LES BIENFAITS DU BÉBÉ AU DOS

Pourquoi les bébés étaient-ils plus serein, plus souriant que leur congénères blancs au même âge ? Les gênes ? Peut-être ?
En
tout cas l'écart sur le plan
psychomoteur s'est creusé entre nous qui avons été portés au dos et la
génération de nos enfants, et les poussettes et autres transat (où
l'enfant et couché sur le dos, une hérésie) y sont pour quelquechose… 

Aujourd'hui
beaucoup de médecins poussent les mamans à porter leurs enfants, à
Paris des ateliers de portage d'enfants se sont ouverts." Mamoye

Les bienfaits du portage

A
l'inverse d'autres mammifères, le bébé naît inachevé. Pour être mature,
il devrait rester 9 mois de plus dans le ventre maternel. Il est donc
complètement
dépendant de l'adulte pour sa survie et son bien-être. Ceci explique
l'énorme besoin de contact physique qu'ont les tous petits. Ce besoin
peut être comblé par le portage la journée et le cododo la nuit. 

L'enfant
retrouve ainsi une grande partie des perceptions sensorielles qu'il a
connues in utéro : le rythme rassurant du cœur de sa maman, le
bercement, le son de sa voix.

En
occident et durant ces derniers siècles, l'homme qui était à la base un
primate porteur s'est transformé en nidicole, mettant son petit dans un
lit, berceau ou transat où il est censé rester tranquille. Pourtant,
les besoins du bébés sont restés les mêmes au fil des siècles : un nid
douillet
constitué par le corps de la mère.

Pleurs et coliques du nourissons

La
proximité corporelle mère/enfant est essentielle pour le bébé et permet
à la mère de répondre plus vite aux signaux qu'émet l'enfant, souvent
sans même qu'il ait besoin de pleurer.

Il
est logique que si l'enfant qui se sent rassuré et en sécurité et à qui
l'on répond sans délai, pleure moins. D'ailleurs, on peut remarquer que
dans les sociétés où l'on porte constamment les bébés, ces derniers ne
pleurent que très rarement. Une étude menée par Us Unziker et Ronald
Barr
de l'université Mac Gill au Canada est venue corroborer ces
constations. Ils ont comparé les bébés des mères auxquelles on avait
demandé de les porter davantage aux bébés du groupe contrôle. Ils ont
constaté 43% de pleurs en moins sur 24 heures et jusqu'à 51% de pleurs
en moins en soirée (de 16h à minuit). Enfin ils concluaient que le
portage pouvait être particulièrement bénéfique pour les bébés atteints
de colique. Les porter de façon systématique permettrait sans doute de
prévenir, du moins en partie, ces épisodes douloureux et bien pénibles
autant pour l'enfant que pour les parents.

Bébé dort

On
a vu plus haut que l'enfant porté pleure moins car il se sent en
sécurité. Il en est de même pour le sommeil. Le bébé s'endort beaucoup
plus facilement contre son parent. Bercé par les mouvements du porteur,
il reste endormi le temps nécessaire. Il semblerait même que les enfants
qui sont beaucoup portés pendant la journée dorment mieux la nuit.

Portage et motricité

Le
portage stimule le système nerveux du bébé et notamment son système
vestibulaire, siège de l'oreille interne qui contrôle l'équilibre. Un
enfant porté a en général une excellente motricité. 

Il est courant de voir en Afrique où le
portage est pratiqué d'une façon intensive, des bébés beaucoup plus précoces qu'en Europe. 

M.
Geber étudiant entre 1950 et 1960 des nourrissons baganda vivant en
Ouganda dans leur milieu traditionnel a montré la surprenante avance du
développement de l'enfant africain comparé à celui des enfants européens
ou américains du même âge. Cette avance remarquable concerne surtout le
développement moteur mais également le développement intellectuel ou
affectif. 

La
précocité de l'enfant africain existe dès la naissance : le
comportement psycho-moteur, le regard du nouveau né surprennent par leur
avance. L'enfant peut garder la station assise prolongée dès 4 mois,
marche à 9 mois, peut courir à 12 mois (24 mois en moyenne pour un
enfant européen). La motricité fine est acquise tôt : la préhension fine
avec la pince pouce-index est acquise dès 8 mois. 

