20.08.11 Le Potentiel – Contraintes de programmation monétaire obligent : Le Comité de politique monétaire met la pression sur les Billets de trésorerie

Le Comité de politique monétaire (CPM) a, ai cours de sa réunion du vendredi 19 août 2011, levé l’option d’accroître la stérilisation de la liquidité via les adjudications des Billets de trésorerie (BTR) en vue, entre autres, de « ramener l’offre de monnaie centrale dans les limites de la programmation monétaire ». C’est ce qu’a révélé son président et gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Jean-Claude Masangu Mulongo, dans le communiqué de presse qu’il a lu devant la presse.

Devant la crainte d’un effet de contagion de la panique qui a gagné les grandes économies mondiales dont celle de la zone euro et des Etats-Unis, Jean-Claude Masangu s’est voulu rassurant. « Nous sommes tellement regardant de ce qui se passe en international. Nous ne voulons pas être surpris comme en 2008 avec la crise financière internationale. Nous avons tiré les leçons du passé. Nous sommes donc déterminés à appliquer les politiques appropriées pour limiter les risques qui pèsent sur l’économie congolaise », plus que jamais convaincu de la capacité de la Banque centrale à parer à toute éventualité.

Par contre, il n’a pas voulu minimiser l’impact que pourrait entraîner cette crise sur l’économie nationale. Aussi, a-t-il fait remarquer que la Banque centrale du Congo autant que le gouvernement demeurent vigilants chacun en ce qui le concerne. « Nous restons confiants à ce stade, en se basant sur l’hypothèse que les choses vont s’améliorer dans la zone euro et aux Etats-Unis ».

Conjoncture au 18 août

Faisant le point de la conjoncture économique au 18 août 2011, l'examen des objectifs de la politique monétaire à mi-parcours du troisième trimestre tel qu’établi par le CPM a révélé, d'une part, une maîtrise du taux d'inflation et de la masse monétaire par rapport à la programmation et, d'autre part, un léger dépassement de la base monétaire.

Le CPM s'est, par ailleurs, félicité de l'orientation des politiques macroéconomiques, laquelle a permis d'atténuer les effets de l'inflation importée au premier semestre.

Ainsi, en matière de politique monétaire, il a décidé de maintenir le statu quo en matière de taux directeur et de coefficient de la réserve obligatoire, soit respectivement à 29,5 % et 7 %. Cependant, le CPM a reconnu la nécessité d'accroître la stérilisation de la liquidité via les adjudications des BTR en vue de ramener l'offre de monnaie centrale dans les limites de la programmation monétaire;

En matière de politique de change, ce groupe d’experts, qui a réuni outre ceux de la BCC d’autres issus de la présidence, de la primature, du ministère du Budget et celui des Finances, a jugé utile de procéder, prudemment, à quelques achats des devises en vue de conforter le matelas des réserves internationales. Alors qu’en matière de politique budgétaire, il a recommandé une fois de plus au gouvernement la poursuite d'une politique budgétaire prudente conformément au plan de trésorerie du secteur public.

Mais, bien avant que le CPM ne se concentre sur l’économie nationale, en ce qui concerne la conjoncture à la période sous revue, il a fait savoir qu’au plan international, la conjoncture a été dominée par de faibles perspectives de croissance de la zone euro dans un contexte d'incertitude financière. Cette dernière a tenu essentiellement, pense-t-il, aux difficultés éprouvées par les dirigeants de la zone euro de trouver une réponse viable à la question de l'endettement des pays tels que la Grèce, le Portugal, l'Italie, l'Irlande, et l'Espagne.

Ainsi, dans un élan de panique, note-t-il, une ruée d’investisseurs vers l'or et d'autres monnaies refuges, notamment le franc suisse et la livre sterling, accentue la demande de ces dernières et, par ricochet la dépréciation de l'euro par rapport à ces monnaies. Cependant, par rapport au dollar, la monnaie européenne s'est légèrement appréciée, se situant à 1,44 Usd l'euro contre 1,42 Usd la semaine précédente.

Au plan intérieur, le CPM a été d’avis que l'activité économique a été plus dynamique que prévue. Selon lui, les estimations préliminaires du PIB réel révèlent que ce dernier a connu une hausse de 6,8 % contre une prévision de 6,5%. Cette évolution est liée, notamment au bon comportement des secteurs minier, des hydrocarbures et de la construction. En ce qui concerne les prix, ils sont demeurés stables en raison de la conduite prudente des politiques monétaire et budgétaire, d'une part, et d'une accalmie sur les marchés mondiaux des produits de base et alimentaires.

De manière précise, l’indice des prix à la consommation, en rythme hebdomadaire, a continué de décélérer, avec une hausse de 0,19 % au 19 août contre 0,22 % une semaine auparavant. Cette évolution a, par conséquent, établi le taux d'inflation, en cumul annuel, à 14,2 %. Suivant ses prédictions, en prolongeant cette tendance, la variation globale des prix de biens et services se situerait à 24,03 % à fin décembre 2011 contre un objectif annuel révisé de 18,35 %.

Cependant, s'agissant du marché des changes, le comportement de la monnaie nationale est demeuré stable, le dollar s'étant échangé autour de 925 CDF sur les trois segments du marché, ont conclu les experts du CPM. Si bien que sur le marché monétaire, les taux d'intérêt réels ont connu des évolutions différenciées. La marge de positivité du taux directeur s'est alors fixée à 5,5 points d'une semaine à l'autre. Quant au taux moyen pondéré réel des BTR, il a connu un léger recul de 40 points de base. Par ailleurs, les interventions de la BCC sur le marché monétaire ont permis, via les appels d'offres des BTR, de stériliser 6,5 milliards de CDF au 16 août 2011.

(c) Le Potentiel, 20.08.11

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