13.08.10 Le Potentiel – Professeur Mampuya : «Il nest pas normal que lélection du président de la République intervienne au-delà de son mandat»
Le ministère de la Communication et des Médias accuse les acteurs
politiques dentamer déjà la propagande électorale anticipée ou
prématurée avant le délai fixé par la Constitution. Est-ce que parler
politique, cest déjà faire de la propagande électorale?
Parler politique, cest la mission de tout politicien. Parler
politique, cest examiner ce que fait le gouvernement de la République,
critiquer et analyser ce que fait et doit faire lExécutif, et dire ce
qui aurait dû être fait, cest-à-dire, faire des propositions. Jai
entendu le ministre de la Communication et des Médias se plaindre que
les acteurs politiques auraient déjà entamé la propagande électorale. Je
pense quon ne doit pas confondre faire la politique et parler
politique, et la propagande électorale. Il y a une propagande organisée
en vue des élections qui se tiennent dans les tout prochains mois, etc.
Mais les partis politiques font de la politique toute leur vie durant.
Cest-à-dire quils parlent de leur pays, de la chose publique. Ils
critiquent et apprécient les actions du gouvernement et lui font des
propositions
Les acteurs politiques ne doivent pas seulement faire des
propositions mais aussi saisir cette opportunité pour faire leur propre
propagande en promettant de faire mieux prochainement dés quils seront
élus…
Certains acteurs politiques le disent mais ne convainquent pas du
tout. Je pense quils sont dans lerreur. Nous les connaissons tous bien
et nous les avons déjà vus à lœuvre. Ils ne viennent pas de la planète
Mars. Même ceux qui sont aujourdhui au pouvoir, nous les connaissons
bien. Je dirais plutôt que cest le gouvernement, en commençant par le
ministre de la Communication et des Médias, qui, chaque jour, ne fait
que de la propagande électorale dans ses propos.
Pourriez-vous illustrer vos propos ?
Tenez ! Quand on a interdit à la presse et aux acteurs politiques de
parler contre le programme «Tolérance zéro », jai entendu le même
ministre menacer de foudre tous ceux qui parleraient en mal de ce slogan
de propagande. Je le qualifie de slogan parce quil lest devenu
aujourdhui. Il a été aussi défendu de critiquer ou parler contre les «
Cinq Chantiers ». Quelle est, aujourdhui, la politique gouvernementale ?
Je suis convaincu que le gouvernement nen a pas. Il est en train
dailleurs de tâtonner. Depuis quatre ans, on a vu ce gouvernement en
train de naviguer à vue, découvrant, comme nous, tous les problèmes et
se débattant pour les résoudre.
Alors, que dire du point dachèvement quil vient datteindre ?
Je suis convaincu quil na pas une politique ou une vision de
gouvernance. Le gouvernement résout tant bien que mal les problèmes
quil découvre. Aujourdhui, quand on lui pose une question, pour raison
de propagande électorale, il répond quil sagit des « Cinq Chantiers
». Je trouve que les membres du gouvernement veulent faire du président
de la République leur domestique ou leur boy. Je ne sais pas ce qui les
empêche de faire de la politique. Ils veulent tous se cacher derrière
lui. Ils prennent des initiatives et parlent en son nom ou sur ses
instructions. Même le Premier ministre fait autant. Et je me demande
pourquoi il est chef du gouvernement. Pourquoi le président de la
République, en dehors de ses attributions constitutionnelles, ne peut-il
pas se reposer? Pourquoi doit-on lui mettre tout sur le dos ?
Malheureusement, cest ce qui arrive aujourdhui. Aussi bien les
parlementaires que les membres de lExécutif sen remettent tous au
président de la République. Quils renoncent alors à faire de la
politique. Moi, je ne peux pas renoncer à parler de la chose publique.
Je pense quinterdire à un Congolais le droit de parler de la chose
publique est une prétention qui na aucun fondement. Cest ce qui jette
le jalon dune dérive dictatoriale.
Vous soutenez que le gouvernement ne fait que tâtonner, alors
quil vient de réaliser une réussite patente : latteinte du point
dachèvement. Nest-ce pas là une politique réfléchie, car on ne peut y
arriver tout en tâtonnant ?
