12.10.10 Le Potentiel: Cinq questions à Martin Lofete (*), par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1. Vous venez de prendre part au Sommet de l’Assemblée
générale sur les objectifs du millénaire pour le développement à New
York. De quoi il était question ?

Nous étions invités au Sommet des Nations unies sur les objectifs du
Millénaire pour le développement qui s’est tenu à New York, du 20 au
22 septembre 2010. Comme vous le savez, la communauté internationale
ainsi que les Nations unies ont recommandé aux Etats membres
d’atteindre certains objectifs à l’horizon 2015. A plus ou moins 5 ans
de cet objectif, on constate que ces objectifs ne sont pas atteints
encore moins réalisés pour plusieurs raisons. Notamment, à cause de la
série de crises mondiales telle que la crise alimentaire, le changement
climatique, la crise financière qui a entraînée la crise économique.
Cette série de crises, d’une façon globale n’a pas permis au
gouvernement d’atteindre les différents objectifs suivants : réduire la
pauvreté et la faim, réduire le sous-emploi et le chômage par la
création des emplois, combler le manque d’accès à l’éducation et aux
soins de santé, organiser la protection sociale pour tous et lutter
contre la dégradation climatique.

2. En tant que membre participant de la Société civile, quel a été votre plaidoyer ?

Au cours de ce sommet, les participants des Etats membres et de la
Société civile du monde, dont les activistes des droits de l’Homme, les
syndicalistes et d’autres membres des ONG devraient, d’une part évaluer
sur base des rapports pays, les performances ou/et les
contre-performances réalisées par chaque gouvernement. Ensuite, il
fallait proposer les alternatives qui permettront à accélérer
l’atteinte desdits objectifs d’ici 2010, si possible. Mais d’une façon
globale, les résultats, à travers le monde, étaient mitigés.

3. Pourquoi êtes-vous pessimistes quant aux résultats atteints jusqu’à ce jour ?

Je suis inquiet pour des raisons ci-après : les différentes crises
ont eu des effets négatifs sur l’aide publique au développement qui
pourraient freiner le développement des Etats du Sud ; bien que cela
peut avoir des effets contraires avec les mêmes problèmes se posent à
des degrés divers pour les Etats du Nord, c’est-à-dire des Etats
développés. A ces crises, nous pouvons ajouter ce que le syndicat a
soulevé dans notre pays où l’absence d’une réelle volonté politique de
travailler dans le sens de l’amélioration des problèmes posés à travers
les différentes questions qui ont soumises au gouvernement congolais.
Ce dernier doit nécessairement l’examiner et y apporter des réponses
appropriées. Pour preuve, le rapport national produit par le ministère
du Plan congolais qui est l’autorité politique qui pilote ce grand
projet a soutenu qu’il n’a pas été atteint, à part les performances
réalisées dans le domaine de l’éducation et que le taux
d’alphabétisation atteint dans notre pays. Cela traduit également le
manque d’une gouvernance sociale, économique et politique qui pourrait
permettre de lutter complètement contre la pauvreté, le sous-emploi,
etc.

4. Quelle est l’approche du syndicat sur le plan national
et international au regard des dimensions sociales du sommet des
Objectifs du millénaire pour le développement ?

En ce qui concerne le mouvement syndical mondial et congolais,
notamment la Confédération syndicale du Congo (CSC) en particulier, une
nouvelle approche politique est nécessaire. Elle devrait mettre un
accent sur la croissance induite par une nouvelle démarche. La même
démarche devrait mettre l’accent sur les dimensions sociales des
politiques macroéconomiques en vue de prendre des mesures solides qui
garantissent une croissance équitable et distributive. Il s’agit
d’une approche qui accorde un espace politique au pays en développement
afin qu’ils déterminent leurs priorités en matière de développement
ainsi que le rythme et les étapes de la libération économique. Je
tiens à rappeler que les syndicats avaient fait part de leurs vives
inquiétudes quant aux résultats mitigés des progrès en vue de la
réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement et l’OIT a
mis en garde contre une véritable récession sociale, ayant des effets
particulièrement graves sur les pays en développement. En effet, la
hausse du chômage et les inégalités croissantes de revenus figurent
parmi les signes les plus révélateurs attestant que le monde n’est pas
en bonne voie pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le
développement d’ici à 2015. Il y a également l’insuffisance de revenus
des ménages est étroitement liée au fait que les familles ne parviennent
pas à satisfaire leurs besoins élémentaires, en matière d’alimentation,
de logement, de soins de santé et d’accès à l’éducation.

5. Avez-vous un message au gouvernement et aux masses laborieuses de la RDC ?

Aux masses laborieuses congolaises, nous leur demandons de multiplier
les revendications concernant le travail décent, la protection sociale
que nous considérons essentiels et indispensables aux stratégies en
vue d’éradique la pauvreté. Au gouvernement de la RDC, nous recommandons
d’accélérer l’élaboration le plus rapidement possible d’une politique
nationale de l’emploi pour son application sans faille. Car le
travailleur est à la fois producteur et consommateur et donc c’est un
moteur de croissance économique à part entière.

Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.