M.
Geber a particulièrement souligné la relation entre la précocité des
nourrissons observés et les conditions de leurs relations familiales :

L'enfant baganda est toujours désiré et considéré comme la richesse du clan. Il est attendu avec d'infinies précautions. 
Dès
la naissance, il retrouve un contact physique intime avec sa mère : il
est couché
sur son ventre, qui le garde serré contre son corps, peau contre peau.
La mère l'allaite à la demande, la nuit comme le jour, le laisse
rarement seul, reste allongée près de lui ou le porte au dos. 

Elle
répond à ses moindres manifestations et ne se trompe pas sur leurs
significations respectives. Centre d'intérêt de la mère et de toute la
famille, il est présenté dans toutes les situations de la vie
quotidienne et est constamment sollicité par les spectacles, les paroles
et les gestes de son entourage, préparation des repas, marché, visites,
corvées d'eau, travaux divers, palabres, bénéficiant ainsi de
stimulations proprioceptives, tactiles, auditivo-verbales et visuelles
très variées. Par ailleurs, et surtout du fait du portage, il est amené
tôt à agir sur son environnement humain immédiat sur un
mode actif : s'agripper, se redresser, tenir sa tête pour qu'elle ne
ballotte pas, s'approcher du sein de sa mère pour téter, etc. 

Tout
au long de la première année et d'une grande partie de la deuxième, ces
facteurs de milieu très bénéfiques favorisent un développement et un
épanouissement rapide. Mais surtout semble importante la sécurité
émotionnelle dont bénéficie le jeune africain, du fait de la fréquence
des échanges tactiles et de corps à corps. 

Cette
même précocité a été observée dans d'autres cultures traditionnelles
qui partent d'un même nombre d'expériences : bébés nourris à la demande
jour comme nuit, soumis à des stimulations tactiles,
portés au dos et dormant dans le lit de leur mère.

Mais qu'en est il en occident ? 

Nous
ne pouvons que constater l'évidente précocité chez les bébés maternés.
Acquisition de la marche vers 10 mois, autonomie et serénité. Biensûr,
nous ne voulons faire aucune généralité et tenons à souligner que chaque
enfant a son propre rythme et qu'il n'est pas question de
compétitivité.

Dysplasie de la hanche 
Il

n'est absolument pas déconseillé de porter un bébé qui a une dysplasie
de la hanche. L'écharpe, sans être un remède miracle peut aider à
replacer dans le cotyle, une tête fémorale dont la présence, bien
centrée, est nécessaire au modelage de celui-ci durant le premier âge. 

On
préconise dans certains cas le port de culottes spéciales très rigides
censées maintenir les jambes du bébé écartées à 30-40° (position
grenouille). Le portage avec une écharpe aboutit à la même position et
peut donc prévenir une dysplasie. On constate que les peuples portant
bébé en position jambes écartées ne connaissent pratiquement pas ce
problème. 

Crânes
plats 

Depuis
quelques années, on recommande aux parents de coucher bébé sur le dos
afin de diminuer le risque de mort subite du nourrisson.
Malheureusement, on a vu augmenter les cas de plageocéphalies
postérieures ou plus communément appelées crâne plat (14% d'adultes
garderont une déformation importante). La meilleure prévention est sans
aucun doute de ne pas coucher bébé à plat sur le dos pendant de longues
heures. Le porter souvent limitera la position couchée et évitera
d'avoir un enfant avec un crâne déformé.

Les unités kangourous pour les bébés prématurés 
Créée
en 1978 en Colombie pour pallier l'insuffisance de moyens techniques
d'une grande maternité de Bogota, la méthode mère kangourou ou MMK a eu
une diffusion éclair en une vingtaine d'années. D'abord destinée aux
soins de l'enfant prématuré ou de petit poids de naissance, elle est
aujourd'hui utilisée dans les pays développés pour stimuler
l'allaitement maternel et permettre l'installation d'une bonne relation
mère-enfant. Dès que l'état de l'enfant est stable, il est confié à sa
mère qui le tient 24 heures sur 24, dormant niché au creux de ses
seins. 

