04.12.10 Le Potentiel – Cinq questions à Alain Coheur (*)

1. A la tête d’une délégation de la Mutualité socialiste belge de haut rang à Kinshasa. Quel est le but de cette visite ?

La visite avait pour objectif principal de faire l’évaluation d’un programme que nous appuyons depuis bientôt quatre ans, avec le concours de la région wallonne de Belgique. Et ce, dans le cadre de a prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST) en milieu scolaire. Ce programme vient en appui à l’ONG Parlons Sida aux communautaires, Pasco.

2. Quels enseignements avez-vous tiré après l’évaluation du projet ?

J’ai tiré plusieurs enseignements. Mais le plus important, c’est cette évolution, une grande maturité dans le chef de l’ONG Pasco. Et quand je dis maturité, c’est-à-dire un grand professionnalisme dans la prise en charge, dans la résolution des problèmes tels qu’ils sont exprimés au niveau des écoles vers les enseignants et à la fois vers les élèves.

3. Pasco est certes active à Kinshasa et dans cinq écoles. Son action paraît cependant comme une goutte d’eau dans l’océan de besoins des populations. Or, le projet prend déjà fin en décembre 2010. Comment prévoyez-vous l’après-projet ?

C’est vrai que le projet termine, mais plusieurs éléments permettent au moins d’être optimiste de la suite de l’action. Le premier c’est que le programme lui-même a réussi à structurer de manière permanente un réseau d’éducateurs qui sont avant tout enseignants, qui se sont pris en charge parce qu’ils ont conscience de l’importante de continuer le travail. Ce n’est pas parce que le financement s’arrête que la compétence et la connaissance s’arrêtent également. Le rôle de l’enseignant et de l’éducateur est de continuer à sensibiliser, d’assurer la formation des élèves face aux maladies sexuellement transmissibles (MST). Le 2ème élément est que nous continuons l’appui à travers d’autres fonds. Et ce n’est plus la région wallonne, mais c’est le gouvernement fédéral belge qui appuie l’ONG Pasco. Et on sort de la ville de Kinshasa pour se diriger vers le Bas-Congo, à Matadi plus précisément. Le 3ème aspect positif c’est que nous allons réintroduire à la région wallonne, au mois de juin, un nouveau projet dans le cadre de la prévention des violences sexuelles faites à la femme.

4. Vous avez rendu visite au ministre de la Santé publique à la fin de votre séjour. De quoi avez-vous entretenu le ministre ?

Nous avons effectivement présenté le programme que nous appuyons depuis bientôt quatre ans. Le ministre a été impressionné par le travail qui a été abattu par une petite structure et avec des moyens manifestement modestes, parce que 100 mille d’euros sur deux ans, ce n’est pas énorme comme budget. Par contre, ce sont ces 100 mille qui ont permis de sensibiliser environ 20 000 personnes, plus de 50 mille préservatifs distribués. Cela fait une qualité-prix exceptionnelle pour le travail accompli. C’est cela qui a impressionné le ministre. Nous avons aussi parlé avec le ministre de l’importance de soutenir les actions comme celles que mène l’ONG Pasco qui est directement sur le terrain, en contact avec le public jeune. On a aussi fait comprendre l’intérêt pour un ministre de la Santé d’avoir des informations qui viennent du terrain, pas seulement des études très générales sur des questions autour du Sida. Pasco a eu l’occasion d’introduire sa demande de soutien au ministère parce qu’il voudrait que le ministre s’implique, sinon s’intéresse à ses actions.

5. Comment fonctionnent les mutualités de santé en Belgique ?

En Belgique, les mutualités sont surtout centrées sur le remboursement des soins de santé. Mais notre mission première, c’est tout ce qui touche au domaine de la prévention. Même si nous ne vivons pas les mêmes réalités économiques, mais nous faisons face aux mêmes problèmes en matière de Vih/Sida, de violences sexuelles, de maladies sexuellement transmissibles…Et cela concerne un public relativement jeune. En Belgique, ce sont également les jeunes et les femmes qui sont mobilisés. Nous menons aussi des actions de terrain, les associations diffusent des messages de prévention, distribuent des préservatifs, le site Internet nous donne des explications sur les maladies, leur mode de transmission et de prévention. Nous avons également des centres de planning qui permettent de porter l’éducation Mais ce qui nous a surpris dans le projet Pasco au niveau de la ville de Kinshasa, c’est que le projet concerne les enfants à l’école, la formation à la base. Ce qui est fondamental pour donc, c’est la bonne éducation, la bonne perception de la question du Vih/Sida et des dangers sont expliqués aux enfants congolais avec des mots simples, concrets et dans un cadre pris en charge par des éducateurs très performants, très sensibilisés à la chose. Nous avons donc été agréablement surpris par la compétence de l’équipe Pasco et surtout par la réaction de la part des jeunes. Nous souhaitons pour cela maintenir notre collaboration avec Pasco sur d’autres thèmes, mais fondamentalement avec le thème de la prévention des violences et abus sexuels faites à la femme et la jeune fille.

(*) Président de la Mutualité socialiste de Belgique et chef de délégation des cadres de la mutualité en visite à Kinshasa du 22 au 24 novembre 2010

© Le Potentiel, 04.12.10

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