09.04.11 Le Climat Tempéré – Le point sur la contribution de lUE à léconomie de la RDC
Le cadre macro-économique est stable, le taux d'inflation est tombé de plus de 50% en 2009 sur un niveau de moins de 10% en 2010, et le taux de change qui a gardé plus au moins sa valeur vis-à-vis du dollar en 2010 contre une dépréciation substantielle (40%) en 2009. C'est grâce à cette stabilisation économique que le pays a pu atteindre le point d'achèvement PPTE le 1er juillet 2011. Notons que nous avons contribué à cette stabilisation à travers des appuis budgétaires ensemble avec d'autres partenaires comme la Banque Mondiale, la Belgique, et la Banque africaine de développement. Toutefois, il est aussi le moment à souligner que nous aurions souhaité que les épargnes résultant de l'annulation de la dette soient mieux utilisés pour augmenter les allocations aux secteurs prioritaires.
En 2010, les recettes courantes de l'Etat s'élevaient à 2031 milliards FC, soit moins de 2,3 milliard de dollars ou à peu près 35 dollar par congolais. Avec ce faible taux de revenu (qui en pourcentage du PIB est bien au-dessous du moyenne de l'Afrique sub-saharienne) la RDC fait face a des grandes difficultés pour financer les besoins de base de la population et lutter efficacement contre la pauvreté. Par ailleurs, le faible niveau des recettes propres du gouvernement est regrettable vue que la RDC dispose d'énormes richesses naturelles : 50% des réserves mondiales de cobalt, plus de 10% des réserves de cuivre et 30% des réserves de diamant se trouvent en RDC.
Cependant, les avantages pour l'état restent encore minces. D'après nos informations, le gouvernement a récupéré moins que 200 millions USD du secteur en 2010. Le rapport de la commission d'enquête du sénat en 2009, a relevé des dysfonctionnements énormes dans le secteur minier. Aucun service de l'état impliqué dans la gestion du secteur minier ne dispose des données fiables: ni sur le nombre des opérateurs miniers, leurs productions, la quantité des produits exportés.
On constate toutefois que l'état ne reçoit pas ce qu'il aurait dû recevoir en raison d'une mauvaise gouvernance et un climat des affaires qui ne sont pas propices aux investissements privés. Mais comme je l'ai dit à plusieurs reprises – pour obtenir une croissance économique, la RDC doit attirer des investissements privés. Il faut un secteur privé qui joue son rôle naturel de principal moteur de développement. Dans ce contexte, je note que le nombre de compagnies européennes en RDC a beaucoup diminué durant les deux dernières décennies. Ce marché de presque 70 millions de personnes et nous sommes si peu présent. Il y doit avoir des raisons! Mais je me demande également ou sont les investisseurs congolais!
Pour attirer des investisseurs (de tous les coins du monde!) le gouvernement a un rôle clé à jouer. Il doit mettre en place les conditions favorables à l'émergence du secteur privé. C'est ainsi qu'il doit travailler sur la sécurité juridique par le dépôt des instruments de l'OHADA; renforcer la transparence et la gestion des finances publiques par une application correcte du Code des Marchés Publics; créer un bon climat d'affaires avec la simplification et modernisation du système fiscal, etc.
C'est au gouvernement de conduire ce processus, nous ne pouvons que vous soutenir. La mise en place d'un cadre propice c'est une affaire nationale. C'est un choix politique.
Ceci dit, permettez-moi encore quelques mots sur les Accords de Partenariat Economique (APE). Beaucoup de choses ont été écrites et dites sur les négociations de l'APE, beaucoup de débats se sont tenus et de controverses ont été lancés souvent nées de la mauvaise compréhension, du manque d'information et de discussion sur ce sujet complexe.
Si l'on veut aborder cette matière controversée, il est nécessaire de le faire avec un regard décomplexé, d'en saisir les enjeux, les difficultés, mais également les opportunités qu'il représente. Permettez-moi de vous donner un petit exemple de chez nous en Europe. Il y a, à peine 60 ans, pour parcourir le court trajet entre Aix-la Chapelle, en Allemagne, jusqu'à Liège, en Belgique, il fallait passer trois frontières – et ces frontières ont bloqué le commerce…, il fallait changer la monnaie, il fallait se familiariser avec dautres lois commerciales, etc.
Tout ceci augmentait massivement les coûts des transactions des opérateurs économiques et diminuait la croissance. Aujourdhui on se rend plus compte que ces frontières existent encore. L'Europe est devenu un marché commun avec une monnaie unique, l'Euro, nous avons un espace Schengen…Des réalisations encore impensables, il y a peu d'années. En effet, les marchés régionaux africains restent limités et fragmentés. Le commerce intra-Afrique centrale représentent moins de 1% des échanges de la zone. Alors que le PIB de l'ensemble des Etats ACP est à peu près égal à celui de la Belgique, les marchés demeurent nationaux et étroits.
Un des objectifs premier des APE est de créer des opportunités de développement et un marché suffisant pour enclencher un processus d'investissement et de croissance. Pour cela de nouveaux marchés régionaux et internationaux doivent être bâtis. La République Démocratique du Congo, a choisi de rejoindre le groupe de négociation "Afrique Centrale". Ce choix a été une décision politique souveraine. Les relations avec les autres pôles commerciaux (la SADC, COMESA, EAC, CEPGL) sont aussi importantes».
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