29.01.11 Le Potentiel : Cinq questions à Mgr Joseph Banga (Evêque de Buta)
1. Quelles sont les activités menées par la Caritas diocésaine de Buta en 2010?
Au cours de l'année 2010 et déjà à partir de l'année dernière, la Caritas diocésaine de Buta a été très engagée au service des déplacés du territoire de Ango (dans le diocèse de Bondo), vers Dingila, dans le diocèse de Buta. Ces déplacés ont été dénombrés à 1.000. La Caritas Buta a réalisé ce travail avec le concours de la Caritas Congo et avec l'appui de la Caritas Allemagne. La Caritas diocésaine avait fait aussi un travail d'animation auprès des communautés chrétiennes des paroisses du diocèse, avant d'obtenir un appui extérieur. Les communautés ont pu envoyer aux déplacés à Dingila des denrées alimentaires. L'assistance n'était pas consistante par rapport aux besoins réels, mais elle a été un signe encourageant en voyant la générosité des gens à l'égard des frères et soeurs en désarroi à cause des violences de la LRA.
2. Avez-vous une autre information importante de la Caritas diocésaine de Buta à livrer ?
Une autre information très intéressante à évoquer est qu'avec un appui du diocèse de Rottenburg-Stuttgart, en Allemagne, la Caritas diocésaine a initié une briqueterie à Buta dans le but d'encourager les gens à améliorer la qualité de l'habitat. En effet, dans la contrée du diocèse de Buta, les familles sont confrontées toujours à un très sérieux problème de termites. Ces derniers rongent les cases et les détruisent en très peu de temps. La seule manière de libérer la population de ce problème serait de travailler à ce que les habitations soient en matériaux durables. Malheureusement, dans un milieu encore très enclavé, c'est une initiative qui connaît beaucoup de difficultés, parce que pour avoir du ciment en vue de faire de bonnes briques et de bonnes tuiles pratiquement, il n'y a pas de voies de communication qui arrivent à Buta où le sac de ciment est vendu à 60 Usd.
3. Quels types de relations Caritas Congo Asbl entretient-elle avec la Caritas Buta?
En principe, les relations sont censées être d'appui de la part de la Caritas Congo Asbl à l'égard de toutes les Caritas diocésaines. Et cela, nous l'avons vécu. Sur notre demande, la Caritas Congo Asbl a déjà organisé deux ou trois fois des missions de renforcement des capacités de la Caritas développement Buta. Les agents de la Caritas Congo ont fait du bon travail avec leurs collègues de la Caritas Buta. Mais, je dois reconnaître que le Diocèse en est encore pratiquement à un début de mise en place du service Caritas comme organisation. Malheureusement, jusqu'ici le diocèse de Buta, malgré même la bonne volonté de Caritas Congo Asbl, ne bénéficie pas encore dans la réalité d'un appui vraiment substantiel des partenaires habituels du réseau Caritas. Cela ne permet pas d'améliorer suffisamment la capacité de ses agents et d'entreprendre des actions de grande envergure pour le service d'une population vraiment en situation de détresse et qui attend beaucoup de l'Eglise.
4. Voulez-vous continuer sur la même lancée?
Après des formations pour le renforcement des capacités, les services de la Caritas Buta ont élaboré aussi des projets notamment au niveau par exemple du Bureau Diocésain des OEuvres Médicales (BDOM). Ces projets ont été confiés à des services de Caritas Congo Asbl, mais mes agents me disent toujours que cela est resté sans réponse jusqu'aujourd'hui. Nous avons l'impression que dans le contexte actuel, l'attention de la Caritas Congo Asbl et des partenaires extérieurs a été principalement accordée aux milieux qui ont connu des violences à très grande échelle. Cela est correct. Mais, il se fait que là où il n'y a peut-être pas eu des violences de ce niveau, la violence de la misère existe. Cette violence n'est pas encore considérée comme un problème humanitaire pour lequel il faut s'investir intensément.
5. Comment s'appelle votre Caritas et que représente-t-elle pour vous?
Notre Caritas s'appelle Caritas Développement Buta. La Caritas représente pour moi comme évêque l'engagement essentiel de l'Eglise, c'est- à-dire le témoignage de l'amour et l'engagement pour le mieux-être des hommes, femmes et des enfants, en particulier des plus nécessiteux. Le pape Benoît XVI nous rappelle que Dieu est amour et l'Eglise est avant tout le témoin de cet amour de Dieu auprès des hommes. C'est dire que pour moi, la Caritas n'est pas d'abord une structure d'organisation, mais l'engagement des chrétiens dans leurs communautés au service des plus défavorisés. C'est pourquoi au niveau pastoral, je dis souvent que je ne suis pas préoccupé par le fait que notre Caritas ne soit pas encore une grosse structure, mais par le fait que beaucoup de chrétiens ne comprennent pas encore que Caritas, donc l'exercice de l'amour, c'est leur affaire, à partir de la famille, de la communauté ecclésiale vivante, de l'école, des groupes d'engagement chrétiens (Légion de Marie, Renouveau dans l'Esprit, Bilenge ya Mwinda, Kizito-Anuarite…). C'est pourquoi, je rappelle souvent aux curés et à ceux qui travaillent dans les services de la Caritas diocésaine qu'ils doivent faire comprendre aux uns et aux autres que celle-ci doit être en fait un service qui coordonne et qui anime le sens de l'engagement de l'amour comme impératif chrétien dans la communauté ecclésiale.
TIREES DE LEVE-TOI ET MARCHE
© Le Potentiel, 29.01.11