24.05.11 L'Observateur – Malgré son fabuleux potentiel agricole
Le lundi 23 mai, les journalistes membres de l'AJAC ont suivi deux communications faites successivement par M. Alain Huart, directeur de publication du magazine " La Voix du Congo profond " et M. Paulin Osif, expert au ministère de l'Agriculture, pêche et élevage.
Dans son intervention, M. Alain Huart s'est fait l'écho des enquêtes menées sur terrain en rapport avec la situation agricole en RDC. Celle-ci, révèlent ces enquêtes, est caractérisée par une insécurité alimentaire qui frappe presque toutes les provinces du pays, excepté le Bas-Congo qui est cependant menacé par une déforestation sauvage. Dans sa situation d'insécurité alimentaire, la RDC dépense ± 1 milliard de dollars américains pour l'importation des vivres. Pourtant, ce montant faramineux aurait dû servir à, maximinser la production agricole locale et pourquoi pas exporter le surplus.
En plus, le directeur de publication de " La Voix du Congo profond " s'est apesanti sur la position de la RDC qui occupe la deuxième place dans le monde après le Brésil grâce à sa forêt. A ce propos, il a déclaré que la forêt équatoriale de la RDC constitue l'éponge de l'atmophère mondiale, avant d'indiquer que si on coupe la forêt de la RDC on va assécher toute l'Afrique. Donc si la RDC ne préserve pas sa forêt, l'Afrique va avoir un problème majeur de réchauffement climatique.
En termes d'espace agricole, a-t-il renchéri, la RDC avec un grand potentiel compte parmi les trois pays les plus importants du monde avec le Brésil, les Etats-Unis d'Amérique et la Russie. Malheureusement sur le terrain la situation alimentaire est tout à fait différente. Selon lui, cette insécurité alimentaire est fortement liée à l'enclavement : les produits locaux pourrissent le long des voies navigables et du chemin de fer, l'entreposage des produits agricoles se fait dans des conditions précaires,… Comme conséquence, on enregistre un déséquilibre nutritionnel dans la population et des importations massives des vivres que font que la RDC enrichit d'autres pays comme le Rwanda, la Zambie, l'Ouganda, l'Indonésie, le Vietnam, les USA, le Brésil, l'Ue. Pourtant la seule pêche bien encadrée du lac Tanganyika peut produire 3 000 tonnes de poissons, de quoi nourrir une importante population de la RDC.
Restructuration du ministère de l'Agriculture
Par ailleurs, M. Huart s'est attardé sur les conséquences nées du manque de débouches pour les productions agricoles. La surpoplation urbaine et le chômage massif de main-d'œuvre ainsi engendrés exigent que la population se prenne en charge pour son propre développement.
Au côté du gouvernement congolais, il doit réunir quelques conditions minimales pour remédier à cette situation catastrophique. Il s'agit notamment de restructurer le ministère de l'Agriculture, pêche, et élevage, réaliser la décentralisation provinciale et terrirotiale,…
D'autres conditions minimales de sortie de crise concernent l'utilisation agricole et le recours aux intrants tels que les engrais pour optimiser la production, l'amélioration de la qualité de l'encadrement et l'environnement d'investissement incitatif, la facilitation de l'accès au crédit, moins de recours à l'aide humanitaire mais plus à l'aide structurelle,…
Quant à l'expert du ministère de l'Agriculture, il a axé son intevention sur l'augmentation généralisée des prix des produits agricoles sur le plan national qui, elle, s'explique par l'orientation de notre politique agricole jusque-là basée sur les importations. C'est pourquoi, il a salué le vote par l'Assemblée nationale de la loi portant code agricole qui fait la belle part à la production nationale.
Sur le papier, les perspectives restent moins bonnes pour la RDC puisqu'avec la tendance actuelle les populations urbaines vont payer 2 ou 3 fois plus cher le pain, le riz et autres céréales importées. Il importe donc que le gouvernement saisisse le taureau par les cornes, en opérant des choix judicieux qui réflètent sa détermination politique de sortir des sentiers battus.
Rombaut Ot.