26.07.10 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS à Léon Nkanu

 

1. Vous êtes Coordonnateur national de la REDD en RDC, parlez-nous brièvement de ses activités ?

D’abord, REDD signifie Réduction des émissions dues à la
déforestation et à la dégradation des forêts. Ce que nous faisons, c’est
de déterminer les moteurs, les acteurs ou les causes de la
déforestation, en vue d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre
la déforestation et la dégradation des forêts. Pour ce faire, nous
mettons en place un système appelé MRV (Monitoring, Rapportage et
Vérification), qui permet d’une part de dessiner la carte forestière et
d’autre part, de calculer le stock de carbone de nos forêts. Ce travail a
comme point de départ ce que nous appelons dans notre jargon le «
scénario de référence », qui montre l’évolution des émissions des gaz à
effet de serre depuis le passé jusqu’à nos jours et sa projection dans
l’avenir. Bref, ce que nous faisons, c’est préparer la participation de
la RDC au mécanisme REDD. Il a fallu pour cela produire ce qu’on appelle
«le plan de préparation à la REDD», (RPP). Et la RDC a déjà produit
cette feuille de route pour la période allant d’avril 2010 à décembre
2012. Donc, c’est après 2012 que la RDC entrera dans la phase de mise en
oeuvre de la REDD en menant des activités capables de réduire les
émissions des gaz à effet de serre et de générer des recettes à affecter
à la lutte contre la pauvreté.

2. Quelle place la RDC occupe-t-elle dans les négociations internationales sur la REDD et le changement climatique?

La RDC occupe une place importante dans les négociations
internationales relatives au changement climatique, parce qu’on
reconnaît que les forêts jouent un rôle très important dans l’équilibre
éco-climatique de notre planète terre. Notre pays contient 60% des
forêts du bassin du Congo, qui constitue le second massif forestier
tropical au monde, après l’Amazonie. Dès qu’on parle changement
climatique et atténuation que peut apporter la forêt. Notre pays occupe
une place très importante au niveau de la sous-région de l’Afrique
Centrale où nous sommes regroupés dans ce qu’on appelle la COMFAC
(Commission des Forêts du Bassin du Congo). La RDC est aujourd’hui, le
pays le plus avancé dans la préparation au mécanisme REDD. Et il
bénéficie des subventions de l’UN-REDD et du Fonds de Partenariat pour
le Carbone Forestier (FCPF).

3. Les populations, souvent pauvres, sont tributaires de ces
forêts. Comment concilier les objectifs: réduire la pauvreté des
populations et lutter contre le déboisement et la dégradation des
forêts?

Les populations sont pauvres, c’est vrai. Mais lorsque nous luttons
contre la déforestation, nous ne luttons pas de façons à interdire à la
population de tirer le meilleur parti de ses activités qu’elle mène dans
les forêts. En ce sens, une des causes principales de la destruction
des forêts, c’est l’agriculture itinérante. Chaque année, l’agriculteur
doit ouvrir de nouvelles superficies dans la forêt, d’autant qu’il ne
sait pas recourir aux fertilisants et semences améliorées. Dans le
processus REDD, on aide le paysan pauvre à recourir aux fertilisants et
aux semences améliorées, pour qu’il puisse utiliser moins de superficie
forestière et produire la même quantité, si pas plus qu’il ne produisait
auparavant.

4. Les approvisionnements en bois de chauffe sont responsables
de près de la moitié du déboisement des forêts. Comment la REDO
entend-elle sensibiliser les habitants de ces zones forestières à ne
plus recourir à ce combustible dans les ménages?

Non, lorsque nous parlons des bois de chauffe et de la destruction
des forêts, il faut plutôt ramener ce phénomène autour de grands centres
urbains. C’est là que les habitants des centres urbains qui ne peuvent
pas accéder à l’électricité recourent aux bois de chauffe et aux
charbons de bois et détruisent toutes les forêts qu’on trouve autour des
centres urbains. Mais quand vous allez dans les milieux ruraux, à ce
moment, c’est l’agriculture itinérante qui détruit les forêts. Et pour
les populations qui vivent en forêt, elles vont récolter les bois morts,
alors que cette récolte des bois de feu ne constitue pas une cause de
destruction des forêts en milieu rural. En tout état de cause, nous
avons un plan d’information et de consultation qui s’appuie sur la
télévision, la radio, les journaux, la musique et le théâtre pour
sensibiliser les populations sur la REDD.

5. Quel est le cadre institutionnel de la REDD en RDC?V

Le cadre institutionnel de la REDD en RDC est basé sur le
décret du Premier ministre, qui définit les structures de gestion de la
REDD. Et d’après ce décret, nous avons le comité national, le comité
interministériel et la coordination nationale de la REDD. Le comité
national est la structure qui donne la direction à suivre, prend les
décisions au niveau de la REDD. Tandis que le comité interministériel
est la structure qui exécute les décisions qui sont prises par le comité
national. Et, la coordination nationale assure la gestion du processus
au quotidien et vient en appui aux deux premières structures qui
conduisent la REDD dans notre pays.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIE ROGER ILOKO

 

 

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