16.09.10 Le Potentiel: Cinq questions à Moïse Ekanga (*)

1.Pouvez-vous mieux préciser les grandes lignes du partenariat
entre la RDC et la Chine que l’on sait diviser en trois phases
distinctes?

II ne s’agit pas réellement d’un partenariat gagnant- gagnant, mais
d’un certain côté on pourrait le dire puisque c’est mentionné dans les
accords. Ce que je veux montrer ici est que le projet de coopération qui
nous unit aux entreprises chinoises est le projet de coopération
5mo-congolais, et ce projet se présente sous deux aspects: un projet
minier et un projet d’infrastructures. Les Chinois se sont engagés à
financer les deux projets et le projet minier servira de garantie au
remboursement de tous les financements alloués tant aux infrastructures
qu’au développement du projet minier. Cette coopération a été
matérialisée par la Convention de collaboration signée le 22 avril2008,
qui met en relation les intérêts du Congo et de la Chine. D’un côté la
partie congolaise requiert des infrastructures, mais manque de moyens et
de main-d’oeuvre qualifiée pour les construire, et de l’autre la partie
chinoise, en situation d’excédent financier, a besoin de s’assurer une
source fiable de matières premières.

2. Quel est la hauteur de l’accord ?

Initialement, le montant total de l’accord était de 9,2 milliards de
dollars, à raison de 6 milliards pour les infrastructures — divisés en 2
tranches de 3 milliards chacune — et 3,2 milliards pour
l’investissement minier. Mais nous avons dû faire face à des
difficultés avec les bailleurs de fonds traditionnels tels que la Banque
mondiale, le Fond monétaire international, le Club de Paris et le Club
de Londres, qui considéraient que nous avions privilégié le créancier
chinois au déni- ment d’autres créanciers. Étant donné que la deuxième
tranche des infrastructures qui s’élevait à 3 milliards devait être
remboursée par la fiscalité prélevée au niveau de l’exploitation de la
Sicomines, le Fond monétaire international nous a demandé de supprimer
cette deuxième tranche. Après renégociations avec la partie chinoise,
nous avons décidé de réduire le montant de la transaction, pour nous
accorder sur un montant de 6,2 milliards de dollars au lieu des 9,2
milliards initialement prévus, à raison de 3 milliards pour les
infrastructures et 3,2 milliards pour le projet minier.

3. Que répondez-vous à ceux -parfois même des Congolais – qui
estiment que votre pays se fait «spolier» par les Chinois et que ce
partenariat est plus profitable à la Chine qu’à la RDC?

Je soulignais précédemment le fait que ce partenariat est un
partenariat comme tous les autres. Avec les anciens partenaires, la part
revenant à la Gécamines était comprise entre 7 et 25%, tandis que cette
part s’élève à 32% avec les Chinois, ce qui représente pour nous une
grande première. De plus, pour les réserves de l0 millions de tonnes de
gisements de cuivre, le «pas-de-porte» prévu pour la Gécamines est de
350 millions de dollars à raison de 35 dollars la tonne, alors que cette
tonne rapportait à peine 10 dollars avec les autres partenariats. Et
lorsque l’on tente de réviser les contrats miniers avec les entreprises
autres que chinoises, elles ne se montrent pas prêtes à payer plus de 20
dollars la tonne. Donc ce partenariat n’est pas uniquement profitable
aux Chinois, et nous ne nous faisons pas «spolier». Deuxième chose,
lorsque les gens se mettent en association, les bénéfices nets sont
généralement divisés en terme de dividendes entre les actionnaires. Or
dans ce cas-là, nous réservons 66% des bénéfices nets au remboursement
des investissements réalisés dans les infrastructures et dans les
projets miniers, et sur les 34% restant, la Gécamines en récupère 32% et
les entreprises chinoises se répartissent les autres 68% sans obtenir
de contrepartie.

4. Le Bureau de coordination de financement sino-congolais et
l’Agence congolaise des grands travaux ne sont pas des agences
d’exécution de travaux, mais de planification des travaux. Quel est à ce
titre votre rôle précis et concret? S’agit-il plus d’impulser ou de
coordonner?

L’Agence des grands travaux est un service du ministère des
Infrastructures. La Convention stipule que si ce n’est pas le ministère
des Infrastructures lui-même qui s’occupe du suivi des travaux sur le
terrain, il a la possibilité de déléguer, et nous avons créé cette
structure comme étant le maître d’ouvrage délégué. Cette agence réalise
le travail du ministère des Infrastructures dans le suivi des travaux
sur le terrain. Le Bureau de coordination est le bureau qui est chargé
de l’ensemble de la coordination du programme sino-congolais…

5. Concernant l’évolution des termes de la coopération
sino-congolaise, pouvez-vous nous dire ce qui a été effectivement
réalisé, ce qui reste à faire?

Dans le projet de coopération, nous avons deux projets: le projet
minier et le projet d’infrastructures. Concernant le projet minier, des
études de faisabilité ont été réalisées et ont été approuvées par le
conseil d’administration de la Sicomines, avant d’être soumises au
gouvernement chinois pour approbation. Les Chinois ont déjà déboursé 518
millions de dollars sur les 3,2 milliards prévus pour des travaux
préliminaires et le paiement du «pas-de-porte».
Sur le plan des infrastructures, différents projets d’hôpitaux et de
routes ont représenté environ 338 millions de dollars sur les 350
millions de dollars prévus, et je pense qu’ils seront réalisés d’ici
l’année prochaine. En plus de ces 350 millions de dollars, nous avons
reçu une tranche de 400 millions de dollars dont environ 115 viennent
d’être débloqués pour certains projets urgents, à l’instar des projets
liés aux festivités du 30juin, au Boulevard du 30 Juin et au Boulevard
Triomphal de Kinshasa, et à la Place du Cinquantenaire communément
appelée «Esplanade du Palais du peuple», où se déroulera l’ensemble du
défilé.

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