamais réconcilié avec son
frère ;le Prince Charles que le parlement élit ,le 20 septembre
1944,régent du royaume jusqu’au 20 juillet 1950.

 La crise fournit aussi aux partis les moyens
d’accroître leurs influences sur le Palais et sur l’échiquier politique :
depuis lors ils font et défont les gouvernements, au gré de leurs alliances et
brouilles.

Alors que les
réformes institutionnelles liées à la régionalisation et à la communautarisation
n’ont jamais été des priorités pour les libéraux ;il est donc étonnant
qu’ils fassent, actuellement, de la surenchère .En somme, ils cherchent le
meilleur point de chute électorale pour faire remonter le parti, notamment en
Flandre ,d’une part et d’autre part, le jeune Alexander De Croo veut
,manifestement, se faire un prénom dans cette galaxie des «  fils de
» qui cherche à contrôler l’échiquier politique belge…Ph. Van Cauwenberghe,
Charles Michel, J. Jacques De Gucht, M.Wathelet, D.Ducarme, Ch.Defraigne…

En Belgique, des esprits avisés étaient conscients de la fragilité de
ces compromis. Il n’est donc pas étonnant que les trois grands partis de
gouvernement (sociaux-chrétiens ; socialistes et libéraux) se soient
résolument engagés dans l’intégration atlantique et dans la construction
européenne :en 1949,le traité de l’Otan recueillit 139 voix pour et 32
contre et 1 abstention à la Chambre des députés ;il recueillit au sénat
127 voix et 13 contre. En 1957,le traité de Rome ,instituant la Communauté
économique européenne,recueillit 174 voix pour,4 contre et 2 abstentions à la chambre des députés ;le Sénat
l’approuva par 174 voix contre 2 et 2 abstentions.

effondrement du ciment
idéologique avec l’indépendance de la colonie
modèle

 Il y a 50 ans,la Belgique s’éclate ,à l’occasion de l’Exposition
universelle de 1958 de Bruxelles au Heysel. Le pays étale à la face du monde,
ce qu’il considère comme les brillantes réussites de sa «  mission
civilisatrice » en Afrique. Le Congo- colonie modèle qu’ envient d’autres
puissances coloniales- est la pièce –maîtresse de l’événement .Pitoyable
trompe-l’œil,ce triomphe s’effondre 6 mois plus tard lors des révoltes
populaires du 04 janvier 1959 à Kinshasa. Les masses urbaines s’en prennent
avec fureur aux symboles les plus marquants du joug colonial.

 La décolonisation du Congo est
une de plus lamentable et elle discrédite l’ensemble de la classe politique
belge. Des heurts féroces gangrènent le sommet de l’état :le Premier
Ministre Eyskens refuse de démissionner comme l’y contraint le Roi .Celui-ci
s’est démarqué du gouvernement,le 13 janvier 1959, pour annoncer l’indépendance
du Congo alors que le gouvernement n’y est pas favorable. Eyskens reçoit le
soutien du président du parti social-chrétien, Théo Lefèvre. Lequel  met le Roi en garde,le 04 août
1960, ;contre une politique congolaise personnelle de soutien à la
sécession de la riche province du Katanga. Le discrédit de la classe politique
s’en trouve accru avec les grèves ouvrières de l’hiver 1960-1961.

 Il fallut attendre avril 1961
pour que la Belgique rebondisse au Congo avec l’appui diplomatique des
USA ; inaugurant ainsi une co-tutelle sur son ancienne colonie par un
ancrage atlantique affirmé et assumé
sans complexe. Le rebond culmina avec la nomination de Tshombe au poste de
premier ministre, le 09 juillet 1964.Cette nomination est une sacrée revanche
pour les tenants de l’ordre néo colonial :ils allaient étendre à
l’ensemble du Congo,ce qu’ils ont expérimenté pendant la sécession du Katanga
où sont concentrées les principales industries minières,fleurons du holding
belge,la Société Générale.

