11.06.11 Radio Okapi – Portrait : Olivier Vuninga plante sans compter pour embellir Bukavu
Olivier Vuninga, jardinier dans l'âme, ne compte ni son temps ni son argent pour embellir Bukavu. Depuis 11 ans, il crée et entretient bénévolement jardins, espaces verts, parterres très appréciés des habitants de la ville. Pourtant, il ne reçoit aucune aide financière.
"Jaime mon pays", "aimez la nature !", Olivier Vuninga, qui laisse ces petits mots sur tous les sites qu'il embellit, en donne la preuve tous les jours. Cet homme crée et entretient bénévolement et sans aucune aide les parterres et jardins de Bukavu. C'est à lui que les habitants de la ville doivent les espaces verts et les fleurs du Rond-point Mulumba, de l'hôpital provincial général de référence, du marché de Nyawera, du Beach Muhanzi, de la route Nguba-Nyawera…
Depuis l'école primaire, Olivier est amoureux de la nature. "Quand un enseignant nous demandait en classe de dessiner, je choisissais toujours les fleurs et après les cours, je passais tout mon temps à planter dans la parcelle de mon père des fleurs et des plantes ornementales", se souvient-il. En 2000, la mairie l'a autorisé à s'occuper des lieux publics; depuis lors, il travaille sans relâche à fleurir sa ville.
Ce passionné ne bénéficie pourtant daucun soutien matériel ni financier de la part de ses concitoyens, de la Mairie, ou dune quelconque organisation. "Jachète des plantules darbres ornementaux et fruitiers (manguiers, goyaviers, citronniers, orangers…), de la pelouse. Je paie les services de ceux qui maident par moments à sarcler ; je me procure des engrais chimiques, etc. Tout cela demande de largent." Depuis 10 ans, il estime avoir ainsi dépensé plus de 5 000 $. Peu lui importe, ce qui compte pour lui c'est que "celui qui foule pour la première fois le sol de Bukavu en provenance du Rwanda et passant par le poste frontalier de Ruzizi I se rende compte que notre ville est belle et quen RD Congo , le peuple aime la nature", disait-il un jour.
De la verdure attirante
De nombreux habitants apprécient son travail. Plusieurs tenanciers de débits de boissons du Rond-point Mulumba, où il concentre ses talents, témoignent que le jardin qui l'agrémente leur attire de la clientèle. Souvent des expatriés sy fixent rendez-vous attirés par ces fleurs. Certaines familles y vont le week-end pour prendre un verre dans la verdure. Les petits commerçants qui tiennent des kiosques et des boutiques aux alentours de ce jardin racontent que des gens viennent s'y faire photographier. Souvent, des artistes musiciens de la ville et dailleurs y font filmer leurs vidéo-clips. "Ce dernier temps, les autorités politico-administratives ont choisi cette place pour de grandes manifestations. Cétait dailleurs le point de départ de la Marche mondiale des femmes", témoigne Claudine Zihalirwa, une des participantes à cette marche.
Ceux qui estiment son travail paient une bière à Olivier et lui font part de leur satisfaction. Certains lui donnent une enveloppe pour témoigner de leur soutien et de leur sympathie. Grâce à ses initiatives, Olivier a décroché un contrat avec la Pharmakina, l'usine qui fabrique de la quinine à Bukavu, pour l'entretien de ses jardins. Des particuliers l'emploient aussi dans leurs parcelles. Ce sont ces travaux qui le font vivre et lui permettent de faire vivre cet homme d'une quarantaine d'années, sa femme et ses neuf enfants et de s'occuper des espaces publics. D'ailleurs, il indique toujours ses coordonnées téléphoniques sur les bancs placés dans ses jardins quil réserve à ses visiteurs et à ceux qui viennent le soir y prendre l'air frais.
Cependant, il a aujourd'hui du mal à entretenir les nombreux sites de la ville faute d'une main-dœuvre suffisante et pendant la saison sèche, il obtient difficilement des familles avoisinantes de puiser gratuitement de l'eau pour arroser. Et surtout il lui manque un appui financier sérieux. Il aimerait que dautres Congolais aimant comme lui leur pays sassocient à lui.
Robert Shemamba
(c) Syfia Grands Lacs, 10.06.11