LES SANS VOIX PERDENT LEUR VOIX (Els Schelfhout)
Début mars de cette année, Floribert Chebeya était
en visite à la Maison des parlementaires à Bruxelles. Malgré la
situation alarmante des droits de l'homme au Congo et les intimidations
dont il fut régulièrement la victime, il resta combatif. Ceci fut sa
dernière mission en Belgique. Mercredi 2 juin 2010, j'ai appris la
nouvelle choquante de sa brusque mort. Les conditions mystérieuses dans
lesquelles il est décédé, exigent une enquête sur les causes précises de
son décès et sur les responsables. Mais dans un pays où règne
l'impunité, il semble peu probable que les autorités diligente une
enquête appronfondie sur ce meurtre.
Après les élections de 2006, la situation des
droits de l'homme au Congo ne s'est guère améliorée. Au
contraire, le régime du président Joseph Kabila devient de plus en plus
intolérant vis-à-vis des voix dissidentes. Des opposants politiques, des
activistes des droits de l'homme, des journalistes, … sont muselés,
arrêtés ou même assassinés pour avoir critiqué la politique du président
et son entourage. Combien d'opposants, d'activistes, de journalistes
doivent encore mourir avant que la communauté internationale (Nations
Unies, Etats-Unis, Union Européenne, …) narrête de soutenir
inconditionnellement un régime pour lequel la sécurité des activistes
des droits de l'homme n'est pas une priorité? Quand est-ce que les
bailleurs internationaux utiliseront enfin leur influence pour insister
auprès des autorités congolaises de respecter les droits de l'homme?
Floribert Chebeya était un activiste écouté et
respecté, avec une reconnaissance nationale et internationale. Sa mort
constitue une tache au processus de démocratisation et une grande perte
pour la société civile au Congo. Les Sans Voix perdent leur Voix.
J'espère qu'ils garderont le courage et la force de continuer le combat.
Ici, en Belgique, je veux continuer à plaider pour leur cause, aussi
après le 13 juin…
Els Schelfhout
Sénatrice