Grâce à cette méthode, on constate :

La régulation de
température en kangourou est aussi bonne, sinon meilleure que celle obtenue à l'intérieur de l'incubateur,

le rythme respiratoire est plus régulier en position kangourou (moins d'épisodes d'apnée),
le niveau d'oxygénation dans le sang ne diminue pas,
le comportement de l'enfant s'améliore et se stabilise (bébé plus souvent éveillé, moins de pleurs),
la position kangourou n'induit pas de risque additionnel
d'infection,

favorise l'alimentation maternelle,
les mamans se sentent plus sûres d'elles mêmes et ont davantage confiance dans leur capacité d'allaiter
La
diminution notable du temps d'hospitalisation néonatale initiale
directement liée au contact peau à peau. Il n'est d'ailleurs pas rare de
voir un bébé de 31 semaines rentrer à la maison. Les critères pour ces
bébés sont leur vivacité, qu'ils soient roses, qu'ils aient leur
autonomie respiratoire et qu'ils puissent téter.

Pourquoi une écharpe plutôt qu'un porte-bébé?

Extrait du livre : "Bébé est là, vive Maman" du docteur Bernadette de Gasquet :

Deux
points de vue sont à considérer, celui du bébé bien sûr mais également
celui du porteur, ou surtout de la porteuse. En effet le choix du
porte-bébé est particulièrement crucial pour la mère car la période de
suites de couches est un moment de grande fragilité pour le dos, le
ventre, la statique générale et le périnée ! 

Observons d'un point de vue mécanique les porte-bébés qui sont proposés habituellement. 
L'enfant
n'y est plus dans une position
fœtale. Il est assis, jambes pendantes. Son corps est alors à la fois
en extension et en tassement. Dès lors, rien ne le maintient vraiment,
il ballote dans l'espace, la tête part en arrière, il est plié sur
lui-même dans la pesanteur. 

De
plus , ces porte-bébés ventraux placent généralement le bébé trop bas :
la tête au niveau des seins, ce qui n'est absolument pas une position
normale de contact. Et en effet, personne n'aurait l'idée de placer
spontanément dans ses bras un bébé à cette hauteur ! Le visage du bébé,
lorsqu'il est tourné vers le porteur, est plutôt spontanément placé au
contact du cou de la mère ou du père et non au niveau du sternum. 

On
peut
aussi se demander ce qu'il en est de la circulation sanguine dans les
jambes de bébé au bout d'une heure de promenade. Avez-vous essayé de
rester assis longtemps au bord d'une table ou sur un tabouret de bar,
les jambes dans le vide ? 

Au travers de toutes ces remarques, vous constaterez par vous-mêmes que très peu de porte-bébés sont réellement physiologiques. 

Que faut-il donc pour éviter les effets néfastes du portage ventral, tant pour la mère que pour le bébé ? 

Le porte-bébé doit permettre : 

1-
de remonter suffisamment les cuisses de bébé comme dans un portage
traditionnel, au lieu d'avoir les jambes pendantes ; ainsi son dos sera
tenu, il retrouvera la position fœtale et sera plus "compact" ; ne
représentant plus un «levier» aussi important, il sera également moins
pesant pour le porteur (moins de mal de dos). 

2- de placer le bébé très haut, la tête au niveau du menton de la mère, pour un meilleur contact et pour moins tirer 
dans le vide et vers le bas ; 

3-
de plaquer le tout-petit contre le corps de sa mère, toujours pour le
contact et pour éviter l'effet levier qui oblige la mère à se pencher en
arrière ; 

4-
il faut que le porte-bébé soit adaptable à tout moment, en fonction de
celui qui porte (de ses vêtements, de sa corpulence, de son attitude),
des vêtements de l'enfant 

etc., ce que ne permettent malheureusement pas la plupart des porte-bébés ; 

5-
un portage évolutif quand l'enfant grandit, avec les mêmes
caractéristiques de
placement et de maintien : tourné vers l'extérieur, sur le côté ou dans
le dos, afin d'en faire un accessoire qui accompagne le portage dans le
temps. En effet, on sait bien que la poussette n'est pas toujours là ou
pas toujours pratique, que les petits enfants qui marchent se fatiguent
vite, s'endorment, s'arrêtent rapidement dans les escaliers. Bref, même
si on pense ne plus avoir à porter, cela arrive bien plus souvent et
bien plus longtemps qu'on ne croit. 

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