14.09.10 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS ) Jean-Claude Mokeni, par Stephane Etinga

 

1. L’Onu va publier bientôt un rapport sur le génocide rwandais commis en RDC. Qu’en dites-vous ?

Je salue la décision de l’Onu de reconnaître le génocide commis par
l’armée rwandaise en RDC. Je suis satisfait d’apprendre que la
communauté internationale revient à la raison en dénonçant ce que la RDC
a toujours réclamé. Je me demande cependant, pourquoi l’Onu a mis
plusieurs années avant de publier ce rapport. Quelle est d’ailleurs
l’opportunité de le publier en ce moment précis où l’on note un
réchauffement certain des relations d’amitié et de coopération entre la
RDC et le Rwanda, où notre pays se trouve dans la fièvre des élections
générales annoncées pour 2011, où les efforts sont en train de se
réaliser en vue de l’assainissement du climat des affaires, et enfin la
période où la RDC se prépare à accueillir le prochain sommet de la
francophonie.
Voilà ma réaction et ma préoccupation sur cette affaire.

2. Que retenir de vos vacances parlementaires et de la session budgétaire du mois de septembre?

Cette rentrée parlementaire est un moment important pour notre pays,
étant donné que nous sommes maintenant à la veille des élections
générales qui s’annoncent pour 2011. Le Parlement va à partir de demain
siéger et légiférer afin d’asseoir un véritable Etat de droit dans ce
pays. Vous savez que notre pays a atteint le point d’achèvement. C’est
une étape importante franchie par le Gouvernement, mais cela ne veut pas
dire qu’il y aura tout de suite un changement dans le pays. Il s’agit
bien sûr d’un effort consenti par le peuple et par le Gouvernement. Mais
celui-ci doit encore travailler beaucoup afin de pouvoir mobiliser les
recettes et donner ainsi à l’Etat les moyens de sa politique et faire
face à ses obligations, notamment pour améliorer la sécurité, les
conditions sociales et sanitaires de la population. Le point
d’achèvement c’est surtout aussi la capacité de la RDC de pouvoir se
dégager de ses responsabilités au niveau de la dette. Je ne pense pas
qu’il y aura une incidence réelle sur le budget 2011.

3. Des voix se sont levées pour condamner la publication par
la CEI du calendrier électoral de 2011, soulignant que cette tâche
revient la CENI. Quelle est votre position ?

Je n’épouse pas ce point de vue. Je me rallie plutôt du côté de ceux
qui pensent qu’il n’y a pas de souci à se faire sur le calendrier
électoral. Parce que sa publication s’est faite à la demande des
partenaires et de la communauté internationale. Ils ont souhaité voir
par là la volonté réelle et la capacité du gouvernement de pouvoir
organiser les élections en 2011. Vous savez qu’à ce jour la CENI n’est
pas encore mise en place. On ne peut pas continuer d’attendre jusqu’à ce
qu’elle soit constituée. Doit-on donc se permettre de garder un vide
juridique jusqu’à l’organisation des élections ? Nous connaissons les
difficultés qui ont entouré le vote de la loi sur la CENI au niveau du
Parlement et nous pensons qu’il en sera ainsi pour la constitution du
bureau de la CENI. Une chose est certaine : nous attendons ce bureau
avec impatience. Le chef de l’Etat et le Gouvernement ont donc pris
leurs responsabilités pour ne pas laisser la situation évoluer sans
maître. Par la publication du calendrier électoral ils ont voulu donner
un signal fort en direction de la communauté internationale et des
partenaires afin de mieux préparer un budget conséquent. Et nous sommes
satisfaits.

4. Quelle est la situation de la Province Orientale et particulièrement celle du Bas-Uélé, votre fief électoral ?

Il y a deux constats : la satisfaction et l’insatisfaction. La
satisfaction c’est en ce qui concerne la réalisation des cinq chantiers
de la République, particulièrement la réhabilitation des infrastructures
routières, tant pour les routes principales que pour les routes de
desserte agricole. Les unes ont été réhabilitées et d’autres sont en
voie de l’être. Je peux citer par exemple le projet de réhabilitation de
l’axe Kisangani-Lubutu financé par l’Union européenne, ainsi que les 70
km qui séparent Kisangani et Buta. On a réellement tenu compte des
préoccupations de la population. Pour moi, les efforts sont faits et
sont visibles afin de désenclaver la province. Mais sur le plan social
et économique le constat reste mitigé. Parce que nous ne devons pas tout
attendre du gouvernement sans rien faire. Il faut créer les conditions
qui permettent aux gens de travailler, de produire et créer
l’abondance. La Province Orientale étant essentiellement agricole, qui
dit route dit production agricole. Sur le plan sécuritaire, le calme est
revenu dans la province. Avec l’installation de la base américaine, la
situation sécuritaire s’est nettement améliorée. Aujourd’hui, la
population et les opérateurs économiques sont convaincus qu’il n’y aura
plus de groupes armés qui viendraient troubler la paix. Dans le
Bas-Uélé, l’action conjointe des armées congolaise et ougandaise a pu
éloigner la LRA qui s’est déplacée vers la République Centrafricaine.

5. Que dites-vous du livre du sénateur Modeste Mutinga intitulé « RDC, la République des inconscients »?

Mutinga a fait un bel essai. C’est un travail journalistique qui
permet de regarder le tableau de ce qui a été fait. Mais, pour moi, on
ne devrait pas rester à regarder le passé, mais essayer de s’améliorer.
C’est un beau livre contenant le tableau de bord du comportement des uns
et des autres. Il nous appartient maintenant d’en tirer les
conséquences afin de parvenir à une meilleure gouvernance dans notre
pays.

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