12.08.10 Le Potentiel: Cinq questions à Betukumesu Lubuyi Didi (*) par Stephane Etinga
1. Vous venez de Kananga, siège national de lUnion
culturelle Lulua & Frères (UCLF) dont vous êtes le président
national. Comment expliquer votre absence de la capitale durant deux
mois ?
Mon absence de Kinshasa durant plus de deux mois est justifiée par
limportance des problèmes qui se posaient dans ma province dorigine,
le Kasaï Occidental, afin de trouver des solutions dans le cadre des
activités de lUnion culturelle Lulua & Frères (UCLF). Créée en
2003, lUCLF totalise aujourdhui sept ans. Il est donc normal que nous
puissions procéder de temps en temps à lévaluation de nos actions sur
le terrain, avec ceux qui ont donné naissance à notre alliance notamment
les chefs coutumiers, et lensemble de la population. Par ailleurs,
jai sillonné les dix territoires qui composent notre province parce que
notre Asbl y est implantée. Jai exhorté la base à se mettre au travail
pour la reconstruction de la province et à se faire enrôler massivement
en prévision des prochaines élections. A ce jour je peux vous dire que
lUCLF se porte très bien au Kasaï Occidental.
2. On vous reproche de jouer le rôle de juge dans le
règlement des conflits coutumiers de votre province. Quelle est la
vérité ?
La vérité est que lUCLF est lémanation des chefs coutumiers
eux-mêmes. Ce sont eux qui nous ont inspiré lidée de mettre sur pied
lactuelle Union des cultures des Lulua & Frères. Cest ainsi que
lorsquil se pose un problème qui dépasse parfois ladministration, les
chefs font appel à moi quils ont désigné à la tête de lUnion
culturelle, afin de leur apporter ma modeste contribution pour une
solution apaisée et durable. A titre illustratif, un conflit coutumier a
éclaté dernièrement à Dekese. Lon prétendait que les habitants, les
‘Ndengese ne veulent pas cohabiter avec dautres tribus. Jy suis
allé, jai parlé avec les chefs et la population. Au moment où nous
parlons il ny a plus de malentendu, le drapeau de lUCLF a été hissé.
Le problème ne se pose plus. Jai compris que le message des gens sur
cette population était erroné, parce que les politiciens cherchaient à
imposer leur volonté au lieu de rencontrer les autochtones, comprendre
et chercher à faire ce quils désirent. Une grande première à retenir :
avec les effigies du chef de lEtat reçues de son conseiller principal
Clément Mubiayi, et que jai eu le privilège de leur distribuer, chefs
coutumiers, notables, administratifs et population de Dekese et
dailleurs où je suis passé à lintérieur du pays, se sont réjouis de
voir pour la première fois pour certains, limage du président Kabila.
Beaucoup de gens ne le connaissent pas. Jai assumé mes responsabilités
en distribuant ces photos afin de le faire découvrir même dans la forêt
de Lody.
3. Comment lUnion Lulua & Frères considère le Cinquantenaire de la RDC ?
Tournons la page. Les 50 ans dindépendance de la RDC sont maintenant
un souvenir de bonheur pour les uns et de malheur pour les autres.
Regardons maintenant lavenir. LUCLF a fêté le Cinquantenaire à Kananga
où nous avons participé au défilé, devant le gouverneur de province,
Trésor Kapuku. Ce jour-là, le gouverneur a inauguré le monument
historique dun homme de 85 ans et qui est encore vivant. Il sagit du
tout premier gouverneur du Kasaï en la personne de Barthélemy Mukenga
Shabantu qui a assisté personnellement aux hommages lui rendus par la
province. Les 50 ans qui viennent commencent avec les cinq chantiers du
chef de lEtat Joseph Kabila afin reconstruire et de développer la RDC.
4. Quel souvenir avez-vous du jour de lindépendance qui est une date historique ?
Le 30 juin 1960, javais lâge de dix ans. Jai retenu que ce jour-
là, il y a avait le déplacement des gens qui passaient dun territoire à
lautre. Cest ainsi que de Mweka où je suis né je suis allé à Demba et
de là je devais aller à Luluabourg, actuellement Kananga. En route jai
vu beaucoup de cadavres des gens tués. Je ne men revenais pas du tout.
Jai tout de suite compris que lindépendance signifiait tuer les gens.
Ce souvenir ne ma jamais quitté. Le bon souvenir que jai aujourdhui
de lindépendance, cest lémancipation de la femme. Parce quelle était
considérée comme une esclave jadis. Aujourdhui, la femme congolaise
occupe le même rang que lhomme et elle sexprime librement. Cest une
joie, cest un acquis.
5.Est-ce que la population du Kasaï Occidental vit la réalité des 5 chantiers de la République ?
Sans démagogie ni mensonge, je peux affirmer que les 5 chantiers sont
visibles notamment à Kananga. Tenez, près de laéroport, à Tubuluku,
il y a une usine de bitumage déjà terminée et qui nattend que le coup
denvoi de la part de son constructeur brésilien. Les cinq fils de la
province envoyés au Brésil pour recevoir une formation sur le
fonctionnement de cette usine, sont déjà de retour à Kananga. A cela
sajoute le concasseur installé à la commune de la Nganza, le curage des
caniveaux bouchés depuis des décennies et ce, avant les travaux
dasphaltage. La réhabilitation des routes Kananga-Tshikapa,
Ilebo-Kananga, Kananga-Mbuji-Mayi, le rafraîchissement des murs des
édifices et résidences, etc. Tout récemment, le président de lAssemblée
nationale, Evariste Boshab a inauguré la petite centrale
hydroélectrique sur la rivière Lulua qui alimente en permanence
lhôpital général de référence de Kananga et les quartiers environnants,
tandis que les travaux du barrage de Katende ont déjà débuté.
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