Dans cette histoire du point dachèvement, le gouvernement a eu à
marquer un pas en avant et deux pas en arrière. La mission de la Banque
mondiale et celle du Fonds monétaire international (FMI) ont toujours
dit quil y avait des choses à faire. En juin, les deux institutions
avaient dit quelles nont pas été convaincues. Et puis, tout dun coup,
on est surpris dapprendre que le point dachèvement est atteint. Je
reproche à notre gouvernement le manque de transparence. Vous vous
rappelez quaprès avoir monté avec les deux institutions monétaires le
point dachèvement et ses conséquences, le gouvernement na jamais pris
la peine dexpliquer aux Congolais ce que cest le point dachèvement
dinitiative PPTE. Ce langage exotérique, magique na jamais été compris
par tous les Congolais. Il y a là une sorte de mépris de lopinion
publique congolaise qui fait quon ne croit pas avoir le droit de lui
expliquer ces choses.
Quà cela ne tienne ! Si le FMI et la Banque mondiale ont trouvé
quon est arrivé au bout et que, par conséquent, ils pouvaient déclarer
quon avait atteint le point dachèvement, il est maintenant évident
quon ne doit plus payer une grande partie de notre dette extérieure.
Mais cela ne signifie pas, comme je lai entendu dans certains médias,
que le gouvernement avait épuré sa dette. Il faut le répéter, on a eu
pitié de la RDC tellement quelle sétait criblée de dette dont elle
était incapable de sacquitter. En réalité, ce processus a été décidé
par les bailleurs de fonds eux-mêmes. Il ne faut pas oublier que nous
avons aussi sollicité la suppression de cette dette extérieure. Pour des
raisons qui ne sont pas toujours valables, on disait, pour faire la
propagande, que cest une dette ignoble. Et pourtant, une dette ignoble a
toujours un sens.
Il y a des gens qui utilisent une expression sans en connaître
le sens. Ils disent que cétait une dette contractée et bouffée par feu
le président Mobutu. Ils ignorent complètement la structure de cette
dette extérieure congolaise. Ce sont des gens qui veulent faire de la
propagande qui tiennent un tel discours. Il faut noter quaprès la
suppression de cette dette extérieure, tout largent réservé au paiement
de la dette va servir, notamment, aux programmes sociaux et de
développement.
Au sujet de cette dette extérieure, on nous dit quon payait 50
millions alors quon ne payait pratiquement rien. On ne payait pas aux
partenaires bilatéraux. On continuait à payer à la Banque Mondiale et au
Fonds Monétaire International parce quils cherchaient de tout bloquer.
Savez-vous ce que les partenaires bilatéraux, notamment, la France, la
Grande-Bretagne et la France ont fait de cette dette ? Ils lavaient
déjà balayée. Ils navaient plus des mécanismes traditionnels pour
garantir les investisseurs. Ils avaient réglé ces problèmes et nétaient
plus considérés comme des créanciers. Alors, ils ne perdent et ne
gagnent rien. Mais il faudrait quon ne prouve où seraient affectés les
50 millions.
En réalité, cette manière de gouverner constitue un frein au
développement du pays si nous continuons avec les mêmes méthodes. Jai
entendu dabord que lon est en train de préparer les critères et
procédures pour un endettement productif. Autrement dit, on va continuer
à sendetter de toutes les manières. Mais le problème est de savoir si
le résultat, le produit des emprunts que nous faisons peut être mis au
service de véritables politiques de développement et de progrès social.
Tout le drame est là. Si nous continuons avec la même gestion, au regard
de labsence de gouvernance qui nous caractérise, nous retomberons très
rapidement dans un endettement qui va salourdir de plus en plus. Parce
que, tout simplement le produit demprunt que nous avons obtenu naura
servi à rien.
La Commission électorale indépendante a publié le calendrier
pour les prochaines élections. Votre parti politique est-il prêt
aujourdhui à se jeter à leau ?
Quand on crée un parti politique, on sengage dans laction
politique. On doit à tout moment se jeter à leau. Il y a cinq mois que
le parti politique que nous avons créé vient de faire sa sortie
officielle. Et cela, tout en sachant que les élections seront organisées
en 2011. Dans notre parti politique, nous agissons en prévision de ces
échéances électorales.
Cela veut dire que vous adhérez complètement au calendrier électoral rendu public par la CEI ?