Les politiques s'employèrent à mobiliser les Belges autour des
représentations géopolitiques de leur pays. Relayant les politiques, la presse
exalta en 1960 (intervention au Katanga pour y soutenir la sécession) et en
1964(intervention sur Stanleyville pour écraser les « rébellions »)
le sentiment patriotique en valorisant le courage des militaires combattant au
Congo pour défendre l'occident capitaliste contre de prétendues visées sovieto
-communistes.

Les Belges accueillent avec enthousiasme le coup d’état de Mobutu ,en
novembre 1965,croyant qu’il est perpétré en faveur de Tshombe. Ils déchantent
vite et sont contraints de pratiquer une diplomatie
« cyclothymique »pour couvrir les turpitudes de ce pouvoir afin de
fructifier des rentes de situation héritée de l’économie pédatrice coloniale. Ainsi
donc, l’aventure coloniale instrumentalisa le Congo à de multiples fins, notamment à masquer les contradictions belgo- belges

des mutations mal assumées …

 

Trente ans après le compromis sur la Question royale, la Belgique est
fortement ébranlée par deux secousses :les sanglantes tueries des « 
fous du Brabant » et la prise de contrôle de la Société générale par des
groupes financiers français en 1987-1988.

Les enquêtes policières, judiciaires et parlementaires n’ont jamais
éclairci le mystère que cachent les assassinats perpétrés par les «  fous
du Brabant », entre août 1982 et novembre 1985.

Deux hypothèses ont été avancées :il s’agirait des crimes
crapuleux. Force est, cependant, de constater que les assassins n’emportaient
pas de butin. Autre hypothèse,il s’agirait d’une tentative délibérée de
contraindre la Belgique- siège de l’Otan- considérée comme le ventre mou de
l’Alliance atlantique à renforcer les appareils répressifs pour affronter un
puissant mouvement populaire ,farouchement opposé à l’installation des euro
-missiles.

Vénérable dame née avant la création de l’état belge ; la Société générale –dont les
appuis financiers ont assuré la survie politique du nouvel état en 1830-1831-
échappe ,en 1988, à l’OPA de Carlo de Benedetti, grâce au groupe français
Suez. Les journaux flamands qualifient de « francisation »
l’intrusion de Suez dans le fleuron de l’économie belge dont certains secteurs
financiers et industriels passent progressivement sous l’emprise de groupes
français.

 Tel est le cas, notamment du
Crédit communal de Belgique ;de Cockeril Sambre et de Fafer ;de
Petrofina  et de GB ,désormais contrôlés respectivement par le groupe
franco-belge Dexia ;Usinor ;Total et Carrefour. Suez -Lyonnaise des
eaux,  dont le principal actionnaire est
le Belge, Albert Frère, a acquis la quasi totalité   du
capital de la
Société Générale.

C’est sur cette toile de fond qu’il faut appréhender les scandales qui
ont éclaboussé les politiques belges :d’une part les meurtres de jeunes
filles(Julie et Mélissa) enlevées et séquestrées par Dutroux ( les critiques
acerbes n’ont pas épargné le Palais royal ) et d’autre part,les affaires de corruption qui ont
entraîné des procès à l’encontre des personnalités
socialistes(Claes,Spitaels,Alain Vander Bist) et social -chrétiennes
(Jean-Louis Thys).Par ailleurs,le procès des assassins de l’ancien président du
parti socialiste , André Cools, n’a pas dissipé toutes les zones d’ombre de
ce crime commis le 18 juillet 1991.

 

état- tampon d’une nation introuvable et d’une société composite…

 

Pour comprendre ces péripéties politiques kafkaïennes,il faut se
référer aux circonstances historiques de la fondation de l’état belge en 1830
-1831.Les alliances  diplomatiques et les
rapports de forces géopolitiques sont des éléments constitutifs marquants dans
l’émergence de l’état belge et de l état indépendant du Congo,le lointain
ancêtre de la République démocratique du Congo.

