08.10.10 Le Potentiel: Cinq questions à Adolphe Lumanu (*)

 

1. Depuis que vous êtes nommé vice-Premier ministre,
ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, quels sont les secteurs de
votre ministère que vous avez déjà maîtrisés?

Mes premiers contacts avec le ministère l’Intérieur remontent déjà à
mes études universitaires sanctionnées par un doctorat en Sciences
politiques et administratives et un parcours de trente-quatre ans riche
d’expérience et d’expertise dans l’enseignement et la recherche. Cette
dimension professionnelle, somme théorique et académique, a été vite
enrichie par mon parcours politique qui s’est caractérisé par un lien
direct ou indirect avec ce grand ministère de souveraineté. Sachez que
j’ai occupé notamment les fonctions de vice-ministre des Affaires
intérieures chargé de la Territoriale et des Affaires coutumières;
vice-gouverneur de la province du Kasaï Oriental chargé des Questions
économiques, financières et développement; Directeur national adjoint de
la Police des Mines et des Hydrocarbures de la Police nationale
congolaise; Directeur de cabinet et conseiller des ministres; ministre
des Relations avec le Parlement et, surtout, Directeur de cabinet du
chef de l’Etat. Je puis donc, en toute modestie, vous confirmer avoir
une maîtrise suffisante de tous les secteurs de mon ministère pour me
permettre la mise en pratique de la politique du gouvernement dans ce
domaine. Politique initiée et inspirée par le président de la République
Joseph Kabila Kabange.

2. Les chefs coutumiers semblent contester la décentralisation. Qu’en dites-vous ?

A ma connaissance, les chefs coutumiers ne s’opposent nullement au
processus de décentralisation dans leurs juridictions. Ils contestent
seulement l’incohérence de la configuration de certaines nouvelles
chefferies qui n’a pas tenu compte des réalités historiques,
traditionnelles et de viabilité de « leurs terres ». Les chefs
coutumiers présents à Kinshasa lors des cérémonies du Cinquantenaire
l’ont fait savoir au gouvernement qui a promis d’en tenir compte et de
procéder, si nécessaire, à des rectificatifs.

3. Pourquoi laissez-vous impunis les acteurs politiques
connus de tous à Kinshasa qui manipulent leurs bases dans l’Est du pays
en vue de créer un climat d’insécurité ?

II n’est pas question de laisser qui que ce soit impuni dans notre
pays. La politique de « Tolérance Zéro » est bien une réalité. Les
initiatives du chef de l’Etat à ce sujet sont sans équivoque.
Souvenons-nous, à titre d’exemple, des mesures qu’il a prises aussi bien
à l’égard de l’administration publique que de la magistrature et qui
ont constitué des signaux très forts en direction de tous. Il ne reste
qu’au Procureur Général près chaque Cour d’appel, qui a la plénitude de
l’exercice de l’action publique, à agir. Car il est seul habilité à
engager des poursuites contre les personnes qui ont commis des
infractions à la loi pénale.

4. Quelle synthèse faites-vous de votre dernière réunion avec les gouverneurs de province?

Cette réunion importante, la toute première avec tous les gouverneurs
rassemblés, a été non seulement l’occasion de faire le point sur les
responsabilités des uns et des autres pour un fonctionnement harmonieux,
mais aussi de faire le tour d’horizon sur la situation politique du
pays et, surtout, échanger sur des perspectives d’avenir. Quatre points
étaient à l’ordre du jour. Primo, l’attitude du gouvernement face à
l’atteinte du point d’achèvement. Il faut noter ici les orientations
claires et précises du chef de l’Etat qui se résument en ce que le pays
ne devra plus s’endetter. Les équilibres macroéconomiques doivent être
maintenus, la lutte contre la corruption intensifiée, l’orthodoxie
financière et la tolérance zéro observées ; et les économies dégagées
ainsi que les ressources disponibles affectées à des investissements
productifs, aux infrastructures et au capital humain. Secundo, la portée
du principe de libre administration des provinces adopté par la
Constitution qui signifie en clair que notre pays demeure un Etat
unitaire, mais décentralisé et que le régionalisme politique institué
détermine les compétences entre les deux échelons de pouvoir et non deux
niveaux de pouvoir d’Etat. Tertio, les relations avec les partis
politiques pour encourager les gouverneurs de province à combler le
déficit d’information auprès des partis politiques évoluant dans leurs
ressorts respectifs. Quarto, les échéances électorales pour solliciter
l’implication, sans réserve, de ces représentants du gouvernement
central en province dans la sensibilisation des populations pour la
tenue des élections dans un climat de paix et de concorde nationale.

5. Les élections présidentielles, législatives et locales auront-elles lieu en 2011 ?

Je tiens à rassurer tous mes compatriotes, encore sceptiques, de la
détermination du Président de la République de voir les élections
organisées dans le délai constitutionnel. Le Chef de l’Etat a,
d’ailleurs, à cette occasion, instruit le gouvernement de soutenir, sans
équivoque, la Commission électorale indépendante pour l’organisation de
tout le cycle électoral. Pour lier l’acte à la parole et dans le cadre
de l’opération de révision du fichier électoral, phase essentielle dans
l’organisation des élections, le gouvernement vient de financer
l’acquisition par la CEI de 9.600 nouveaux kits électoraux pour
accélérer le processus d’identification des électeurs. J’ai
personnellement procédé officiellement à la remise des 2.000 kits déjà
disponibles auxquels il faut ajouter près de 7.000 kits issus des
élections de 2006 et qui ont été reconditionnés. Au total, plus de
15.000 kits seront disponibles pour l’opération d’enrôlement des
électeurs. Il va de soi que le doute sur la tenue des élections
générales en 2011 n’est plus de mise. Le calendrier électoral 2010-2013,
reprenant les différents scrutins, vient d’être publié par la CEI…

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