13.08.11 Le Potentiel – Gaspard-Hubert Lonsi Koko : « Je vais me présenter à la présidentielle pour apporter du changement dans la vie du peuple congolais»

Vous venez d’annoncer l’imminence de votre retour en RDC. C’est pour quand exactement ?

Je serai à Kinshasa avant la fin du mois d’août. Mon retour au pays de mes ancêtres, où je m’installerai définitivement, a trait au processus électoral en cours. Je vais me présenter à la présidentielle pour apporter du changement dans la vie du peuple congolais.

Etes-vous prêt à vous lancer dans cette bataille ?

Il est de notoriété publique que je suis un candidat déclaré à la magistrature suprême. Cette décision, qui a été longuement mûrie, est toujours d’actualité. Je suis prêt pour y aller.

Quel projet comptez-vous défendre ?

La mandature finissante porte la marque de fameux « Cinq chantiers » de Joseph Kabila, qui devaient changer l’existence de nos compatriotes. Or, la RD Congo reste un pays très enclavé dans lequel plus de 85 % de la population, en majorité non scolarisée et en proie au chômage, n’ont que difficilement accès aux soins de santé, à l’eau potable ainsi qu’à l’électricité. Une autre vision politique doit donc être impulsée par des acteurs nouveaux. Mon projet de société met l’accent sur la liberté, l’égalité, la sécurité et la prospérité. Je compte impulser à court terme une politique humaniste qui permettra au peuple congolais de se former à tout moment, d’avoir un emploi, de jouir d’un pouvoir d’achat convenable, de se soigner, de s’adonner aux loisirs, de subvenir aux besoins familiaux, de se déplacer en toute sécurité dans l’ensemble du territoire national…

Pensez-vous que ce projet soit réalisable ?

Le développement socioéconomique de la RD Congo n’est qu’une question de volonté et d’innovation politique, laquelle contribuera à l’évolution des mentalités et au patriotisme. En effet, j’agirai en faveur d’initiatives intelligentes ayant pour objectifs la croissance économique, l’évolution sociale et la paix. Il est donc important de soutenir le projet que je porte, celui du Rassemblement pour le développement et la paix au Congo (RDPC), car notre ambition consiste à offrir à nos compatriotes, quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent, l’opportunité de reconquérir par la force du travail et de l’intelligence, par la solidarité et la fraternité, par la tolérance et la justice, une dignité qui fait la fierté et la grandeur des peuples libres et généreux, créatifs et industrieux.

Quel bilan dressez-vous de l’action de Joseph Kabila à la tête de la République démocratique du Congo ?

Je me suis interrogé sur ce qui a changé dans la vie de la majorité de nos compatriotes depuis l’accession, en 2001, de Joseph Kabila à la présidence de la République. À ma connaissance, ils sont moins nombreux les Congolais qui mangent deux fois par jour ou tous les jours. À défaut de l’émergence d’une classe moyenne, un gouffre social ne cesse de se creuser entre les riches et les pauvres. Les produits alimentaires pourrissent dans les campagnes par manque de routes praticables. Il est évident que l’on ne doit pas reconduire au pouvoir – moyennant la promesse d’un tee-shirt, la distribution de la bière et de quelques cadeaux le temps d’une campagne électorale – quelqu’un qui a hypothéqué pendant plus de 10 années l’avenir de tout un peuple.

Comment se porte l’opposition congolaise ?

C’est parce que l’opposition institutionnelle n’a pas joué son rôle de contre-pouvoir que la majorité présidentielle s’est permise certaines initiatives à l’encontre du peuple congolais. L’opposition doit profiter des échéances électorales pour se responsabiliser et changer la donne politique. Cela nécessite de l’objectivité, de l’honnêteté, des principes et des convictions.

Pour les observateurs de la vie politique congolaise, l’opposition va en ordre dispersé à cette élection et ne parvient pas à s’unir autour d’un candidat commun. Quel est votre sentiment ?