De toute façon, cest la CEI qui est le maître dœuvre et qui, par
conséquent, doit fixer et publier le calendrier électoral. Mais on
constate de nouveau limpasse sur les élections locales, municipales,
etc.
Mais elles sont prévues le 31 janvier 2013…
En 2006, on avait promis leur organisation pour 2007. En 2006, il y
avait une sorte dexcuses. Encore une fois, les gouvernants ne se
donnent jamais la peine dexpliquer. Aujourdhui, la CEI se permet de
fixer et publier le calendrier électoral. La fois dernière, on ne nous
avait pas dit pourquoi les élections locales nont pas été organisées.
Pourtant, il y avait bien des raisons. Cest parce quen 2006, les lois
fondamentales sur les entités décentralisées nétaient pas encore
votées. Et on ne pouvait pas organiser les élections locales dans les
entités qui nexistent pas juridiquement. Mais cette explication ne nous
a jamais été donnée. Dans ses réflexes traditionnels sur lorganisation
des élections, le ministre de lIntérieur, qui nest pas de la CEI,
avait déclaré que les cartes délecteurs étaient caduques. Jai noté que
la CEI navait pas protesté. Elle sarrangeait. Donc, elle nétait pas
indépendante.
Aujourdhui, le président de la CEI déclare que les cartes
délecteurs vont continuer à circuler comme des cartes didentité. Ça,
cest jouer sur les mots. Le ministre a déjà dit quelles sont caduques
et quon doit reprendre les opérations. Notamment lenregistrement des
électeurs et linscription sur les listes électorales. Mais ce membre du
gouvernement devait aussi nous fournir des explications sur des
raisons qui lont conduit à déclarer les cartes délecteurs caduques.
On ne nous a jamais dit pourquoi linscription sur les listes
délecteurs a été annulée et remplacée par une nouvelle.
Aujourdhui, la CEI publie son calendrier et post-pose les
élections locales. Mais le cycle des élections se fait en fonction de
temps. On ne va pas étaler sur trois ou quatre ans le cycle des
élections devant participer à un même mandat : on termine le premier
mandat de la troisième République, on commence le deuxième avec les
élections qui sont étendues sur une période de trois ans. Mais pourquoi
procède-t-on de la sorte ? Pourquoi ne va-t-on pas commencer par les
élections locales ? La CEI ne nous dit rien. Il y a peut-être des
raisons. Mais on ne nous les donne pas. On nous dira peut-être, comme en
2006, que la Communauté internationale veut que nous organisions
dabord la présidentielle et les législatives. Il y a à peine un an, la
même communauté internationale a tapé du point sur la table pour que
lon organise les élections locales. Même en ce moment-là, elle savait
que les élections générales seront organisées en 2011. Le gouvernement
navait pas tardé à réagir en disant que la RDC était souveraine et
navait pas à recevoir des injections. Aujourdhui, je pense que la
Communauté internationale ne peut pas accepter que les élections locales
soient renvoyées en 2013. Donc, ce nest pas elle qui a fait pression.
Est-ce que cest le pouvoir en place qui la voulu ? Mais quon nous le
dise. Le pouvoir a ses raisons. Et même si ses raisons sont avouables,
il doit des explications aux Congolais.
La classe politique congolaise, notamment lopposition, ne fait plus du recensement un préalable pour des élections …
Cest de guerre lasse. Peut-être fatiguée dexiger cela. Et comme en
2005 et 2006, beaucoup sont pressés de renouveler leur mandat et dêtre à
la mangeoire. Donc, tout le reste et les alentours sont considérés
comme des détails. Il y a ceux qui savent quils seront favorisés par le
système en place, et doivent compter sur un vote tribal. Tel que lon
organise dailleurs la loi électorale, jen dirais un mot : on favorise
le vote tribal et clanique. Cest pourquoi, tous ceux qui nont rien à
dire, tous ceux qui nont rien à proposer, se précipitent aujourdhui
pour aller aux élections. Parce quils veulent vendre leur tête à leurs
frères tribaux et claniques. Espérant quils seront réélus et
chanteront victoire dans leurs districts et secteurs.
Ne donnez-vous pas limpression que la classe politique congolaise a plutôt peur des élections ?
Je ne sais pas sil y a des opérateurs politiques qui ont peur daller aux élections.
