08.02.11 La contribution des partenaires extérieurs au développement : est ce, un leurre démagogique pour le développement local de la RDC ?

 

 

Le développement local est un travail immense qui nécessite, la contribution des efforts internes et externes. Les Entités Territoriales de Développement ( ETD) de chaque Province sont financées outre le budget voté par chaque Assemblée provinciale qui comprend, les recettes locales, les frais de rétrocession et la caisse de péréquation, mais aussi, les contributions des partenaires extérieurs au développement. Ceux-ci se recrutent parmi les ONG nationales et étrangères de développement, les humanitaires, les organismes bilatéraux et multilatéraux.

Ils  se retrouvent sur l’ensemble du territoire national et interviennent même dans les Villes, communes, territoires et Secteurs ou Chefferies ayant des problèmes spécifiques. Il s’agit de :  PNUD/UNOPS, PAM, BCECO, UE, USAID, CTB et BAD, FAO, BM, MEMISA , ACF, ASS,CDR, PARSAR, INADES-FORMATION, OMS.

 

La collaboration entre les partenaires au développement et les ETD n’est pas bien structurée. Cette collaboration ne va pas sans poser des problèmes.

Les autorités locales  reçoivent plusieurs intervenants dans leurs juridictions respectives. Généralement, ces partenaires viennent à leur arrivée, présenter les civilités à l’autorité locale pour lui tenir informé de leur installation dans l’entité de son ressort. Chacun informe seulement à l’autorité, ce qu’il compte faire ainsi que son domaine d’intervention. Il ne dit même pas le montant de son intervention. Il ne donne pas les résultats de son programme. Il ne demande même pas une harmonisation du programme pour qu’il se partage les espaces géographiques et se fixent les indicateurs pour apprécier les résultats.

 

Généralement, dans le cas où le programme lui est présenté, il n’est pas rattaché de son budget. Le partenaire se justifie du fait que cela ne relève pas de sa compétence étant donné qu’il a signé un contrat-cadre avec le Gouvernement Central pour opérer dans sa juridiction. Malheureusement, le Gouvernement Central via le Ministère du Plan ne communique pas aux Provinces, moins encore aux ETD, le contenu de cet accord-cadre et n’envoie même pas une copie du document.

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La plupart de ces intervenants sont basés dans les chef-lieux des Villes où l’on peut facilement avoir des bons logements, de l’électricité c’est-à-dire des bonnes conditions de travail. Seules, les descentes sporadiques sont organisées dans les ETD ( Communes, Secteurs et Chefferies) dans une approche de développement cadeau.

 

A ce niveau, les autorités locales se plaignent du fait qu’elles ne savent même les interventions prévues y compris le volume d’argent en circulation dans leurs rayons d’action. Les partenaires de leur côté se plaignent du fait qu’aucune autorité n’est arrivée à présenter un programme stratégique allant dans le sens de fixer les priorités et demander aux intervenants d’apporter leurs contributions. Les autorités locales disent-ils ne prennent pas des initiatives pour organiser des réunions avec les partenaires. La plupart des projets sont importés et ne s’intègrent pas dans bien des cas aux priorités présentées par les ETD repliquent les autorités locales. On entre dans ces conditions, dans une  situation  de dialogue des sourds. L’absence du Ministère de la Coopération au Développement dans les différentes ETD ne permet pas à celles-ci à bien suivre le travail des intervenants extérieurs. Il se pose un problème d’encrage et de coordination des activités.

 

Ces différents projets isolés ne sont pas pris en compte dans l’élaboration du budget. On voit plusieurs projets entrés en compétition dans le milieu d’intervention avec des résultats mineurs et parfois dysfonctionnels. Les frais généralement administratifs sont loin supérieurs aux frais destinés aux actions vers la population. La plupart des intervenants extérieurs sont des humanitaires dont les programmes ont une durée bien déterminée. Des actions parfois irrationnelles sont menées juste pour justifier l’argent reçu. Ce phénomène se fait sentir avec acuité dans les provinces à conflit ou post-conflit où l’on retrouve une panoplie des intervenants.

Dans cette situation, la plupart des humanitaires qui sont généralement des expatriés sont logés dans les Quartiers résidentiels où le loyer coûte cher environ 3000 $US à 5000 $US avec toutes les conséquences inhérentes à la hausse des prix due à une grande masse monétaire non contrôlée. On les retrouve par exemple dans le  Quartier Himbi au bord du Lac Kivu dans la Province du Nord-Kivu ou dans les quartiers de la Gombe et de Ma campagne à Kinshasa qui sont les plus  prestigieux.

Quand ils arrivent dans l’entité locale, au lieu d’acheter des moyens logistiques durables, ils préfèrent bien louer par exemple les véhicules, les maisons qui coûtent horriblement chers parfois qui ont les prix d’achat d’un véhicule neuf ou d’une maison utilisable dans un quartier résidentiel.

La plupart des intervenants qui arrivent à Goma par exemple pour une durée relativement courte, préfèrent louer un véhicule occasionnel généralement acheté en Ouganda à 10.000$US pendant le temps de son séjour. La plupart préfèrent acheter un véhicule à son compte et faire louer à son organisme qui l’envoi. Il récupère cet argent et fait signer les factures de location journalière. A la fin du programme, il vend son véhicule et récupère encore une fois de l’argent. Les différents matériels qui ont fonctionné pendant la durée du projet ne sont pas remis aux autorités locales pour continuer l’action.

A Goma par exemple, certains humanitaires, préfèrent acheter des produits qui viennent d’ailleurs bien que disponibles sur le marché local. Par exemple, l’haricot, le riz, le manioc disponibles à Goma et coûtant moins chers sont achetés à Kinshasa à des prix exorbitants et venir distribués aux déplacés de guerre après plusieurs coûts de transaction, liés au transport, au personnel et aux frais administratifs etc. parce que cela va profiter au maximum aux intéressés dans le jeu des prix d’achat et des frais de transaction.

Somme toute, l’apport des partenaires dans le développement local en cette période où l’Etat est confronté à plusieurs problèmes à résoudre est indéniable. Néanmoins ces interventions méritent d’être rationnalisées pour être réellement au service de la population au risque de rester essentiellement l’affaire des intervenants qui restent dans la logique de business.

Par rapport à cette cacophonie, il sied de remarquer  qu’une minorité des Assemblées Provinciales ont pris conscience des enjeux et réfléchissent pour prendre des Edits en vue de réglementer ce secteur qui n’est pas loin d’aggraver la situation déjà précaire. Cette façon de faire n’est pas encore la préoccupation de la plupart des provinces qui continuent à opérer sans mettre de l’ordre dans l’exécution des projets réalisés par les intervenants étrangers.

Par Norbert YAMBAYAMBA  SHUKU

Consultant en Développement

 

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