08.08.11 Les Dépêches de Brazzaville – Tony Bolamba : « La diaspora donnera une surprenante consigne de vote»
Les Dépêches de Brazzaville : Comment évaluez-vous le processus électoral en cours et le travail de la Céni ?
Tony Bolamba : Les attentes sont demeurées insatisfaites. C'est un pressentiment de longue date surtout depuis la nomination du pasteur Ngoy Mulunda à la tête de la Commission électorale nationale indépendante. Lorsqu'on vous confie une mission, il faut savoir assumer toutes les conséquences. Le fait pour la Céni de refuser de reconnaître sa culpabilité face aux irrégularités, la décrédibilise et met en évidence la grande mascarade en cours.
LDB : Que pensez-vous de la récurrente thèse selon laquelle la Céni planifie la fraude électorale. Êtes-vous de cet avis ?
T.B. : Ces accusations sont à mon avis fondées. Le fait de refuser le droit de vote à d'autres Congolais en est déjà une preuve irréfutable. Convaincu du sévère châtiment réservé à son candidat par le vote des Congolais de l'étranger, le camp kabiliste a manipulé « sa » Céni pour refuser le droit de vote à la diaspora afin de défavoriser les candidats susceptibles de réaliser un score stalinien. En plus, grâce à la nouvelle technologie, nous avons tous vu par des vidéos comment les enfants dont certains âgés seulement de 14 ans ou moins, se sont fait enrôler. Chose curieuse, ils sont presque tous nés le 31 janvier 1993.
LDB : Que vous inspire le rapprochement entre Étienne Tshisekedi et Jean- Pierre Bemba ?
T.B. : Le président de l'UDPS n'est pas le seul leader politique ou d'opinion à avoir rencontré « mon grand-frère et camarade », le sénateur Bemba. Et ce dernier n'est pas non plus le seul Congolais détenu arbitrairement à La Haye. Quand je suis de passage en Hollande, j'y rends aussi parfois visite à Thomas Lubanga, Germain Katanga, Mathieu Ngudjolo. Sans oublier notre frère et père africain, le président Taylor ! Donc, ce rapprochement est pour moi un non-événement.
LDB : Le débat autour d'un candidat unique de l'opposition est-il encore d'actualité ?
T.B. : Je ne saurais ici parler pour les autres. Mais Tony Bolamba remplit toutes les conditions des articles 10, 72, 102 et 106 de la Constitution congolaise pour briguer la présidentielle, donc il sera candidat pour défendre le « Programme du Changement » du Mouvement pour le Congo, et fait confiance au peuple congolais pour choisir le changement à lui proposé.
LDB : L'alternance politique tant souhaitée par l'opposition est-elle encore possible ?
T.B. : Bien sûr. La cohérence dans les idées et un engagement patriotique sincère pour le bien du peuple congolais constituent pour moi l'unique moyen pour y parvenir.
LDB : Avec une diaspora marginalisée…
T.B. : On ne peut pas toujours avoir de la politique qu'une vision électoraliste. Notre diaspora est composée de Congolais à part entière, en dépit du traitement qui leur est réservé par la loi électorale actuelle. Néanmoins, elle subvient aux besoins de la population, la nourrit et lui paye les frais médicaux et scolaires. La diaspora donnera un mot d'ordre surprenant ! Toutefois, malgré le refus de droit de vote à nos membres, tout en restant très dubitatif face à l'impartialité de la Céni, nous avons instruit les nôtres à être tolérants dans la vigilance permanente.
LDB : Quelle recette faut-il d'après-vous pour parvenir aux élections réellement libres, transparentes, crédibles, démocratiques et apaisées ?
T.B. : Même avec toute la bonne volonté du monde, à l'état actuel des choses, il est trop tard pour infléchir un processus mal engagé sur tous les plans… Je prends le peuple congolais et la communauté internationale à témoin!
LDB : Quelle est votre lecture de notre système d'aviation civile à la lumière du dernier crash d'un airbus de la compagnie Hewa Bora ?
T.B. : Le Moco a toujours dénoncé la déliquescence de l'État Congolais, et ce, depuis 14 ans maintenant. Tout est à l'image du pays, en totale régression, donc rien d'étonnant !
LDB : À quel camp appartient votre association et quel en est le projet de société ?
T.B. : Le Mouvement pour le Congo se situe du côté du peuple congolais, parce que la convergence des intérêts du pouvoir et ceux d'une certaine opposition fait ombrage au destin du peuple congolais ! Notre combat a pour socle, la justice. Mon programme de changement comporte deux priorités : la restauration de l'unité nationale et la remise en marche du pays dans le sens de l'histoire. La restauration de l'unité nationale aura pour objectifs : le rétablissement de la paix civile et la restauration de la démocratie, la liberté et la consolidation de l'unité africaine.
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LDB : Quid de votre retour au pays ?
T.B. : Je n'ai pas peur de rentrer en RDC. Je reste encore à l'étranger afin d'alerter l'opinion internationale sur les dérives du régime de Kinshasa. Très prochainement, je regagnerai la terre de mes ancêtres.
Propos recueillis par Alain Diasso