Mais il y a ceux qui risquent dêtre sanctionnés négativement et qui ont peur des élections-sanctions dans ce pays…
Mais des élections-sanctions ne sont pas un mal. On sanctionne celui
qui na rien fait, quand il était au pouvoir. Il a tellement peu fait
que les électeurs ne sont pas satisfaits.
Même si lopposition na rien proposé ?
Jai toujours formulé des critiques aussi bien à lopposition quau
pouvoir en place, de ne pas présenter un contenu de gouvernance, de n
avoir jamais défini, pour tel domaine ou tel autre, une politique
publique. La notion de la politique publique leur est inconnue
dailleurs. Jai toujours dit que notre drame est de voguer sans vision
de gouvernance. Dans les débats organisés sur les différentes chaînes
dé télévision, il est difficile de voir les membres du pouvoir défendre
valablement leur politique et ceux de lopposition les critiquer pour en
donner des propositions.
Généralement, les deux camps se livrent à des débats de
positionnement. Ceux du pouvoir ne font que parler des « Cinq Chantiers »
et se disent alignés tous derrière le chef de lEtat. Comme si leur
programme ou toutes leurs idées ne se limitent que sur celles du chef de
lEtat. Ceux de lopposition nont de cesse quà bouter dehors les
autres, sans même chercher à mesurer leurs chances. Tenez ! Il y a déjà
une vingtaine de candidats déclarés de lopposition à la présidence.
Quont-ils à proposer encore aux Congolais parce que nous les
connaissons tous bien ? Il est possible quils sachent quils ne peuvent
pas participer véritablement aux élections présidentielles. Ils savent
quils ne peuvent pas les gagner de cette manière. Mais je ne dis pas
quils ont peur. Ceux qui peuvent véritablement avoir des raisons
dambitionner la présidence de la République pourraient être des
candidats sérieux et ont peut-être de lappréhension pour organiser
toutes les choses. Je pense que le président de la République, Joseph
Kabila, organise aujourdhui des élections, parce quil le veut
réellement. Et il le veut parce quil a un intérêt : organiser vite ces
élections quil peut gagner facilement parce quen face de lui, il y a
un vide. Qui peut lui faire face pour le moment ?
Dun côté, vous reprochez la précipitation et le manque
dorganisation qui caractérisent ces élections ; de lautre, vous dites
que le président de la République na aucun challenger en face de lui.
Que faire ? Croiser les bras, ne pas organiser les élections jusquà
lémergence dune nouvelle force ? Ou bien, on doit respecter les
échéances électorales conformément à la Constitution…
Je ne dois pas me transformer en donneur des leçons aux membres de lopposition.
Vous pouvez peut-être donner des propositions…
Je voulais plutôt ouvrir le débat afin de clarifier le débat
présidentiel. Quoique lon le dise, le président Joseph Kabila et son
camp sont en train de sorganiser pour mettre en place des conditions
dune unité dactions. Même une unité de candidature. Croyez-vous que
tous les soi-disant candidats de lopposition à la présidence ont plus
des propositions que le président Kabila et son camp ? Pensez-vous
quils sont convaincus quils sont meilleurs pour ce pays ? Je ne le
pense pas. Ils le font juste pour se positionner, tout faire pour
sapprocher de la mangeoire, et si possible, si la chance leur souriait
de se placer même au centre de la mangeoire. Cest pourquoi, ils ne
peuvent pas me convaincre. Je pense que sils continuent de la sorte,
ils auront finalement leurs yeux pour pleurer. Les gens vont
certainement désister parce quils savent que ces derniers nauront rien
à leur apporter.
Pensez-vous que le contenu du calendrier électoral, dont vous
reprochez léparpillement des échéances, soit conforme à la Constitution
?
Je dirais demblée non. Parce que la disposition fondamentale en
cette matière, cest larticle 73 qui dispose : « Le scrutin de
lélection pour le président de la République est convoqué par la
commission nationale des élections quatre-vingt et dix jours avant
lexpiration du mandat du président en exercice ».
