Un mot sur la filière agricole en RDC (Roger K. NDONA)

Tenant compte des préoccupations et des questionnements du moment sur la
filière agricole en RDC, nous avons privilégié les problématiques génériques en
nous appuyant sur la définition de la filière pour appréhender le
fonctionnement global des filières sur ce que doit être son mode
d’organisation, avant de donner quelques conseils à qui de droit.

 

L’agriculture est un secteur globalement porteur d’activités diverses. Elle
prend en compte les modes de coordination des échanges, les notions des marchés
et les rapports de force entre groupes d’acteurs économiques et
socio-institutionnelle.

 

Les divers maillons intervenant dans les activités agricoles (producteurs,
expéditeurs, grossistes, distributeurs, détaillants, consommateurs, etc.)
constituent ainsi une filière.

 

Ceci dit :

Une filière agricole est donc un système où un ensemble d’acteurs et
d’activités sont liés entre eux. Le concept de filière est né de l’observation
des relations amonts-aval apparaissant entre agents dans tout le système
économique en croissance. Ces relations sont d’ordre marchand et s’établissent
par le jeu du marché et d’ordre relationnel et font alors appel aux analyses
des coordinations entre acteurs.

 

Ces acteurs sont impliqués de façon ordonnée et coordonnée à chaque maillon
d’activité en raison de la diversité des systèmes de production, de circuits
commerciaux, de mode d’organisation et de régulation.

 

L’approche filière peut être comprise aussi comme partie d’un système
économique constitué des activités de production, transformation, distribution
et de commercialisation d’un produit agricole ou d’un groupe des produits y
découlant.

 

En claire, c’est une chaine qui va des fournisseurs de l’agriculture, les
agriculteurs, les entrepreneurs de stockage, les transformateurs, les
grossistes et les détaillants permettant au produit agricole brut de passer de
la production à la consommation. Cette chaine implique les instituions
gouvernementales, les marchés et les commerçants affectant et coordonnant les
niveaux successifs par lequel transitent les produits agricoles.
L’interdépendance entre les différentes
activités du système est ainsi la règle qui définie une filière agricole.

 

Ce qui veut dire, pour que ce système fonctionne correctement, il faut que
les différents acteurs, les maillons de la chaine coopèrent, car au sein d’une
même filière, les questions se posent différemment pour chaque groupe
d’acteurs.

 

Certes, les filières agricoles sont variées, en termes de dimension,
d’organisation et de complexité, comme des enjeux qu’elles posent pour le
développement d’une région donnée.

 

Qu’en est-il de la RDC ?

 

En analysant la démarche sur l’approche filière ci-dessus décrite, pour
ceux qui connaissent le fonctionnement de marché agricole congolais, on
constate, du premier coup d’œil que le contour de la filière agricole
congolaise est flou du fait de son système qualifié de libre.

 

Notre appréhension est fondée sur la recherche effectuée à la fin de l’année
2010 à Butembo, à l’est de la RDC
sur l’évaluation des filières maraichères porteuses dont le rapport est consultable
sur le lien suivant: http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=3&newsid=173812&Actualiteit=selected.

 

En réalité, le fonctionnement d’une filière résulte de la combinaison des
relations et interactions entre ses différents éléments constitutifs
(production, mise au marché, distribution). Ce qui n’est pas le cas en RDC. Les
présumés acteurs des filières ne travaillent pas en harmonie. Les institutions,
les différentes organisations chargées de concevoir et négocier les politiques
agricoles, économiques et l’environnement scientifique n’interagissent pas entre
eux.

 

Ainsi logiquement, notre recherche avait tiré comme conclusion que la Filière Agricole proprement
dite n’existait pas en RDC car le producteur agricole est un fourre-tout et que
si filière il y a, elle est si courte et dans ces conditions le développement
de la production agricole est très difficile.

 

La démarche amorcée le 29 juin 2011 à Kinshasa demandant au gouvernement
d’initier l’approche „Filières Agricoles“ lors de la réunion sur la sécurité
alimentaire en RDC est louable. Car c’est dans une telle approche que la RDC trouvera son salut développemental.

A ce propos, il y a quelques mois nous avions écris un article intitulé „LÉGITME
AMBITION“ pour la RDC,
relayé sur plusieurs sites Web dont
www.uniband.org dans lequel nous disions exactement
ceci : „
Lorsque l’agriculture prospère, tous les autres
arts fleurissent avec elle. Cette sagesse est antique, pourtant elle est encore
d’actualité pour les pays en voie de développement en général dont la République Démocratique
du Congo…“
 

 

La vision des filières agricoles en République Démocratique du Congo
repose avant tout, en l’engagement organisationnel de la Filière elle-même en vue
de disposer, à terme, des instruments essentiels de planification, de gestion
et d’aide à la décision susceptible d’asseoir des stratégies efficaces de
développement, répondant au mieux aux aspirations socio-économiques des
producteurs, expéditeurs, grossistes, distributeurs, détaillants et des
consommateurs.

 

De deux, les décideurs ont l’obligation de planifier le domaine du développement,
en lançant une vaste campagne auprès de tous les acteurs concernés. Ainsi, le
pays aura constitué des outils utiles pour identifier et créer des filières
agricoles. C’est dans ce cadre logique que la RDC
pourra développer ses propres systèmes de filières agricoles.

 

Et troisièmement, la RDC
doit analyser des problèmes et des objectifs basés sur les rapports de cause et
d’effet, pour constituer un outil professionnel du développement de filières
agricoles. Il faudra à la RDC
des compétences tant au niveau technique
qu’administratif, mais aussi intégrer et coordonner les diverses institutions
impliquées dans le procédé de développement pour s’assurer des bons résultats.
Ces résultats doivent être une conséquence de l’identification des problèmes et
des projets basée sur l’expérience de quelques experts au niveau local.

 

Pour une fois que lors des assises sur la sécurité alimentaire en RDC on
puisse évoquer l’approche „Filières agricoles“, les institutions congolaises ne
doivent plus sembler avoir la forêt en face à cause des
arbres, mais elles doivent prioriser dans leur quête au développement „la Filière Agricole“
si elles veulent donner un souffle à l’agriculture congolaise. Ceci passe par
la compréhension claire et une analyse entière de l’impact éventuel sur le
système global.

 

Le Congo Démocratique a donc du chemin pour parler d’une façon adéquate de
« filières agricoles », mais déjà par les assises de Kinshasa sur la
sécurité alimentaire, les jalons sont jetés. Aux institutions de prendre à bras
le corps cette proposition salvatrice pour le développement des « Filières
Agricoles » en République Démocratique du Congo.

 

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