Après les révoltes de septembre 1830 contre les Hollandais, Les
Britanniques se sont préoccupés du sort de la Belgique, parce qu’ils
avaient besoin d’un état -tampon qui serait leur allié afin de contrer les
ambitions françaises et éviter l’annexion des Pays –Bas du sud par les
Provinces Unies que soutenait la Prusse.

 Par ailleurs, l’appui
diplomatique américain- notamment, grâce à l’ancien ambassadeur Henry Sanford-
fut un facteur déterminant lors de la Conférence de Berlin(novembre
1884-février 1885) que convoque le chancelier Bismarck pour résoudre les
conflits nés de conquêtes coloniales. Le Roi Léopold II en sortit le principal
bénéficiaire avec le titre de Roi souverain, propriétaire du vaste territoire
du Congo.

Si le premier congrès wallon se tint en 1890, par contre le mouvement
flamand naquit pratiquement au moment de la création de l’état belge. Rappelons
d’une part,l’harangue du vice-président du sénat,le socialiste Emile Dupont ,le
10 mars 1910 : « Vive la séparation
administrative » ;et d’autre part ,la lettre qu’adressa en août 1912,
au Roi Albert 1°,le député socialiste Jules Destrée : «  Sire,Vous
régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique des Wallons et des Flamands ; il
n’y a pas des Belges ».

Le 12 mars 1950, est organisée une consultation populaire sur la reprise
par le Roi Léopold III  de l’exercice de
ses pouvoirs constitutionnels : les résultats  laissent éclater l’acuité de la crise dans ses
dimensions communautaires et politiques.  Une majorité de 57,68%, dans
l’ensemble du pays, se prononce en faveur du Roi. En Flandre, il se dégage une
majorité de 72 % ; en revanche, cet
avis favorable n’atteint que 42% en Wallonie et 48% à Bruxelles.

 

sapere audere …

Devient pesante et préoccupante, la carence d’une expression
intellectuelle collective, dense et participant d’une prise de parole publique
aux fins d’offrir à l’ensemble de la société  des instruments culturels permettant une
sortie de crise avec clairvoyance. Cette carence illustre un des paradoxes
belges :les universités regorgent d’éminents professeurs et chercheurs
dont la notoriété scientifique ont traversé les frontières et dont les
enseignements et les travaux de recherches ont parfois contribué au progrès des
sciences et à l’approfondissement des connaissances.

 Cependant, ces personnalités
n’ont guère suscité de puissants courants de pensée incarnés et animés par des
intellectuels clairement identifiés dans le champ social et exerçant un
magistère dans le champ culturel. Certains attribuent cette
« invisibilité »des intellectuels, d’une part au fait qu’ils ne
constituent pas une catégorie sociale marquante et d’autre part à la structure
en « piliers »de la société qui freine les prises de positions
communes et qui les contraint au silence pour rentabiliser les rentes de
situation que leur procure la carrière professionnelle.

Réagissant à ce déficit d’intelligence du politique, la Revue Nouvelle,
dans sa livraison de janvier 2008,proposait un ensemble substantiel d’outils
d’analyse pour stimuler la
réflexion-critique des citoyens et des politiques afin d’ initier des projets
cohérents de réforme dont le pays a besoin.

Aujourd’hui, il appartient aux intelligences belges et congolaises
avisées et désireuses d’assumer ces héritages historiques, avec esprit
critique, de renverser les tendances, de briser les pesanteurs (néo)coloniales
afin de répondre lucidement aux graves incertitudes du présent tant en Belgique
qu’au Congo.

Le moment paraît ,en effet, propice pour conjuguer intelligemment les
initiatives des parlementaires belges et congolais-conscients de leurs
responsabilités historiques-,la vigilance citoyenne d’une société civile
congolaise pleine de créativité sociale et de vitalité artistique ;ainsi
que les expertises scientifiques des universitaires pétris d’éthique
intellectuelle clairvoyante afin
d’exercer lucidement une veille permanente sur l’élaboration des politiques
belges de coopération et leurs applications.