La diversité a toujours été un signe de vitalité que l’on doit savoir canaliser. Or, la majorité parlementaire a imposé l’élection présidentielle à un tour afin de diviser davantage les partis politiques de l’opposition. Dès lors que le rythme de la musique a changé, le pas de danse devrait s’y adapter. Il y a donc nécessité d’une candidature unique, s’agissant de la magistrature suprême, et d’un front commun de l’opposition pour ce qui est des élections législatives, provinciales, régionales et locales. Néanmoins, l’expérience apprend que l’investissement sur un homme, aussi charismatique soit-il, aboutit à des régimes autoritaires. A contrario, toute nation démocratique évolue grâce à un programme de société cohérent. Ainsi le candidat unique devra-t-il incarner la synthèse de l’opposition congolaise.

Accepteriez-vous de brader votre candidature au profit d’un candidat unique de l’opposition ?

Je n’envisage guère les différentes éventualités sous l’angle du bradage. Il est plutôt question de l’intérêt du peuple congolais. S’il m’arrive de faire l’impasse sur l’élection présidentielle, ce sera pour permettre une alternative politique crédible. Les échanges que j’aurai avec les leaders des partis politiques de l’opposition seront déterminants.

Selon vous, qui est le mieux placé pour représenter l’opposition entre cette pléthore de leaders pleins d’ambitions ?

Le meilleur candidat de l’opposition sera celui dont le devoir consistera à apporter au peuple congolais un rayon d’espoir. Ce candidat devra faire évoluer les mentalités pour que vivent à jamais la paix et la justice, pour que le travail devienne la valeur fondamentale. N’oublions pas qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. C’est une affaire de volonté, de constance et de fidélité au patriotisme tout en ayant à l’esprit la place de la RD Congo sur l’échiquier international.

Quel regard portez-vous sur le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), dont la confiance avec les partis politiques, les Eglises et les forces vives de l’opposition ne semble pas au beau fixe ?

La CENI est censée garantir le bon fonctionnement du processus électoral. Cette institution aurait dû œuvrer en toute indépendance. Par malheur, la connotation politique ayant prévalu à la composition de son bureau a fini par occasionner le tiraillement entre les forces vives de l’Opposition, les obédiences spirituelles et les partis politiques de la majorité. Sa partialité ne peut qu’inciter les opposants au régime en place à la méfiance.

Que diriez-vous au peuple congolais qui n’a plus confiance en sa classe politique ?

J’ai fait le choix de privilégier la paix et la sécurité, la justice et la liberté, la prospérité et le bien-être pour que les Congolais de l’intérieur aspirent un jour à la vraie joie de vivre – la finalité étant de recouvrer le bonheur collectif. Bonheur que je souhaite, fraternellement et de tout cœur, à tous mes compatriotes dont les espoirs légitimes et les attentes primordiales ont été à maintes reprises déçues et hypothéquées par des marchands d’illusion. Quant aux Congolais de l’étranger, ils ont des devoirs envers la patrie, notamment en matière de développement socioéconomique, en contrepartie du respect de leurs droits civils et politiques par le gouvernement. Soucieux de la cohésion nationale, j’ai toujours agi en faveur de leur droit de vote et d’éligibilité à l’élection présidentielle, ainsi qu’aux scrutins relatifs aux sénateurs et députés de la diaspora. J’ai aussi fait de la double nationalité mon cheval de bataille, compte tenu des avantages considérables que notre pays peut tirer de cette situation juridico-administrative. Face aux adversaires de l’unité politique, aux ennemis de la concorde sociale et de la réconciliation nationale, j’invite les Congolaises et les Congolais à joindre leurs efforts à notre combat afin de faire définitivement de la RD Congo, tel que le prescrit notre hymne national, un pays plus beau qu’avant dans la paix.

Propos recueillis par Robert Kongo, Correspondant en France.

(c) Le Potentiel, 13.08.11

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