18.08.10 Le Potentiel – Cinq questions à Berthe Akatshi Osako (*), par St. Augustin Kinienzi

 

1. La RD Congo est cinquantenaire. Dans quel cadre célébrez-vous ce jubilé d’or à l’ONT ?

Nous célébrons ce jubilé d’or sous le signe de la relance du tourisme
congolais avec la réhabilitation des places du 30 Juin, du
Cinquantenaire, du monument dédié à la mémoire de Joseph Kasa-Vubu, du
Mont Tshombe à Lubumbashi, du baobab de Stanley à Boma. Avec ses 2 345
000 km2, 3ème en Afrique après l’Algérie et le Soudan ; située au cœur
du continent et à cheval sur l’Equateur, la RDC est dotée des
spécificités touristiques que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Le
Congo-Kinshasa regorge également des parcs naturels et autres réserves
de faune sauvage uniques en leur genre tant qu’en terme de variétés
d’espèces qu’en animaux concentrés au même endroit. Sans oublier les
folklores riches et singuliers et autres attraits historico-culturels
tels les monuments, les festivals ainsi qu’une mosaïque de cultures et
traditions reflétant les peuplades diverses de ce sous-continent.
Il convient de rappeler que le tourisme congolais a connu ses heures de
gloire et obtenu des résultats notables durant l’ère coloniale,
notamment la tenue du 1er Congrès international du tourisme africain à
Costermansville (Bukavu) en 1936. il a aussi brillé entre 1965-1975
avant de sombrer dans une véritable léthargie. Après l’indépendance, la
RD Congo connaîtra des événements tristes et sanglants (crises
politiques, sécession, rébellion, mutineries, etc.) qui n’épargneront
pas le secteur touristique. Avec les nouvelles missions que le pouvoir
central vient de nous confier, l’Office national du tourisme (ONT)
entend relancer le tourisme congolais.

2.Au regard d’immenses ressources touristiques relevées,
quelle politique de relance mise en place pour faire participer ce
secteur au développement socioéconomique du pays ?

L’ONT est un bras séculier du gouvernement chargé d’appliquer la
politique du tourisme en RDC. Il s’agit de la politique définie par le
gouvernement à travers le ministère de l’Environnement, de la
Conservation de la nature et du Tourisme (MECNT) ; laquelle consiste en
la promotion du tourisme par tous les moyens appropriés. Au niveau
national, l’ONT doit faire du tourisme un des secteurs prioritaires en
vue du développement du pays, assurer une gestion de proximité du
tourisme, en redynamisant, associant et responsabilisant les structures
locales des ANT et des communautés de base. Il s’agit aussi de
promouvoir le tourisme social et des jeunes, en assurer le marketing ;
encourager les privés à investir dans le secteur…Au plan international,
l’Office doit assurer la promotion du tourisme à l’étranger et en
améliorer le marketing ; privilégier le tourisme sélectif et développer
l’écotourisme et le tourisme culturel, le tourisme d’affaires et de
congrès … L’ONT doit aussi contribuer au maintien de la compétitivité
des prix des prestations touristiques par un rapport qualité-prix
conséquent et par l’offre des commodités relativement meilleures à
celles de la concurrence. Cette politique permet de faire de la RDC une
destination privilégiée avec des incidences financières.

3. A quelles difficultés bute le secteur touristique congolais ?

Le secteur bute à des difficultés de plusieurs ordres que nous
regroupons en deux axes, notamment le manque de volonté politique et
l’absence d’un cadre juridique réglementant la gestion et le
fonctionnement du secteur.
Il s’agit de l’absence d’une vision commune sur le tourisme de la part
de décideurs étatiques, à l’origine d’une instabilité institutionnelle
dont le tourisme fait le frais ; la modicité du budget alloué au secteur
(moins un pourcent) ; les tracasseries policières et administratives ;
la cherté de la destination RDC ; l’absence quasi permanente de la RDC
aux instances et manifestations internationales du tourisme ;
l’incapacité pour le pays de s’acquitter de ses obligations auprès des
organisations supranationales chargées de gérer le secteur ; la vétusté
et l’insuffisance d’infrastructures de base et d’accueil ; l’absence de
supports promotionnels ; le manque d’éducation de la masse en matière de
tourisme…
Pour ce qui est du cadre juridique, depuis l’époque coloniale à ce
jour, l’activité touristique en RDC est organisée par des dispositions
légales et réglementaires disparates ne s’intéressant qu’à certains
domaines. La loi-cadre sur le tourisme, projet de loi en examen à
l’Assemblée nationale (66 art) viendra corriger cette lacune. La loi
aura l’avantage de doter la RDC d’un cadre légal complet, car instrument
idéal pour le redécollage du tourisme congolais.

4. Qu’est-ce que l’Office attend des pouvoirs publics ?

L’ONT attend la résorption effective des difficultés évoqués ci-haut.
Concrètement, l’Office attend la manifestation d’une volonté politique
par l’allocation d’un budget conséquent au secteur touristique, à
l’instar des pays à vocation touristique comme le Kenya ; la Maroc… dont
les budgets nationaux respectifs prévoient au moins 80% pour le secteur
du tourisme. IL s’agit également de l’assouplissement des procédures
administratives et policières ; l’adoption et la promulgation de la
loi-cadre sur le tourisme…

5.De nouveaux sites ont vu le jour dans le cadre du jubilé d’or. Quelle en est la politique de gestion et d’entretien ?

Il y a lieu de relever ici que parmi les missions confiées à l’ONT
dans le cadre du décret n°009/65 du 3 décembre 2009 qui a fixé ses
nouveaux statuts, il convient de citer celles qui consistent à
promouvoir l’écotourisme, le tourisme social et le tourisme des jeunes… ;
commercialiser le produit touristique de la RDC ; recenser, aménager et
gérer les sites non classés ; assurer la préservation et la protection
des ressources touristiques. Par sites non classés, il faut comprendre
ceux qui n’appartiennent ni au ministère de la Culture et des Arts, ni à
l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), ni à
l’Institut national de musée congolais (INMC) moins encore aux privés.
De nouveaux sites ont été aménagés dans le cadre du jubilé d’or, c’est à
l’Exécutif central de les déclarer d’intérêt national, provincial ou
encore local. L’ONT va se charger de leur promotion ou encore de la
cogestion avec l’organe étatique ou paraétatique auquel la gestion sera
confiée.
Néanmoins, l’Office avait initié la visite guidée de ces sites au
lendemain des festivités jubilaires dans le but de montrer aux nationaux
et expatriés de nouveaux lieux d’évasion où ils pourront de divertir,
s’épanouir eux-mêmes et leurs familles.

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