09.08.11 A chacun son opposition

« La jeunesse africaine, américaine, asiatique, européenne danse au rythme de la même musique », disait Yasmina Khadra. Le rap, le hip hop et autres musiques du monde fond danser les continents au même pas. Cette réalité est loin de s’appliquer à l’opposition congolaise. Chacun y va de son pied et à son rythme. Au risque d’assister à une cacophonie au sein de cette opposition, Clément Kanku, président du Mouvement pour le renouveau, a lancé ce week end un appel urgent pour une candidature unique.

Les similitudes de projets entre opposants militent selon lui pour cette stratégie électorale. Pourra-t-il être entendu, alors que la guerre des égos est déjà lancée ?

Opposition. Pour certains, pas besoin de parler de projet de société pour l’instant. La priorité, Kabila doit partir. D’autres s’opposent au régime en place au nom de l’objectif affiché, le bien-être des congolais. Bien être espéré après les élections de 2006. Au bout du compte, aucun changement notable n’a été observé au quotidien. La scolarité relève d’un exploit, le transport, parcours d’un combattant, professeurs impayés et la survie un miracle. A ce sombre tableau s’ajoute l’insécurité galopante, les coupures d’eau et d’électricités relèvent de la normalité. Du moins, les parlementaires ont vu leurs salaires majorés avec des véhicules en bonus pour leurs déplacements.

Pour les chantres de l’opposition, chacun y va de sa partition. Même les chantres des merveilles du pouvoir d’autre fois, s’affichent comme farouche opposants pour la présidentielle du 28 novembre prochain dont le report est envisagé par la CENI, Commission électorale nationale indépendante.

Du côté de l’opposition institutionnelle, les défections dans leurs rangs ne font qu’allonger la liste des opposants qui s’ajoutent à l’opposition historique qui n’a pas pris part à cette première législature. On risque de s’y perdre un peu, vu que la liste des opposants ne fait que se rallonger.

Dans cette cacophonie d’opposition, chacun voudrait se faire entendre. L’Union pour la démocratie et le progrès social, revendique son antériorité aux autres opposants, signe de la crédibilité de son combat de longue haleine. Les jeunes opposants issus pour la plupart des deux grands partis politiques à savoir : l’Alliance pour la majorité présidentielle et le Mouvement de libération du Congo, veulent aussi tirer leur épingle du jeu, certainement pour un positionnement futur sur l’échiquier politique.

Alors que l’opposition est mère d’une longue lignée dont chacun revendique l’héritage la légitimité, en face, la Majorité présidentielle compte s’investir dans le président actuel au pouvoir, candidat à sa propre succession. Ce qui présente une garantie de rassemblement. Et l’opposition qui avance en ordre dispersé risque de réduire ses chances de succès. Parce que mathématiquement, ses voix seront divisées entre ses tous ses prétendants. L’idéal pour cette opposition, comme le préconise plusieurs analystes politiques, est d’arriver à présenter un candidat d’union pour faire front face au candidat du pouvoir. Même pas deux candidats d’oppositions. Un seul. Parce que deux baladins ne dansent pas sur la même corde.(Proverbes turcs.)

Jacques Matand’

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