"J'ai été trahi par n prêtre" (Pierre Kabeza)

A vous tous épris de la paix et qui me fesez un honneur de me lire, avant
que je vous dise ce qui m'est arrivé pour que je quitte le Congo mon pays,
 permettez-moi de vous expliquer les raisons qui ont justifié ma position
 contre la prise en charge des enseignants des écoles publiques par les parents
à la  place de l'Etat  en ma qualité d'un enseignant laïc catholique et
syndicaliste. 

I).Convaincu que ce système apporte plus du mal que du bien car près de la
moitié d'enfants scolarisables sont mis hors circuit normal du systeme éducatif,
J'ai voulu donner mon soutien à la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (
CENCO) contre la pratique de la prise en charge des enseignants par les parents,
 qui dans son communiqué de presse du 11 janvier 2006 avait reconnu que ce
système déjà décrié, suscite indignation, émoi et désolation dans la majorité de
la population. la CENCO dans le même communiqué a déclaré que cette pratique
renferme en lui même les germes de la mort lente , mais certaine de la nation
congolaise
.Ce communiqué est repris dans son intégralité dans la revue
bimensuelle  chrétienne Renaitre N° 02 du 31 janvier 2006-année XV page 14
qui parait à Kinshasa .

2. la prise en charge des enseignants du secteur public par les parents va
à l'encontre du principe constitutionnel de la gratuité et de l'obligation de
l'enseignement primaire reconnu par la constitution congolaise en son article 43
.

3.La prise en charge des enseignants par les parents est en contradiction
avec la convention relative aux droits de l'enfant que le Congo a ratifié ainsi
que L'Eglise Catholique par le biais du Vatican ( art 28:obligation et la
gratuité de l'enseignement à l'école primaire.).

4.La prise en charge des enseignants par les parents et autres frais exigés
anarchiquement violent l'article 9 de la convention des ecoles nationales
signées entre l'Eglise Catholique  et l'Etat Congolais. Selon ledit article il
appartient à l'Etat Congolais  de payer les enseignants, à assurer le
fonctionnement  , l'entretien, les constructions et les réparations  des écoles.
Tous les autres frais auxquels sont soumis les parents sont placés
dans l'illégalité. Et dans cette optique l'Etat assure le respect de l'article
36 de la constitution qui parle d'un salaire décent, régulier et équitable pour
tout travailleur et dont les enseignants.

5. La prise en charge des enseignants par les parents brise la charité
entre enseignant et son élève ainsi que la collaboration qui
doit être entretenue entre l'enseignant et le parent comme l'exige le Saint
Concile dans son paragraphe 8 relatif à la déclaration sur l'éducation:

" que la charité les unisses entre eux et avec leurs élèves, qu' ils
soient tous pénètrés de l'esprit apostolique pour rendre témoignage par la vie
plus encore par l'enseignement, au Maitre unique le Christ.Qu'ils travaillent en
collaboration, surtout avec les parents".


6.La pratique décriée crée un climat de tension au sein de l'équipe
enseignante d'abord et entre cette dernière et les parents  ainsi que les
élèves. Ainsi donc elle viole l'article 3 du réglèment d'ordre interieur des
écoles catholiques qui stupile: " … les écoles catholiques doivent etre
des veritables milieux éducatifs qui se fondent sur la cohésion de l'équipe
enseignante, qui soient largement ouverts à la  collaboration des
parents"
.

7.la prise en charge des enseignants par les parents  est à la base de la
déviation de la mission que l'Eglise assigne aux écoles catholiques. le Saint
Concile déclare ce qui suit au paragraphe 9 en matière de l'éducation chrétienne
" Le Saint Concile exorte avec force les pasteurs et tous les fideles à
n'epargner aucun sacrifice pour aider les écoles catholiques à remplir chaque
jour plus fidèlement leurs taches en premier lieu, à subvenir aux besoins de
ceux qui sont dépourvus des biens de la fortune, qui sont privés de l'affection
et du soutien de la famille,.."


