12.06.10 Le Potentiel: Cinq questions à Joseph Bangakya, par Louis-Paul Eyenga Sana
1. Vous avez tenu dernièrement une conférence- débat à
lUniversité protestante du Congo sur le thème : « Les princes de
transparence du gouvernement aux USA ». Pourquoi ce choix ?
Oui, jai animé une conférence-débat à laquelle le député national
Jean-Louis Ernest Kyaviro, ancien leader anti-mobutiste à lUniversité
de Kisangani a pris part pour souligner que le concept « transparence
» est la condition de la bonne gestion, une des valeurs de la
démocratie et un des fondements dune société juste. La transparence ne
peut être mise en œuvre que grâce à des hommes et des femmes intègres
et déterminés dans toutes les couches de la population et spécialement
au niveau des institutions politiques et publiques, de la presse, de la
justice, de la Société civile mais surtout des citoyens.
2. Pourquoi avoir choisi les Etats-Unis ?
Je lai fait pour souligner mon expérience personnelle après avoir
effectué un voyage au Etats-Unis cela, afin dapporter un changement
dans notre pays. Dans ce pays-phare, la vraie transparence sappuie sur
la responsabilité, la participation, le contrôle, lefficacité au
regard des résultats obtenus et linformation qui doit être accessible,
permanente, détaillée et véridique.
Cest pourquoi, au cours de mon exposé, jai insisté pour quil y
ait plus de transparence dans la gestion de la res publica et jai
proposé 5 initiatives ; à savoir la responsabilisation des serviteurs de
lEtat qui se focalise par le vote des élus et qui doit être connue de
tous, en vue de rendre responsables et cohérents à leurs engagements et
la notation des fonctionnaires qui doit être connue de tous. Aux
Etats-Unis, on insiste plus sur la transparence du patrimoine des
serviteurs de lEtat, cest-à-dire toute personne qui exerce une
activité publique et personne nest épargné !
3. Quelles sont les garde-fous cette fin par les Américains
pour cela ?
Ils ont mis en place des mécanismes dincitation à la dénonciation
des fautes graves. Il sagit de la mise en place dune institution
citoyenne, apolitique et indépendante, en charge de léthique et de la
déontologie. Une structure a été mise en place pour contrôler le
financement des campagnes électorales, qui est la source et lorigine
de nombreux abus et atteintes à lintégrité. En ce qui nous concerne,
lidéal est que plusieurs personnes de conditions moyennes puissent
financer ces échéances électorales, en lieu et place dune entreprise
ou dun individu extrêmement riche.
4. A propos de cette structure, il y a, cependant,
plusieurs questions sans réponses sur largent, la presse et… lodeur de
la corruption. Quen dites-vous ?
Bonne préoccupation, car le pouvoir et largent corrompent et les
problèmes samplifient dans lobscurité. Par conséquent, le rôle de la
presse est essentiel pour limiter le dégât. Par conséquent, il faut
compte sur la presse, sur le journaliste tout en sachant quil na pas
pour objectif ou mission de détruire, mais dinformer. Cest ce qui se
fait aux Etats-Unis. Et si lon peut le faire en RDC, cela sera un atout
considérable pour le gouvernement.
A propos de la corruption, je peux citer lhonorable Ernest Kyaviro qui
la comparé à «un Sida social» dans la mesure où elle affecte et
paralyse tous les systèmes du développement dun pays. Il a même
énuméré quelques causes qui poussent les gens à céder face à la
corruption. Il y a, entre autres, la pauvreté, létat dinconscience de
tout un chacun, le manque de sanction et la non application des lois.
5. Que préconisez-vous ?
Une fois de plus, je recours aux propos tenus par lhonorable Ernest
Kyaviro. Au cours de exposé, il a exhorté tout le monde à se
conscientiser et à se prendre en charge. Il faudra que nous cessions
avec la politique de la main tendue. Nous devons mettre à contribution
nos possibilités pour nous développer la notion de transparence, de
bonne gouvernance et sassumer face à de nombreuses opportunités pour
se faire corrompre. Lélite politique congolaise doit sinspirer de
lexpérience américaine en la matière et au besoin recourir à un
partenariat avec Washington pour promouvoir les principes dune gestion
de la res publica. Cest pourquoi, je donne raison à lhonorable Kyaviro
a dit que « La RDC a des bois, des fers et de meilleurs
guitaristes, mais, nous sommes incapables de fabriquer une guitare».
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