23.09.10 Le Potentiel: CINQ QUESTIONS à Crispin Lwambwa Milambu (

 

1.«La Conscience kasaïenne» pour qui et pourquoi?

Vous êtes sans ignorer qu’il existe aussi une « Conscience katangaise
» ici au Katanga, dont on connaît l’animateur qui s’en réclame
d’ailleurs publiquement. La « Conscience kasaïenne » est ainsi une
identité de tous les ressortissants de deux Kasaï, au départ du Katanga,
dont tout le monde connaît l’histoire depuis 1960. Et, cela face à
cette autre réalité, dont je viens de vous parler. Cependant, la «
Conscience kasaïenne », c’est aussi l’expression de tous les Congolais,
non originaires habitant cette province, qui sont en quête de leurs
droits socio-économiques, reconnus par la Constitution, cette loi
suprême pour notre pays, opposable à tous, y compris le chef de l’Etat.
Et, pour être plus clair et précis, la « Conscience kasaïenne » est une
ASBL » et non un parti politique. Elle est régie par l’arrêté
ministériel de fonctionnement provisoire, en attendant la personnalité
juridique, conformément aux dispositions du décret-loi n°004/2001 du 20
juillet 2001 (art. 3,4 et 5). Elle a ses statuts notariés depuis le 27
novembre 2009, alors que l’Arrêté ministériel de fonctionnement
provisoire remonte au 30 décembre 2009.

2. Dans une province comme le Katanga, votre initiative ne risque-t-elle pas d’être mal comprise ou mal interprétée?

Tout d’abord, je tiens à vous dire que la fin de la sécession
katangaise, au lieu d’être un fait politique, a été plutôt une victoire
militaire d’un camp sur un autre. Et, cette victoire militaire d’un camp
sur un autre, a été rendue possible grâce au soutien des troupes de
l’ONUC, celle-ci n’ayant pas joué son rôle de médiateur et de
pacificateur. Tout cela, à cause de l’influence des Etats-Unis
d’Amérique qui soutenaient, au pays, un camp contre un autre, qui était
soutenu, lui, par la Belgique. Cette situation a créé des frustrations
dans le coeur d’un bon nombre des Katangais, partisans de l’indépendance
de leur province et dans les coeurs d’autres Congolais, habitant cette
contrée, principalement les Kasaïens, n’ayant pas eu l’occasion
d’exprimer leurs aspirations et leurs revendications. Par exemple, au
cours d’une Table ronde où toutes ces forces pouvaient être
représentées. Le pays a raté ainsi l’occasion d’organiser la toute
première table ronde pour la paix. Actuellement, l’histoire se répète,
mais le contexte et les acteurs ont changé. La « Conscience kasaïenne»
est donc cet instrument qui milite tout d’abord pour la paix au Katanga.
Elle est également un instrument légal et fiable, à la disposition des
autorités tant provinciales que nationales, pour promouvoir le dialogue
inter- communautaire, comme l’a souhaité d’ailleurs, dernièrement, le
chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, lors de sa rencontre avec les
élus et les notables katangais. Par ailleurs, on a souvent reproché aux
Kasaïens de ne pas s’intégrer. Mais, pour s’intégrer, il faut d’abord
avoir une identité. S’intégrer n’est pas synonyme « d’absorption ». Nous
avons ici, au Katanga, le carrefour de toutes les cultures de notre
pays. C’est donc pour ma part, – et je le partage -, un rendez-vous du
donner et du recevoir, de part et d’autre, « un mealtingpot ». Etre mal
compris ? Je ne le crois pas. En ma qualité d’initiateur de la «
Conscience kasaïenne », après ma conversion, je ne peux que parler de
réconciliation entre les hommes et les peuples. C’est d’ailleurs pour
cela que j’ai rencontré M. Louis Koyagialo, en sa qualité d’ancien
gouverneur du Katanga et de secrétaire exécutif a.i. de l’AMP. J’ai
sollicité son intervention, auprès du gouverneur actuel du Katanga pour
qu’il considère la « Conscience kasaïenne » comme un canal par lequel,
il peut engager un dialogue fructueux et porteur d’espoir pour cette
province, avec la communauté kasaïenne habitant le Katanga, qu’il ne
faut pas confondre avec les autres Kasaïens qui habitent d’autres
contrées, au pays comme à l’étranger.

3. Et, pourtant, il existe déjà l’ANSALU…

Attention, il faut préciser qu’il existe une confusion dans le
fonctionnement des associations socio-culturelles. La plupart d’entre
elles, d’après mes informations, existent d’une manière informelle.
L’ANSALU (Association Nsanga Lubangu), à laquelle vous faites allusion,
concerne une seule tribu, ayant des ramifications aussi bien au Katanga
qu’au Kasaï. Tandis que la « Conscience kasaïenne » regroupe toutes les
tribus du Kasaï, comme la « Fondation katangaise » englobe toutes les
tribus du Katanga, dont le président est en même temps président de
l’Entente interprovinciale.

4. D’aucuns disent déjà que la « Conscience kasaïenne » est une manière pour vous de rentrer en politique…

Autrefois, vous m’aviez demandé si, avec mon nouveau discours de
fraternité entre les communautés, je ne risquais pas d’être considéré «
comme un traître par ma propre communauté. Je vous avais répondu, si mes
souvenirs sont bons, que je n’étais pas traître à ma propre communauté
et j’ajoutais que, si celle-ci peut me considérer comme traître suite à
ma conversion, permettez-moi aussi de la considérer comme une communauté
qui ne connaît pas Dieu. Personnellement, je viens de la politique.
J’ai mis ma main à la charrue. Et, comme dit la Parole de Dieu, il ne
m’est plus permis, en tant qu’enfant de lumière, de regarder en arrière,
c’est-à-dire de retourner à ce que j’ai déjà vomi. Car, la politique, à
mon avis, et pour un enfant de lumière, c’est le domaine des intérêts,
des concurrences, de jalousie, des disputes, en un mot de la violence,
en paroles comme en actes. Bref, de l’égoïsme. Le royaume pour lequel je
travaille maintenant, c’est un royaume d’amour, de justice, d’équité et
de pardon. Katangais et Kasaïens, nous avons tous été créés à l’image
de Dieu et selon sa ressemblance, à moins que vous ne me disiez le
contraire.

5. Concrètement, comment la « Conscience kasaïenne » doit-elle s’exprimer?

Pour cette question-là, je vous demande d’aller rencontrer le comité
national de la « Conscience kasaïenne », dont le président est Me
Mutamba Framulo, Moi, je ne suis que l’autorité morale, en ma qualité
d’initiateur de cette ASBL.

TIREES DE QUIPROQUO

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