Le mandat du président actuel expire le 26 décembre 2011. Quatre
vingt et dix jours, ce nest pas le 27 novembre, mais cest les 5, 6 et
7 septembre. Ne me reprochez pas de vouloir encore trop rapprocher la
date pour ceux qui ne se sont pas encore préparés. Je constate seulement
les faits constitutionnels. Larticle 73 ne dit pas que cest dans les
quatre vingt et dix jours. Mais dans les quatre-vingt et dix jours
avant. Cest-à-dire, si lon veut interpréter, cest au moins dans les
quatre-vingt et dix jours avant, dans les quatre vingt et dix jours,
jusquau 5 décembre, cest bon. Mais cela nest pas lexpression de la
Constitution. Et en même temps, il nest pas normal que lélection du
président de la République puisse intervenir au-de là de son mandat.
A supposer quil revienne au deuxième tour. Et conformément à la
loi électorale, à ce moment-là, le président de la République sera élu
et le deuxième tour sera fixé trois mois plus tard, le 28 février 2012.
Ce nest pas normal. Et cela sera dans linconstitutionnalité. Ça ne
nous dérangera pas peut-être parce que, dans ce pays, nous violons la
loi, chaque jour. Tenez ! La loi sur la CENI a été dailleurs promulguée
au-delà de tout délai. Notre parlement est composé dà peu près un
tiers détrangers et vote de telles lois qui sont inconstitutionnelles.
Et cela ne gêne personne.
Ne doit-on pas recourir aux dispositions transitoires de cette même Constitution pour abolition…
Il y a une disposition qui est émise pour toujours tricher. Et cela
fait très mal… Le président en fonction preste jusquà lentrée de son
successeur. Cette disposition signifie que les élections sont supposées
être organisées dans le délai constitutionnel : quatre vingt et dix
jours avant la fin du mandat. Parce quil y a plein de choses à
préparer, notamment, la passation du pouvoir, lorganisation de cette
cérémonie, etc. A ce moment, le président est déjà élu. Alors
interpréter cette disposition pour couvrir une sorte de vide juridique,
qui peut être provoqué, délibéré, est de la tricherie. Cette disposition
suppose que les élections se sont déroulées normalement dans le délai
constitutionnel.
Quelle en est la conséquence ?
Sur le plan juridique, il ny aura rien, si on ne fait rien. Si lon
ne peut pas attaquer la CEI ou sa décision, on continuera. Et si telle
est la volonté politique, les élections seront organisées selon ce
calendrier.
Qui peut attaquer la CEI dans le cas despèce ? Et je rappelle que vous avez été parmi les rédacteurs de cette Constitution.
Je nétais pas rédacteur. Javais été invité comme expert. Il y a des
dispositions de la Constitution qui me font plaisir. Ce nest pas parce
que je les avais écrites mais plutôt parce quelles sont bonnes. En
RDC, on a parfois peur de dire qui a fait quoi. Quand cest bon, on dit
toujours que cest le chef. Et quand cest mauvais, on dit toujours que
cest les autres…
La Cour suprême de justice ne peut-elle pas exiger la
modification de ce calendrier pour permettre à la CEI de se conformer à
la Constitution ?
Elle ne peut pas se saisir delle. Il faut que lon projette. Je ne
saurais pas dire de mémoire ce que dit la loi électorale sur toutes ces
étapes. Ceux qui organisent ces étapes-là et qui prévoient le
contentieux. Si mes souvenirs sont bons, le contentieux nest prévu que
pour prévenir la régularité des candidatures et pour les résultats
électoraux, mais pas pour les décisions que prend la CEI. Même la
chambre administrative de la Cour suprême ne peut pas se saisir du
dossier.
Il ny a pas dauto-saisine. On ne voit nulle part où le
procureur général, dans lintérêt de la Nation pourrait saisir la Cour
pour quelle se prononce.
Même les citoyens congolais ne peuvent-ils pas se constituer et saisir prononcer la Cour suprême pour quelle se prononce ?
Cest pour cela que jallais dire que sur le plan politique, les
choses peuvent être faites par voie extra constitutionnelle ou par voie
constitutionnelle, par les pétitions, par les actions politiques. Je
pense que la CEI doit reconnaître que, là, elle est en dehors du délai
constitutionnel. Je ne dis pas quelle ramène lorganisation des
élections dans un délai qui va être raccourci de ce que dit la
Constitution. Pour la question que vous mavez posée, jindique que le
calendrier ainsi fait est anti-constitutionnel sur ce plan-là.