Précaires et instruits, les migrants congolais
Belgique ? Une étude réalisée par le Groupe d'étude de démographie appliquée
(UCL) et le Centre pour l'égalité des chances analyse en détail le profil de
cette communauté issue de l'immigration. Portrait chiffré.
Plus de 40.000 ressortissants. Sur base de statistiques les plus
récentes (registre national, DG-SIE…), l'auteur de cette étude, Quentin
Schoonvaere, estime à 40.300 le nombre de personnes issues de l'immigration
congolais, dont 25.000 sont naturalisés belges. Une majorité d'entre elles (77,5
%) sont nées à l'étranger. C'est le premier groupe issu de l'Afrique
subsaharienne résidant en Belgique. Les Congolais forment la 9ème communauté
étrangère du pays, loin derrière les Français, les Italiens, les Hollandais, les
Marocains, etc.
Une immigration spécifique. Après la seconde guerre mondiale, on
dénombrait… dix Congolais en séjour légal en Belgique. Au 1er janvier 1961,
juste près l'indépendance, ils étaient 2.585. Ce mouvement va se poursuivre
jusqu'aujourd'hui. Avec quatre périodes de baisse migratoire (1985, 1995, 2000,
2004). Ce qui coïncide, en partie, avec les réformes du code de la nationalité.
Contrairement à d'autres groupes arrivés en Belgique via des accords
bilatéraux passés avec plusieurs pays du sud (Maroc, Turquie, Italie, Espagne…),
la présence congolaise ne répondait pas à une logique de recrutement de
main-d'œuvre et d'intégration de travailleurs. Les raisons de leur exil ? La
migration légale, le regroupement familial et, dans une moindre mesure, la
poursuite des études.
Féminisation et vieillissement. Depuis une dizaine d'années, les
demandeurs d'asile congolais sont davantage des femmes. Pourquoi émigrent-elles
? Pour retrouver leur famille, prendre leur autonomie, répondre aux besoins du
marché du travail, etc. Par ailleurs, il s'agit d'une communauté relativement
vieillissante : 20 % ont – de 15 ans ; 76 % de 15 à 64 ans et 3 % + de 65 ans.
Ce mouvement devrait s'accentuer dans les années à venir.
A Bruxelles et dans les grandes villes. Près de la moitié de la
population congolaise réside en région bruxelloise. Principalement au nord et à
l'ouest de la Ville (Ixelles, Molenbeek, Anderlecht et Saint-Josse). Près de 32
% vit en région wallonne, en particulier dans les grands centres urbains (Liège,
Ottignies, Mons…). Et environ 21 % au Nord du pays (Anvers, Gand, Alost…).
Fragilité sociale. L'étude de l'UCL met en avant une présence
importante de familles monoparentales et de ménages isolés parmi les Congolais
Avec, à la clé une certaine fragilisation sociale et économique. Par rapport aux
Belges et aux étrangers, les Congolais affichent un taux de chômage plus élevé
et un taux d'emploi plus faible, alors que leur désir de participer à la vie
économique est proportionnellement plus important, selon les chiffres livrés par
le SPF emploi.
Par contre, leur niveau d'instruction est plus élevé que la moyenne : 47 %
des 30-44 ans disposent d'un diplôme d'étude supérieure ; 58 % des 45-64 ans et
40 ans des + 65 ans.