21.07.11 Le Potentiel – Cinq questions à Delphin Kyubwa (*)
Par St. Augustin Kinienzi
1. La CENI vient de clôturer les opérations de révision du fichier électoral. Quel commentaire fêtez-vous de ces opérations?
Dabord, je tiens à remercier la CENI pour cette première étape accomplie. Plus de 30 millions de Congolais ont été enrôlés et ont pu obtenir la carte d'électeur qui leur permettra d'exercer leur devoir civique et droit politique légitime de désigner les animateurs politiques de leur choix. Cependant, je déplore le fait que dans certains milieux, le processus ne sest pas déroulé dans un climat apaisé. Au Nord-Kivu par exemple, deux femmes ont perdu la vie au centre denrôlement. Paix à leurs âmes! Et puis, presque partout dans le pays, on a fait mention de difficultés techniques et matérielles. Dans beaucoup de recoins du pays, on a affecté une ou deux machines par centre denrôlement mais qui tombaient constamment en panne. Ajouter à cela les problèmes du personnel mal formé, moins familier au clavier dordinateur. Par conséquent, de files longues qui attendaient des heures et des heures. Mais finalement, les gens ont compris quil fallait senrôler pour exercer leur droit civique. Cest pourquoi on pense que ces élections seront de corrections nécessaires dans la gestion du pays, car malgré les difficultés, le peuple était déterminé à senrôler pour tenir leur stylo rouge le 28 novembre 2011. Je regrette également le fait que le pouvoir n'ait pas voulu enrôler les Congolais de la diaspora via les ambassades. Ce droit politique leur est encore confisqué. Nous espérons pouvoir régler cette question si le peuple congolais nous confie la gestion du pays.
2. Vous ambitionnez justement de vous présenter à la présidentielle de novembre 2011. Entre-temps, vous résidez hors territoire, ne redoutez-vous pas l'effet Kashala de 2006?
2006 et 2011 sont deux moments différents. Je suis persuadé que les Congolais ont compris que le fait que nous ayons vécu longtemps à l'étranger constitue un atout pour le pays, car non seulement nous avons une référence en matière de gestion d'un Etat mais aussi l'étranger a été pour nous une école et pas la moindre. Si nous avons prouvé nos capacités à létranger dans de grandes institutions du monde, pourquoi ne le ferions-nous pas chez nous? Il est question que nos compatriotes nous fassent confiance et nous mettrons à la disposition du pays notre savoir-faire acquis à l'étranger. Nous avons une vision pour le Congo traduite dans notre message de réforme qui a été bien accepté par le peuple congolais. Tous ceux qui pensent que la situation qu'ils traversent est normale au regard d'immenses richesses dont regorge la RDC, vont pérenniser le statu quo. Mais ceux qui trouvent anormal que les Congolais soient si pauvres alors que notre pays est scandaleusement riche, adhèrent facilement à l'idéologie de la réforme que prône le Parti National pour la Réforme. Notre idéologie et notre projet de société parlent d'eux-mêmes. Nous sommes très confiants quensemble la réforme est possible dans notre pays.
3. Concrètement, comment allez-vous y prendre, surtout que l'enrôlement est la condition sine qua non pour être électeur et éligible? Disposez-vous de la carte d'électeur de la CENI?
Je voudrais vous rappeler que je viens d'une tournée au pays. J'ai sillonné la majorité de nos provinces pour prélever la température pré-électorale et menquérir de lévolution ou de limplantation du parti sur toute l'étendue de la République. Oui, je dispose de ma carte délecteur, car lors de mon séjour au pays, le processus denrôlement était en cours et je métais enrôlé dans mon territoire natal dUvira au Sud-Kivu.
4. Une fois de plus, la diaspora a été exclue du jeu électoral en RDC. Comment décryptez-vous les raisons de cette exclusion?
Il n'y a aucune raison qui justifie l'exclusion de la diaspora. Les Congolais de l'étranger ont beaucoup à apporter à leur pays. Tous les pays dits aujourdhui émergents (Linde, Le Pakistan, la Chine, etc.) doivent leur développement à l'apport de la diaspora qui rapatriait les capitaux en termes dinvestissements au pays natal et leurs compétences acquises à l'étranger. Le pays a un budget qui, dans une année électorale, devrait en principe prévoir toutes les dépenses liées aux élections inclusives. La RDC n'est pas si pauvre pour ne pas disposer de moyens nécessaires à cet effet. Le vrai problème dans notre pays, cest celui de la mobilisation des recettes, car il y a l'évasion fiscale et la fraude douanière qui ont atteint des proportions inquiétantes suite à l'impunité. Au fait, disons tout simplement que cest un problème de manque de volonté politique pour inclure la diaspora dans le processus électoral en cours en RDC.
5. En octobre 2012, la RDC organise le 14è sommet de la Francophonie. Quelles opportunités s'offrent à Kinshasa en abritant un tel meeting sur son sol?
Le sommet de la Francophonie à Kinshasa en 2012 cest une bonne nouvelle pour le pays. Car, cela sera une opportunité à la fois économique et politique. La question serait peut-être de savoir comment la RDC se prépare à tirer profit économiquement et politiquement de ce grand événement sur son sol. Car, cela ne devrait pas seulement être une occasion de dépenser comme à laccoutumée mais plutôt une occasion de produire. C'est ce qui se fait ailleurs et cela ne se prépare pas à la veille. Cela relève des stratégies du management à la fois politique et économique pour que le peuple congolais en tire réellement profit.
Président national du Parti national pour la réforme, PNR.
(c) Le Potentiel, 21.07.11