RDC : Les mandataires publics, Africom et les probables élections de 2011. Un autre chaos se préparerait… (JP Mbelu)

Pourquoi
nous enfermons-nous dans la logique binaire de  «  ou bien…ou
bien.. . » ? Qu’est-ce qui nous pousse à croire qu’entrevoir une autre
sortie de la situation infrahumaine où nous nous retrouvons aujourd’hui
ne peut se passer de l’alternative infernale dans laquelle nous nous
enfermons ?

 

Souvent,
par notre faute, nous refusons de désapprendre. Que faisons des leçons
tirées des élections de 2006 ? Quelle a été le degré d’efficacité de
ceux d’entre nous qui, par refus de pratiquer la politique de la chaise
vide ont accepté d’aller aux élections avec des ex-seigneurs de guerre
dont l’implication dans le double génocide rwandais et congolais tend à
devenir davantage un secret de polichinelle ? Cautionnant une imposture, ils accompagnent, à ce jour, des gouvernants quémandant des
« appuis budgétaires extérieurs » aux pays dont les économies
connaissent une grave crise provoquée par le triomphe de la cupidité !

 

Serons-nous
un jour plusieurs à descendre dans les coulisses du pouvoir maffieux
qui s’installe durablement chez nous et à apprendre d’autres façons plus
conséquentes de lui résister que celles que dicte le viol de notre
imaginaire collectif ? Lequel viol est entretenu par « les experts » de
ce même pouvoir à coup de billets de banque, de la désinformation, le coupagisme et de l’instrumentalisation de la tribu biologique. Notre
foi aveugle dans une démocratie conçue comme pouvoir du peuple, par le
peuple et pour le peuple fait courir plusieurs d’entre nous derrière le
vent. Cette course leur fait perdre leur capacité de se souvenir et d’analyser sérieusement la
réalité.

 

Nous
ne le dirons jamais assez. Une analyse sérieuse des coulisses des
élections révèle que les ex-seigneurs de guerre « reconvertis » en
« politicailleurs » chez nous n’ont jamais renoncé à la logique de la
guerre et de la prédation. Les nominations des mandataires
publics dont ils ont le monopole et la formation des militaires
dispensée par Africom y contribueraient. (Les Etats-Unis n’ont pas
renoncé à leur idée d’avoir la mainmise sur les pays des Grands Lacs par
leurs nègres de service interposés. Ils collaborent avec
le régime dictatorial du Rwanda et ils s’installent davantage au Congo
sans qu’ils ne rendent compte à quiconque de leur implication dans les
crimes imprescriptibles commis par leurs hommes et
femmes liges.)

De
nos sources à Kinshasa, nous venons d’avoir trois informations que nous
livrons à l’appréciation de nos compatriotes, soucieux de fouiner dans
les coulisses des élections de 2011 :

« 1.
Les mandataires publics de l'obédience de l'AMP et PPRD ont reçu un mot
d'ordre du représentant de l'autorité morale de l'AMP pour contribuer
au financement de la campagne de Joseph Kabila aux élections de 2011.
Mais ceux-ci refusent puisqu'une partie ne croyant pas en la victoire de
Joseph Kabila en 2011 et une autre partie craignant les représailles
judiciaires.

2. La nouvelle législation en préparation par le
Ministère de l'intérieur, décentralisation et Sécurité va exiger a tous
les candidats aux élections  de relever leurs sources de financement
respectives. Cette mesure vise les candidats de l'opposition radicale
dont les sources de financement sont essentiellement de l'extérieur. Le
Ministre de l'intérieur a mis en exécution  le plan pour favoriser et
financer les candidats au sein de l'opposition en
vue de noyer les candidatures crédibles. Dans les mois qui viennent, on
va assister à un foisonnement des candidats dont la majorité financée
par le régime…

3. Un plan pour éliminer physiquement tout
candidat physique gênant la candidature de Joseph Kabila pour 2011 est
conçu par une commission mixte de sécurité composée en majorité de
katangais. Cette commission se réunit chaque dimanche vers 19h à l'Etat
Major de renseignement militaire (ex DEMIAP) à Kitambo. Cette commission
est composée des officiers de la garde républicaine (dont certains
viennent d'être formes par les américains pour le compte Africom), de
l'Etat Major de renseignement miliaires, de la police nationale et de
certains experts en la matière de l’ANR et  du
CNS. Notre source relève que parmi les candidats les plus redoutés sont
Etienne Tshisekedi dont la cote est
remontée depuis sa conférence de Bruxelles et Guillaume Ngefa,
actuellement en séjour aux USA. » Nos sources concluent : « Toutes ces
informations sont plus que vérifiables sur terrain. »

 

Prisonniers
de la logique martiale et de la prédation, auteurs présumés de
plusieurs crimes imprescriptibles dans la région des Grands Lacs,
plusieurs ex-seigneurs de guerre gouvernant notre pays par défi se
moquent de la foi de plusieurs d’entre nous en l’imposture démocratique
et dans le processus électoral dont nous ne maîtrisons ni les tenants ni
les aboutissants. Ayant peur d’être traînés devant les cours et
tribunaux du peuple, ils ont encore besoin d’une amnistie pouvant
couvrir leurs forfaits. Les déboulonner par les élections semble relever
d’un rêve « des illuminés ». Mais peut-être aussi d’une foi
inébranlable dans la rupture et le changement de système par des
mécanismes institutionnels et légaux ! Le système actuel montrant sa
fausseté,  ses
limites, ses failles et ouvrant quelques brèches…

 

Il
est possible que cette « foi nous sauve ». A condition qu’elle ne soit
pas naïve. Mais, à quel prix ? C’est peut-être ce prix à payer pour
notre autodétermination en cet an 1 de notre lutte collective qui
devrait mobiliser les cœurs et les intelligences des « minorités
organisées d’acteurs-créateurs » pour et avec le peuple. « Dans les
faits, il est fatal qu’une minorité organisée qui obéit à un élan
unique, l’emporte sur une majorité désorganisée. La force de la
minorité, quelle qu’elle soit, est irrésistible face à tout individu de
la majorité, qui se trouve seul face à la totalité de la minorité
organisée ; et, dans le même temps, on peut dire que celle-ci est
organisée précisément parce qu’elle est minorité. » (L. CANFORA, L’imposture démocratique. Du procès de Socrate à l’élection de G.W. Bush, Paris, Flammarion, 2003, p.103) Nos
minorités organisées formeront-elles des totalités (inter-) liées,
capables de faire face au péril d’un éternel pris en otage de nos
populations par des ex-seigneurs de guerre depuis plus d’une décennie ?
L’avenir nous le dira…

 

J.-P. Mbelu

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