13.08.10 Le Potentiel: Cinq questions à Richard Risasi Etutu, par St. Augustin Kinienzi
1.Quel état des lieux dressez-vous de lInstitut facultaire
des sciences agronomiques, IFA/Yangambi, au moment de votre prise des
fonctions ?
Nous sommes arrivé à lIFA/Yangambi en février. Cest fin décembre
2009 que nous avons été nommé par arrêté ministériel, notifié le 13
janvier 2010 pour effectivement entrer en fonction le 3 février. Et en
arrivant, nous avons trouvé lIFA dans des conditions difficiles,
notamment dues à des grèves et manifestations détudiants qui
descendaient en ville. Nous avons donc été nommé, et ceci est mentionné
expressis verbis sur lacte de nomination, pour ramener le calme à
lIFA/Yangambi.
Il fallait prôner le dialogue avec les manifestants (étudiants),
aménager la petite infrastructure de linstitution (salles de cours,
latrines, bureaux). Un travail de conscientisation des étudiants a été
mené avec dextérité. Aujourdhui, le résultat est là. Aucun étudiant de
lIFA ne descend plus dans la rue. La prime des étudiants a été
régularisée, le laboratoire réaménagé. Le visiteur qui débarque à
Yangambi est frappé par la propreté et lordre qui règnent à lIFA ; les
gens se sont remis au travail. LIFA venait de passer 20 bonnes années
sans véhicule et 10 jours seulement après notre prise des fonctions,
lIFA sest doté dune Jeep 4×4 qui fait aujourdhui la fierté de
linstitution.
2. Quels sont les axes prioritaires du plan daction mis sur pied pour sortir lIFA/Yangambi de létat où vous lavez trouvé ?
Les grandes lignes de notre plan daction avaient été tracées par
Son Excellence Monsieur le ministre Léonard Mashako Mamba que je tiens à
remercier, et avec lui, le président de la République pour la confiance
témoignée à ma personne. En me nommant à cette fonction, javais
mission de redorer limage de marque de lIFA. On retient que
lIFA/Yangambi est la toute première institution de formation
agronomique du pays, mais qui a traversé des périodes sombres. Cest
aussi la première institution du pays à avoir formé localement plus de
10 docteurs en sciences agronomiques. Il fallait donc maintenir haut ce
flambeau et souhaiter en même temps que dautres docteurs soient
diplômés sur place. Nous devrions également maintenir le niveau des
ingénieurs agronomes de lIFA qui sont les meilleurs de la République.
Il fallait aussi ouvrir lIFA à la face du monde. Le service de la
coopération était inexistant avant notre arrivée. Cet avec joie que
nous vous annonçons quaujourdhui nous sommes en partenariat avec le
projet MIDA dune valeur de près de 55 000 euros. Il consiste à amener
des professeurs de la diaspora congolaise à lIFA. Certains sont déjà
arrivés. Un projet de laboratoire phytopathologie sera aussi monté dans
un avenir proche à lIFA. REDD sannonce également avec un projet
valant plus de 300 000 euros, à côté dun autre de plus de 400 000
euros. Avec tout ceci, lIFA est en train de reprendre sa place. Pour
clore ce chapitre, retenez quà partir doctobre prochain, des
professeurs belges seront à lIFA pour animer le 3ème cycle en
partenariat avec lUnesco.
3. Quelles difficultés rencontrez-vous dans laccomplissement de vos objectifs ?
LIFA a besoin dun financement immédiat du gouvernement. Et nous
avons déjà des promesses de la tutelle qui nous a fait comprendre que
lIFA figure en bonne position des priorités de financement du
gouvernement. Il se ressent aussi un besoin accru de disposer de bus
pour étudiants, pour laccueil des visiteurs à laéroport de Kisangani
et dun grand véhicule pour le trafic sur laxe Kisangani-Yangambi. Nous
avons besoin dinformatiser la gestion de lIFA, disposer de
lInternet, du courant et de leau en permanence. LIFA fait figure de
parent pauvre et attend donc limplication personnelle du gouverneur de
province pour son rayonnement.
4. Comment lIFA entend-il mettre la recherche agronomique
au service de la nation surtout en ce moment où la RDC est à la
recherche des repères pour son développement ?
Vous savez que lIFA est en train de réintégrer Yangambi à un moment
où le site est plus ou moins préparé. Nous avons plusieurs organismes
qui travaillent déjà avec nous. Parmi ces organismes, il y a Paideco,
WWF, Inera notre partenaire traditionnel et le projet REDD qui est en
voie de sinstaller à lIFA. La mise en marche de la radio communautaire
de lIFA qui fonctionne à merveille est aussi un acquis que nous
comptabilisons. Entre-temps, Paideco vient avec un grand projet financé
par FIDA, lequel aura lavantage de faire émerger lIFA/Yangambi.
Pour répondre à votre question, il faut dire les professeurs de
Yangambi vont participer, de concert avec les ingénieurs de lInera à la
recherche pointue au niveau agronomique, non seulement pour des besoins
de sciences mais aussi pour résoudre des problèmes de notre société, de
notre pays. LIFA sattelle immédiatement aux problèmes dalimentation,
de vie quotidienne des agriculteurs à Yangambi, sur laxe
Kisangani-Yangambi et au-delà vers Isangi. Au sein du projet REDD
(réduction des effets dus au déboisement et à la dégradation des forêts)
par exemple, lIFA est appelé à trouver des alternatives à
lagriculture sur brûlis. Le dégagement du CO2 des pays développés
surtout et les effets de lagriculture sur brûlis dérangent sérieusement
lécosystème dans le monde. LIFA a donc la mission de mettre sur pied
de nouvelles méthodes de culture qui seront appliquées en RDC.
5. A votre arrivée, lIFA a présenté beaucoup de problèmes.
Quelle politique avez-vous mise en place pour contenter tout le monde
et mobiliser ainsi vos troupes pour ce résultat en si laps de temps ?
Larme à notre portée est la conscientisation aussi bien des
étudiants que du personnel académique et scientifique. Nous prônons le
dialogue permanent avec les étudiants et les administratifs. Et je pense
quen leur faisant confiance, ils nous font confiance eux aussi. Nous
travaillons aussi avec larme de la présence : toute la communauté IFA
est édifiée par notre présence tant à Kisangani quà Yangambi. Nous
sommes présent sur terrain par des visites de travail. Tout le monde est
conscientisé et sest remis au travail.