8. La pratique de la prise en charge des enseignants par les parents fait
que nos milieux éducatifs chrétiens renoncent à leurs projets d'assurer une
éducation au service gratuit avec accent particulier mis sur les pauvres.
Aujourd'hui un bon nombre  d'écoles conventionnées
catholiques s'éloignent malheureusement de l'option préférentielle aux jeunes
les plus défavorisés, les pauvres. Cette option ou attention
passe délibérément au second plan car le système favorise les groupes les plus
aisés si pas les  nantis. En observant ce qui se passe dans notre pays les
grandes écoles catholiques sont entrain de devenir des écoles des riches. Nos
milieux éducatifs sont devenus des supermarchés où les responsables
s'improvisent en marketeurs commerciaux  pour vendre uniformes et autres effets
scolaires. les élèves sont considérés comme des clients potentiels et leurs
parent sont des bailleurs des fond. Dans certaines écoles l'avoir du parent
constitue même un des critères pour faire parti des membres des comités des
parents avec comme objectifs étouffer les voix de ceux qui sont démunis.
 Certains responsables scolqires n'hésitent pas à dire aux parents pauvres de
retirer leurs enfants de l'école car l'éducation pour eux n'est pas faite à ceux
qui n'ont pas d'argent.

9. le droit à l'éducation en faveur des enfants au Congo est confisqué par
ceux la même qui sont censés le défendre et pourtant le Saint Concile demande à
tous ceux qui dirigent l'éducation de prendre garde que jamais la jeunesse ne
soit frustrée de ce droit sacré et d'exiger même que le bien fait de l'éducation
puisse s'étendre à tous.

Considérant tout ce qui précède je me suis mis à combattre ce système  qui
d'ailleurs avilit l'enseignant,parent et l'élève et qui ne fait que engraisser
certains gestionnaires d'écoles au détriment des enseignants.J'ai organisé des
marches pacifiques, des sit in, j'ai fait des déclaration des dénociations…
d'une manière pacifique et non violente. CELA A FAIT QUE JE SOIS UNE PERSONNE
QUI DÉRANGE ET QUI GÈNE LES INTÉRÊT DE CEUX QUI GÈRENT LES ECOLES  ET CERTAINES
PERSONNES AU POUVOIR ET DONC  J'ÉTAIS DEVENU INDESIRABLE
. C'est ça la
vérité
. On peut tout me taxer car qui veut noyer son chien l'accuse de
rage.

 

Le syndicat des enseignants en province du Sud- Kivu au Congo ( SYNECAT
SUD-KIVU) sous mon mandat comme d'ailleurs tous les autres camarades des
différentes provinces, a toujours demandé au gouvernement congolais
de garantir  des années scolaires apaisées en trouvant solution en payant aux
enseignants un salaires humain. Le gouvernement congolais à l'instar des autres
gouvernements du monde doit assumer ses responsabilités face à l'éducation de la
jeunesse car les enfants constituent l'avenir d'une nation. J'ai toujours
demandé que les richesses du pays soient reparties d'une manière équitable. J'ai
toujours exigé que le budget que l'Etat congolais alloue à l'éducation réponde
dans le sens d'atteindre les objectifs de millénaire dont le Congo est aussi
partie prenante. 

  Mes prises de position ont fait que je puisse avoir plusieurs mises en
garde de la part de l'Abbé jean Marie KITUMAINI coordinateur provincial des
Ecoles conventionnés catholiques très lié au pouvoir qui a déliberement tout
fait pour me faire partir. Ce dernier pendant tout mon mandat a sollicité auprès
de mon chef direct des ouvertures d'action disciplinnaire pour me faire partir
et donc me faire taire. Etant incapable de les avoir il a obligé mon chef
direct de me déclarer déserteur profitant d'un de mes voyages en mission
syndicale en Argentine en mars 2010. Toutes les sorties que j'ai faites en
Europe dans le cadre syndical le mettaient mal à l'aise et lui seul connait ses
raisons. Pendant toutes mes absences pour des raisons syndicales toutes les
dispositions étaient toujours prises par la direction de mon école avec ma
collaboration pour que les élèves ne puissent pas perdre leur droit
de bénéficier des enseignements.

