19.04.11 Le Potentiel – Cinq questions à Nicole Mutolo Zita Dya Nza
1. Depuis le début de lannée, le mouvement dont vous faites partie soppose à lorganisation des concerts des artistes musiciens congolais en France. Que leur reprochez-vous ?
Nous tenons à préciser que les musiciens congolais ne sont pas nos ennemis, mais nos compatriotes qui ont fait le choix dêtre les ambassadeurs de la culture congolaise par le biais de la chanson et de la danse. Comme tels, surtout à un moment où sexprime expressément la nécessité de la cohésion nationale, ils sont censés véhiculer les vraies valeurs congolaises allant dans le sens du patriotisme et du « vivre ensemble ». Nous leur reprochons donc de privilégier les anti-valeurs, lesquelles valorisent lavilissement de la femme congolaise, de faire lapologie de lincivisme, dabrutir notre jeunesse et de glorifier les personnes dont le seul intérêt consiste à asservir le peuple congolais au profit dune infime minorité et des puissances économiques qui essaient à la fois de faire main basse sur nos richesses et de balkaniser notre pays.
2. Que recouvre exactement lappellation « Combattants » ?
Les premiers « Combattants » se sont distingués à Londres à travers des représailles contre certains musiciens et politiciens congolais de passage en Angleterre, à qui lon reprochait souvent leur attitude peu patriotique. Les Congolais de Bruxelles ont ensuite emboîté le pas à nos compatriotes londoniens. Lappellation « Combattants » a, de nos jours, complètement évolué. En effet, grâce au génie dune partie de lintelligentsia de la diaspora congolaise de Paris, une connexion sest faite entre les sphères politique, associative et combattante : doù la transformation des « Combattants » en « Patriotes Résistants Congolais », qualificatif nayant désigné que, jusque-là, les seuls auteurs de linsurrection de Dongo. En France, quelques militants ont donc compris la nécessité dune lutte menée collectivement par les Congolais pour la libération totale de la RD Congo, indépendamment de leurs différentes chapelles. Cette mutation a été possible grâce à la rencontre de quelquun de la trempe de Lonsi Koko, de ses amis dUnion du Congo comme Kcreascence ainsi que de leurs alliés Alain et Patricia du mouvement Devoir de mémoire, Tshisthi et Noël Hedou de lUnion des Socialistes Congolais, Ernest de Bundu dia Kongo… avec les combattants comme Odon, maître Babin, Youyou, Martin Sally, David, Patcheli… et dautres personnes qui nappartiennent à aucune structure officielle, comme Guy-Gérard… Cette rencontre a sans doute su apporter une nouvelle dimension au mouvement qui avait été initié à Londres. Nous espérons que la récente dynamique sera davantage consolidée par ladhésion de la majorité de nos compatriotes aux différentes actions en vue des combats à venir.
3. Quel objectif poursuivez-vous ?
Nous sommes convaincus que le développement politique et socio-économique de la RD Congo dépend en grande partie, entre autres, de lévolution des mentalités. Notre objectif, cest de faire en sorte que tout citoyen congolais, surtout les leaders dopinion comme les musiciens, apporte sa contribution à linitiative pour la conscientisation de nos compatriotes. Dans cette optique, nous mènerons, dans le cadre du collectif des de la RD Congo en France, des campagnes pour lémergence dune nouvelle vision congolaise – sagissant de la gestion de la chose publique, du respect des droits fondamentaux de la personne humaine, de la relance économique, du progrès social, de nos rapports avec nos voisins et le reste du monde…
4. Que répondez-vous à Papa Wemba qui vous a tendu la main dans les colonnes de ce journal ?
Nous lui répondons quil aurait mieux fait de saisir lopportunité qui lui a été donnée sur les ondes dAfrica n° 1, quand on lui avait proposé que les représentants des artistes musiciens, des acteurs politiques, des pasteurs et des militants associatifs puissent sasseoir à la même table dans le but de définir une charte de bonne vie et de bonnes mœurs. Mais, dans certaines circonstances, il vaut mieux tard que jamais. Il revient maintenant à Papa Wemba de se mettre daccord avec dautres artistes congolais afin de solliciter une éventuelle rencontre avec nos représentants, sachant que ces derniers sont ouverts à tout dialogue mais dans le respect de quelques préalables.
5. Accepteriez-vous de discuter avec les autorités congolaises à ce sujet ?
Il nous paraît pertinent que les autorités congolaises négocient globalement avec les Congolais de la diaspora, toutes tendances confondues, dans lespoir de trouver des solutions non seulement à la problématique dune certaine musique congolaise, mais aussi apporter des réponses aux réalités concernant à la fois les droits de vote et déligibilité des Congolais de létranger, la reconnaissance de la citoyenneté étrangère détenue par les Congolais dorigine, la représentation des Congolais de la diaspora au sein du Parlement et dans des institutions économiques, lalternance politique…
PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE
Membre Résistants Patriotes Congolais, « Les Combattants »