03.09.10 Le Potentiel: Cinq questions à Céline Schmitt (*), par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. Le HCR a supervisé le rapatriement de 500 réfugiés
congolais de Kala et Mwange en Zambie. Pourriez-vous retracer
l’événement ?

L’opération de rapatriement des réfugiés congolais vivant en Zambie
vers la RDC a commencé en 2007. Quelque 40.000 réfugiés sont de retour
dont 16.000 en 2009. Au début, le retour était timide, mais depuis juin
et juillet, cela a pris de l’ampleur. La majorité rentrait pour refaire
leur vie et participer au développement du pays. L’opération de
rapatriement des réfugiés congolais du camp de Kala dans le district
zambien de Kawambwa, a pris 3 jours et s’est effectuée par route après
avoir quitté tôt leur camp. Après une nuit passée au centre de transit
à Mwange, dans le district de Mporokoso, où ils ont été rejoints par
ceux de ce centre à destination de Mpulungu. C’est alors qu’ils ont pris
le bateau M/T Liemba en direction du port de Moba en RDC où ils
étaient accueillis par le HCR, les autorités locales, les partenaires
opérationnels ainsi que les anciens rapatriés. Ils étaient ensuite
transférés dans des centres de transit, où ils ont rempli les
formalités administratives et médicales. Ces retournés ont été
sensibilisés sur l’assistance qui va leur être apportée pour leur
intégration. Ils ont reçu un kit de biens de première nécessité, de
vivres et de matériel de construction avant d’être amené dans leur
village d’origine.

2. Pourquoi le HCR a-t-il initié cette opération maintenant ?

La volonté de retour est très importante et élevée de la part de ces
réfugiés de Kala et Mwange. Sur quelque 3.500 réfugiés actuellement
hébergés au camp de Kala, plus de 1.900 ont exprimé leur volonté de
rentrer et planifient déjà leur retour. Les mêmes intentions de retour
ont été enregistrées auprès de quelque 3.000 réfugiés hébergés au camp
de Mwange. La semaine dernière, 1.000 réfugiés sont rentrés en RDC. Ils
vont servir d’exemple aux autres. C’est le cas d’un médecin qui a fait
voyager ses enfants lors du convoi du 28 août 2010 afin qu’ils puissent
se faire inscrire dans une école secondaire à Moba. Le reste de sa
famille suivra dans les prochains mois. Cela s’inscrit dans le cadre
des visites « go and see » et « come and tell » organisée par le HCR et
ses partenaires congolais et zambiens.

3. Est-il exact que la récente opération ait été
conjointement supervisée par le HCR, les autorités congolaises et
zambiennes ?

L’opération de rapatriement s’effectue dans le cadre de la tripartite
entre le HCR, les gouvernements de la Zambie et de la RDC signé en
2007. Cet accord est la base juridique du rapatriement. Le partenariat
entre les trois parties vise à la fois au niveau gouvernemental, mais
aussi le niveau technique. Toutes les décisions relatives à cette
opération sont prises en concertation, dans le cadre de cet accord. Par
ailleurs, au niveau opérationnel, le HCR travaille avec un certain
nombre de partenaires spécialisés dans le domaine tel que la logistique,
la santé, la mobilisation et la sensibilisation communautaire mais
aussi dans le cadre de la distribution es vivres.

4. Comment les réfugiés ont-ils réagi par rapport à l’opération ? N’y a-t-il pas eu des hésitants parmi eux ?

Il est important de rappeler que le rapatriement est volontaire.
Beaucoup de rapatriés ont passé plus de 10 ans en exil. Une grande
partie de ces réfugiés avaient exprimé la volonté de rentrer chez eux.
Nous avons suivi ensemble le convoi de rapatriement et avons passé la
nuit avec eux pendant la dernière étape de retour à bord du bateau.
Nous avons pu voir leur sentiment à chaque étape de ce retour. Un
sentiment de joie mais également une certaine nervosité au départ. Mais
cela n’est rien par rapport à la joie exprimée à l’arrivée au port de
Moba mais surtout lors de leur retour dans leurs villages d’origine.
L’accueil par des proches qu’ils n’ont pas vu depuis 10 ans a été
pathétique. Ceux des réfugiés qui ont refusé de rentrer, seront
transférés au site d’installation de Maheba lorsque les deux camps de
Kala et de Mwange seront fermés bien plus tard cette année.

5. Qu’a fait le HCR pour ceux qui sont rentrés en RDC et à quand le prochain retour ?

Les réfugiés qui rentrent en RDC sont d’abord transférés dans un
centre de transit, où ils seront hébergés et recevront un repas chaud
avant de regagner leur destination finale. Dans le centre de transit,
ils bénéficient d’une assistance liée à leur retour et leur
réintégration. Ils seront assistés pour les formalités administratives,
médicales et recevront un kit de retour composé de vivres pour 4 mois
donné par le PAM , des biens de première nécessité, un kit de
construction et pour les familles de 3 personnes, plus des tôles et 1
vélo. Le HCR et ses partenaires vont les aider à recommencer la vie
dans leurs villages d’origine qu’ils ont quittés il y a 10 ans. Cela se
matérialise par la construction des abris pour les vulnérables, la
construction et la réhabilitation des écoles, des centres de santé et de
système d’adduction d’eau. Toute cela se fait sur une base
communautaire en associant les populations locales. Pour permettre leur
réintégration, les rapatriés bénéficient également de formation
professionnelle et de l’appui pour la mise en place des activités
génératrices de revenus afin de faciliter les rapatriés de s’intégrer.
Ils bénéficieront de l’exemption des taxes pour une période de 6 mois à
la date de leur arrivée. Le dernier convoi visible est celui du 31
août 2010 avec l’arrivée de quelque 500 réfugiés rapatriés à la fois
par voie fluviale. D’ici la fin du mois d’octobre, l’opération pourrait
prendre fin et les parties signataires de l’accord tripartite feront
alors le point de la situation pour fixer les prochaines étapes d’ici la
fin de l’année.

PROPOS RECUEILLIS PAR EYENGA SANA

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