Monsieur l'Abbé Kitumaini Jean marie Vianey était conscient de toutes les
menaces de mort anonymes que je recevais sur mon portable. Il savait que les
différentes manifestations pacifiques ,les sit-in, les greves, les déclaration
que je faisais pour réclamer le droits des enseignants me mettaient en
difficulté avec certaines personnes au  pouvoir.

Monssieur l'Abbé Kitumaini a bien su que le 22 janvier 2010 suite à la
greve que les syndicats des enseignants   ont décrète depuis le 5 janvier 2010
au Sud-kivu pour réclamer l'application des accords conclus entre ces dernier et
le gouvernement en Aout 2009, les autorités étant incapable de touver solution
m'ont arreté à l' Agence Nationale de Renseignement pendant 7 heures brandissant
un motif  sans aucun fondement selon quoi que j'ai déclaré publiquement
commencer une révolution contre le pouvoir et que j'avais une milice avec moi.
Cette accusation m'a été faite devant mes deux camarades dont le responsable du
Syndicat des enseignants des écoles protestantes à Bukavu au bureau provincial
de l'Agence National de Renseignement (ANR). J'ai été relâché grâce à plus de
400 enseignants venus devant le bureau de l'ANR réclamer ma libération et
curieusement je n'ai reçu aucun coup de téléphone ni un quelconque message de la
part de l'Abbé Coordinateur des Ecoles pour me consoler ou m'encourager.

Pour en finir avec ma personne dans sa lettre  N.Réf:
MINIPESP/CDP/511/SP/599/2010  du 12 avril 2010 par laquelle il me reconfirmais
ma désertion qu'il a initiée lui même en âme et conscience esperent cette
fois-ci me faire taire  en obligeant mon chef direct de me déclarer déserteur
dans moins de 15 jours contre sa volonté au risque de perdre son poste(c'est le
coordinateur qui désigne et nomme les préfet),  dont copie adressée aux
autorités politiques et à l'Agencez National de Renseignement (ANR) il écivait
ce qui suit: "vous êtes parti prendre part à un atelier sur les droits
humains en Argentine et où vous deviez parler de la situation de la République
Démocratique du Congo en la matière. Etiez vous la personne la mieux indiquée
pour cette matière?
".

Excellences,Mesdames et Messieurs, dans un pays où  la situation de droit
de l'homme est révoltante au regard de tous les assassinats des
journalistes, prêtre, religieuses; defenseurs et activistes des droits humains
quel pouvait être l'intention de ce prêtre. Quel rapport y'avait il entre
ma désertion comme enseignant encore que cela était injuste et l'ANR. Comment
peut-on comprendre que ça soit un prêtre qui soit choqué du discours d'un
syndicaliste sur la situation des droits humains au Congo?
J'ai été convoqué
deux fois à l'ANR où on m'a brandit ladite lettre et on m'exigait
d'expliquer ce que j'avait déclaré dans mon discours à Buenos aires. Les
personnes sages m'ont conseillé de quitter le pays car j'étais déjà vendu
surtout que dans sa lettre N°.Réf: MINIPESP/CDP/511/SP/598/2010 il demandait à
ses alliées au pouvoir de lui assurer la securité visà vis de moi confirmant
ainsi les accusations de l'ANR que  j'avais une milice. Selon un cadre du
secteur de l'éducation au Sud-kivu et deux honorables Députés,  Monssieur l'Abbé
Kitumaini aurait déjà écrit d'autres lettres de ce genre aux autorités
politiques auxquelles je n'avaient pas pris connaissance pour des raisons
connues de lui même. 

