30.07.10 Le Potentiel: Cinq questions à Ndolamb Ngokwey, par St. Augustin Kinienzi
1. La RD Congo est cinquantenaire depuis le 30 juin dernier. Quel commentaire vous inspire ces années de notre indépendance ?
La question est pertinente. Mais permettez-moi de vous dire dabord
que notre indépendance est laboutissement dune lutte quont engagées
nos pères contre le colonialisme, limpérialisme et le fascisme. Comme
vous le savez, le colonialisme nétait pas une entreprise
philanthropique. Il nexerçait pas par amour à notre peuple. Cétait
plutôt une stratégie pour les pays développés de nous prendre en otage.
Notre indépendance est liée à notre histoire. Il y a eu un éveil
patriotique avec comme sous bassement lafricanisme. Dailleurs, le
président Joseph Kabila la souligné dans son discours du 30 juin
dernier. Il a même loué la mémoire des pères de lindépendance. Et pour
me résumer par rapport à votre question, je dirai que le bilan est
positif. Pour vous en rendre compte, interrogez plutôt notre histoire et
vous réaliserez doù nous venons, où nous sommes et où nous allons. Les
acquis de notre lutte pour lindépendance, cest la jeune démocratie
que nous saluons de tout cœur. Cette lutte pour lindépendance renforcée
par la lutte de libération initiée par Mulele et achevée par
Laurent-Désiré Kabila. Seulement, le grand danger qui nous guète, cest
le néocolonialisme qui nous tient encore en otage. Ainsi, vous jeunes
daujourdhui devez plus que jamais aimer le Congo pour faire face à ce
fléau. Soyez à lécole du premier gouvernement des nationalistes Lumumba
et Mulele.
2. Pendant ces années, le pays a connu des crises de
légitimité allant jusquà lassassinat de Patrice Emery Lumumba.
Laquelle daprès-vous valait la peine ?
Je dirai demblée que si les Congolais aimaient ce pays, ils
éviteraient toutes ces crises et ces guerres inutiles. Ensuite, il faut
catégoriser les guerres en trois composantes. Il y a eu des guerres
injustes, telles que la sécession katangaise, celle du Sud du Kasaï.
Puis viennent les guerres « justes » dont celle menée par le camarade
Pierre Mulele. Il en est dailleurs le précurseur. Ici, il faut bien
sinterroger sur le pourquoi de ces guerres. Retenez au moins que cest
parce que toutes les autres formes de lutte avaient échoué. Le
Parlement fermé, les nationalistes emprisonnés, la persécution était
telle que nos aînés ont pris les armes pour se libérer du joug
impérialiste. Cest ce quont fait Pierre Mulele, Gaston Soumialot et
Laurent-Désiré Kabila. Et ce, dans le but de mettre fin à la disparition
de lEtat.
A ce type de guerres qua connues le Congo-Kinshasa, il faut
ajouter la mutinerie de la Force publique, le 4 janvier 1959, violence
qui avait pour but darracher lindépendance.
3. Les festivités du jubilé dor ont été organisées dans un
faste qui contraste avec la misère noire que broie les populations.
Quen pensez-vous ?
Quelles que soient les conditions, on devait organiser les
réjouissances populaires. Et notre pouvoir (AFDL) avait ouvert la marche
dans ce sens, car 50 ans cest peu mais beaucoup à la fois pour une
nation. Jestime que cela ne va pas se limiter aux simples
réjouissances. Il faut entrevoir au-delà de ces festivités pour faire de
lévaluation de notre marche en tant que nation et Etat.
4. Une certaine opinion estime que lorganisation des
conférences-débats pour sauto évaluer devrait être la préoccupation du
Commissariat général du cinquantenaire. Partagez-vous cet avis ?
Le camarade Denis Kalume, jose croire, a un agenda où tout est
inscrit dans ce sens. Bien sûr que oui, il fallait absolument organiser
des rencontres, des forums où des compatriotes prendraient parole pour
sauto évaluer en tout point de vue, se demander pourquoi
jusquaujourdhui les choses ne marchent pas comme souhaité. Et en même
temps explorer des voies pour que demain ça aille pour le mieux.
5. Officier supérieur des FARDC, que doit faire le gouvernement pour se doter dune armée forte ?
Il faut en premier lieu penser à lencadrement des jeunes. Le Congo a
la taille dun sous-continent et il a absolument besoin de disposer
dune force armée dissuasive, non pour attaquer les voisins mais pour la
défense de lintégrité territoriale en cas de provocation. Créer une
école de cadets est une recommandation, une voie salutaire dans la
formation dune armée forte. Les officiers doivent être formés et les
militaires payés pour que la sécurité du territoire soit logée à la
première enseigne. Larmée congolaise doit aussi disposer des unités
mobiles, une force navale moderne. Enfin, une armée qui est budgétisée
en conséquence.
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