28.07.10 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Claude Lubikulu Viengele (*), par Véron-Clément Kongo

 

1. En septembre 1965, vous aviez défendu un mémoire
intitulé : « Contribution à l’étude de la tacticité des Poly-2 et
4-vinylpyridine par résonance magnétique nucléaire » à l’Université
Libre de Bruxelles. Quelle en est la lecture aujourd’hui ?

La publication des résultats de mon travail de fin d’études en
sciences chimiques, une année après dans un journal scientifique aussi
prestigieux que le Polymer (the chemistry, physics and technology of
high polymers) de Londres sous le titre « Proton Resonanse Spectra and
tacticity of Poly-2-vinypyridine » vol.7en 1966, m’a émerveillé eu égard
à la complexité du problème étudié. En effet, nous sommes dans les
années soixante, l’industrie moderne de plastique a à peine une
cinquantaine d’années, elle est encore dans ses balbutiements. C’est
dans les années 1910 que la première polymérisation a été obtenue par
la condensation du phénol avec du formol. A la faveur des deux
guerres mondiales, par manque de certaines matières premières vitales
dont le caoutchouc que l’industrie moderne de polymères s’est
développée et diversifiée en offrant du matériel synthétique de
substitution appelé plastique. Celui-ci se présente sous forme de deux
grandes familles : la première, les thermoplastiques caractérisés
principalement par leur faculté de se ramollir plusieurs fois par
chauffage, et la seconde, ce sont des thermodurcissables qui ne le sont
qu’une seule fois. A ce stade, cette discipline nouvelle était à vide
des principes physico-chimico-généraux pour en faire une science à part
entière et notre travail avait consisté à appliquer les théories
usuelles de la physique pour déceler la structure spatiale intime
des plastiques. A cet effet, nous avons recouru à la résonance
magnétique nucléaire et les résultats ont été plus que probants. A ce
jour, cette discipline a connu une avancée fulgurante au point qu’elle
est utilisée dans plusieurs disciplines et métiers.

2. Quels sont les avantages et désavantages des polymères à l’ère de la globalisation ?

Le polymère recèle plusieurs avantages en raison de différentes
propriétés intrinsèques qui le caractérisent (malléabilité, solidité,
légèreté, etc.), et est utilisé dans tous les domaines sous diverses
formes : boîte, bouteille, panier, sac, etc. Le désavantage majeur du
polymère est sa longue durée. Mais, nous devons souligner que ce
désavantage est relatif pour la simple raison que chaque produit à
base du polymère est obtenu suivant une procédure propre et, par
conséquent, la décomposition de chaque produit dépend donc des
possibilités des réactions physico-chimiques de l’environnement où il
se trouve.

3. La RDC pourra-t-elle échapper à l’âge des plastiques ?

Non, absolument non. Pour la simple raison que la RDC ne produit pas
les plastiques mais les façonne. Se passer du plastique sous prétexte de
la salubrité de la ville serait retourner à l’âge de la pierre. Car,
même sans nouvel apport des sachets plastiques d’eau, l’autorité urbaine
ne pourra garantir la salubrité de Kinshasa en moins de deux, trois
ans.

4. Pourquoi le polymère n’est-il pas biodégradable ? Est-il
possible, dans le contexte des villes de la RDC de récupérer les
déchets de fabrication des thermopalstiques ?

La biodégradabilité d’un plastique dépend de plusieurs facteurs
(pression, température, milieu ambiant). D’où, les liaisons chimiques
dans le plastique étant très fortes, cela augmente la durée de vie qui
est de plusieurs centaines d’années. Compte tenu de la longue durée de
vie du plastique qui le fait passer pour un déchet non biodégradable,
la solution couramment utilisée est de le recycler en lui donnant une
autre utilisation. A ce titre, les récentes mesures de l’hôtel de ville
de Kinshasa interdisant la vente d’eau en sachet suscitent des
commentaires dans tous les sens. Le problème des déchets de plastique
étant mondial, la RDC est condamnée, pour plusieurs décennies encore, à
imiter servilement ce qui se fait ailleurs pour réduire la nuisance
des plastiques après premier usage comme pour d’autres produits à
l’instar de : Boukin qui recycle le verre pour souffler de bouteilles
en verre ; Pegal qui recycle le papier en papier hygiénique ; Ledya qui
recycle le fer en fer à béton. A Matadi et Boma, malgré la présence de
l’eau en sachet, les villes sont propres. Ces mesures placent l’autorité
urbaine de la ville de Kinshasa en une position peu confortable, car,
interdire la vente d’eau en sachet et autoriser la production des
emballages plastiques pour les vendeurs des divers produits (fufu,
pain, charbon, biscuit…) à Kinshasa est un non sens ; interdire la vente
d’eau en sachet tout en autorisant l’importation des produits
emballés en plastique ne résoudra pas le problème. Le recyclage des
emballages en plastique se présente comme l’antithèse des récentes
mesures de salubrité décrétées par l’hôtel de ville de Kinshasa
interdisant la vente d’eau en plastique. La solution serait donc de
créer des entités de recyclage des emballages plastiques comme cela se
fait ailleurs.

5. Les décisions de l’hôtel de ville de Kinshasa peuvent-elles avoir un impact négatif ?

En décrétant une telle mesure, l’hôtel de ville de Kinshasa ne tient
pas compte ou fait semblant d’ignorer les retombées
économico-sociales des Pmes qui vendent de l’eau potable en sachet et
des entités de recyclage des emballages plastiques.
En effet, en produisant et vendant de l’eau potable en sachet, les Pmes
créent des emplois qui procurent aux travailleurs des salaires leur
permettant de satisfaire les besoins familiaux. Les retombées
économiques et financières des recyclages ne sont pas non plus à
minimiser. Le recyclage peut générer des produits tels que : des tubes
d’encastrement des fils électriques dans les murs des maisons, des
paillassons, des bottes, etc.

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