A ma connaissance je suis convaincus  que les droits de l'homme universsels
appartiennent à tous. Il est légitime que les citoyens se regroupent pour en
assurer la défense et qu'ils cherchent à contribuer à leur respect au niveau
national et international. En plus Monssieur l'Abbé Kitumaini Coordinateur des
Ecoles conventionnées Catholiques à Bukavu devrait reconnaitre que la
déclaration sur les défenseurs des droits humains  adoptéés par l'Assemblée des
Nations Unis le 10 décembre 1998 reconnait que chacun a le droit,
induviduellement  ou en association avec d'autres de promouvoir la protection et
la realisation des droits de l'homme et des libertés fondamentales. 

En outre l'Abbé  a semblé oublier que le concept de justice sociale
qui était au centre de notre lutte  fait partie de la doctrine sociale de
l'Eglise, car abordée dans plusieurs encycliques: Rerum Novarum,Quadragesimo
Anno, Mater e Magistra, Centesimus Annus. 

Excellences,Mesdames et Messieurs Si nous parlons des droits de l'homme,
nous devons aussi parler des souffrances humaines, de la pauvreté et de
l'inegalité ce que je remercie la CENCO pour ses prises de position courageuses
en la matière. Nous ne pouvons pas exalter les droits civils et politiques et
ignorer les droits sociaux et économiques comme une étape pour garentir ce qui
est necessaire à la dignité humaine et au bon développement de tout le
peuple. 

Je suis très convaincus que les considérations politiques et économiques
des gouvernants doivent etre contestées lorsqu'elles ne viennent pas en aide au
peuple et surtout aux populations les plus défavorisées.  Je rends hommage à nos
Archeveques et Eveques qui ont toujours pris le courage de dénoncer les
violations des droits humains que subissent nos populations.

C'est pour cela que je voudrait vous demander de faire encore plus, pour
que votre voix continuent de s'élever en faveur des enfants surtout ceux qui
se voient innocemment etre privé de leur droit à l'éducation à cause d'un
système injuste
qui profitent à certains adultes décidés et très soucieux de
limiter la capacité d'action des syndicalistes.

A tous ceux qui ont reçu le pouvoir au nom de l'Eglise, toutes les
décisions qu'ils auront prises au nom de ce pouvoir, quand elles
peuvent être injustes c'est l'Eglise qui est crucifiée et nom les individus. Et
chaque fois que nous auront fait souffir les plus petits c'est Jesus que nous
crucifions davantage. Je m'imagine la souffrance de Jésus au regard de la façon
dont nous traitons nos propres enfants qui ne sont pas en mesure de payer cette
contribution des parent qui a transformé nos écoles en des régies financières
ainsi que l'éducation de base une marchandise et qui fait que beaucoup
d'enseignants soient mis à la porte quand ils ont osé lever leur petit doigts
pour exiger un peu de transparence. Quelle serait l'attitude de Jesus s'il était
lui enseignant, directeur,préfet, recteur,ou gestionnaire vis à vis de ces
enfants qui ne peuvent plus approcher nos écoles car démunis?

Aux camarades enseignants, nous sommes des humiliés sociaux dans notre
propre pays. Notre situation devrait plus nous pousser à faire de
notre désespoir un enjeu collectif, solidaire sans tomber dans le piège de la
violence. Cet enjeu pourrait nous permettre de revendiquer notre droit à une
existence digne.

N'ayez pas peur de faire une révolution contre cette prise en charge des
enseignants par les parents car c'est un mal. on ne peut pas tolérer un mal car
moindre qu'il soit il reste toujours un  mal.  Jesus Christ est le plus grand
revolutionnaire de tous les temps. Il naquit dans un monde où regnait
l'injustice, il ne s'était pas tu.

Je vous dis au-revoir tous avec ma conviction que le sang de nos
martyrs(Mgr Munzihirwa, Mgr Kataliko, Floribert Chebeya,Didace Namujimbo,Pascal
Kabungulu,Serge Maheshe,Brunu Koko,Abbé Daniel Cizimya, Sr Denise, Frank Ngyke
ect.) n'a pas été versé pour rien. le Congo s'en sortira un jour.

Pierre KABEZA 

syndicaliste des Enseignants en exil

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