Les logiques perverses de la
guerre froide ont rabougri les politiques de coopération européenne en Afrique.
Les rivalités franco-belges et franco-américaines en Afrique centrale, ont
lourdement hypothéqué le devenir du Congo. La mondialisation néolibérale
marginalise l’Afrique et gêne l’émergence d’une Europe pouvant contrebalancer
l’hyper puissance américaine.

Ancrée au cœur de la construction européenne dès ses origines, la
Belgique devrait jouer un rôle diplomatique d'adjuvant afin de faire assurer,
par les élites locales – voulant utiliser leurs compétences scientifiques au
profit de leurs peuples- une meilleure coordination des politiques de
coopération bilatérale et multilatérale dans la région des Grands- Lacs,
notamment au Congo. L'adjuvant diplomatique devrait, d’une part, transformer l’expertise qu’ont
accumulée certains pays sur l’Afrique en un atout pour rationaliser les politiques
de coopération afin qu’elles satisfassent les aspirations des peuples
africains. Il devrait aussi, d’autre part, revitaliser les énergies politiques
afin de servir un vaste dessein répondant aux enjeux du monde actuel :

* éradiquer la misère ; promouvoir un développement durable
conforté par un commerce international équitable,libéré de la loi d’airain
capitaliste  des échanges inégalitaires
afin de consolider la paix et la démocratie par la justice sociale.

*associer étroitement les élus et les sociétés civiles du nord et du
sud dans la conception,la mise en œuvre et l’évaluation critique,contradictoire
et publique des politiques de coopération,particulièrement dans le domaine
militaire :formation des officiers,entraînement des troupes,achats des
armements et accords de défense.

*mettre en œuvre une coopération culturelle multiforme visant à libérer
les créations artistiques et littéraires des contingences financières afin d’éviter toute marchandisation de la
culture qui gênerait l’éclosion et l’épanouissement des intelligences dont
l’Afrique a besoin pour assumer les mutations du XXI siècle.

Nourrir un tel dessein, fécondé par les ressources de trois régions et
de trois communautés, contribuerait certainement à dégager la politique belge
de querelles byzantines.

Les francophones ont accueilli le Président Kabila ! Tel est le
titre d’un article paru, le 27 septembre, dans un quotidien bruxellois pour
souligner le contraste entre les attitudes qu’ont affichées les personnalités
politiques belges lors du séjour du Chef de l’état congolais. Il faut dégager
l’appartenance des peuples à la francophonie de cette vision ségrégationniste
et instrumentalisée aux fins de repositionnement néo colonial.

Le substrat culturel de l’espace public francophone peut utilement
servir de fondement pour construire l’espace politique européen où les états
francophones de l’Union européenne et du groupe ACP pourraient conjuguer leurs
initiatives diplomatiques afin de promouvoir le multilatéral, en l’occurrence
le communautaire francophone, comme alternative à toute velléité américaine
d’unilatéralisme qu’amplifie la pensée unique des institutions de Bretton
Woods.

Belgicains ! c’est ainsi qu’une journaliste désigne certains
ténors de la cause flamande (W.Claes,L. Tobback) mais qui restent attachés à
l’unité de la Belgique.

Belgicains ! c’est ainsi que les Congolais qualifiaient ceux de
leurs –étudiants, footballeurs tels que Paul Bonga-Bonga, Julien
Kialunda,Braine Mayama, Erumba ,Raoul Lolinga- vivant en Belgique dans les années
60-80. Aux Belgicains- belges et congolais – de mettre en commun leurs
ressources culturelles, intellectuelles et politiques pour " sortir la
Belgique des fétichismes."

Pour y parvenir, il n’est pas inintéressant de s’intéresser aux oracles
venant d’un pays des fétiches.

Congo, solution miracle pour la Belgique…que tout cela est
vaudeville.  Oui, vaudeville
comme l’est souvent, dans ses innombrables confusions, la politique belge.

 

 

.  

 Anicet
MOBE

 Chercheur
en Sciences Sociales

Membre du
collectif des intellectuels congolais  DEFIS PARIS

 

 

 

 

 

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