LE KIMBANGUISME, UNE THEOLOGIE AFRICAINE DE LA LIBERATION

Parmi les spécialistes ayant contribue a ce résultat, l’historien
angolais, Simao Souindoula, qui, dans une remarquable communication, intitulée
«  Simon Kimbangu, sur les cendres inculturantes de la Prophétesse Ardente », a
établi le rapprochement entre « l’apostasie » antonienne, du début du XVIII eme
siècle, dans l’ancien Kongo, et le schisme « kinduadiste », dans la region du
Bas Fleuve, surgi dans  les premières décennies du XX eme siècle.

 

 

La
cérémonie solennelle d’ouverture de la Conférence, placée sous le Haut Patronage
du Chef de l’Etat du Congo de la rive gauche, Joseph Kabila Kabange, s’est tenue
dans la grand’ place du domaine kimbanguiste de « Kasa Vubu », dans une
atmosphère de kermesse, typique du «  kiese » anthropologique
ngunziste, surprenante réplique de l’énergique mouvement de Mama Ndona, a
Mbanza Kongo.

Une dizaine d’allocutions de représentants de diverses institutions du
pays et de délégués venus de l’étranger a été dite, sous le saint œil de
l’actuel Guide Spirituel, Simon Kimbangu Kiangani, étonnant clone de son grand
père de prophète.

Le
fait, majeur, mis en valeur lors de cette contagieuse et attachante
« nkembo » a été l’annonce de l’annulation, le 22 Juillet 2011, par la
Haute Cour Militaire de Kinshasa, de la condamnation a mort, prononcée en
octobre 1921, par le Tribunal Militaire colonial de Thysville, de Simon
Kimbangu, l’agitateur.

Les travaux de la réunion, bien orientes par Elikia Mbokolo, épaulé par
l’omniprésent Sabakinu Kivilu, ont permis d’aborder diverses approches sur
l’action et l’influence du « Mfumu Ngunza ».

Ces axes d’analyse ont été animes, par entre autres spécialistes, le
toujours très panafricaniste Théophile Obenga et son jeune collègue, le sévère
Laurent Gankama de l’ Universite Marien Ngouabi de Brazzaville, les
comparatistes Lututala Mumpasi du CODESRIA et Mamadou Sy de Dakar, l’expérimenté
Jean Pierre Dozon, de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris et
sa prolifique consœur Elisabetta Maino, le fertile Rémy
Banzenguissa de l’ Universite de Lille, le dialecticien Serge Mboukou de
l’Universite Paul Verlaine de Metz, le très applique Aurélien Mokoko Gampiot du
Centre National français de la Recherche Scientifique, de Kodi Muzong de la
Chantam House de Londres,  la théoricienne Anne Melice, de
l’Universite de Liège et Ramon Sarro de l’Universite de Lisbonne.

L’on a, aussi, note les interventions de Katrien Pype de la
Massachusetts Institute of Technology, des USA, de Peires Jeff de la Rhodes
University, à Graham Town, en Afrique du sud, d’ Eduardo Franca Paiva, de
l’Universite Fédérale de l’Etat « bantu » de Minas Gerais, a Belo Horizonte, au
Brésil, et les désormais kimbanguistes,  frères antillais, Olivier
et Yvan Birna.

FRACTURE THEOLOGIQUE

Enfin, l’on a écouté, avec beaucoup d’attention, la presque
kimbanguiste, subitement devenue, la washingtonienne Sheila S. Walker, la très
appliquée nord-américaine Ramona Tascoe, le pédagogue Pierre Mujomba de la Saint
Michael College, a Colchester, au Vermont, aux Etats Unis d’Amérique, le très
méthodique Nyunda ya Rubango et son collègue, érudit,  Ngwarsung
Chiwengo de la nord-américaine Creighton University , Dianne Diakhite de
l’Universite d’Emory, aux USA et de Martin Kalulambi Pongo de l’Universite
d’Ottawa, au Canada.

Les principaux axes des exposes ont mis en relief l’inévitable collision
politique que devait entrainer le mouvement religieux du baptiste
de Nkamba, son incontournable dimension anticoloniale, son irréversible
expansion nationale, régionale et, un peu plus tard, internationale, son solide
ancrage anthropologique, sa prévisible fracture théologique, sa justificatrice
revendication des schismes chrétiens antérieurs et son influence structurante
 dans l’émergence des Eglises neo-chrétiennes noires, apparentées,
dans la sous-région.

Le
30 juin 1960, date de l’indépendance du Congo – Léopoldville est revenue,
invariablement, en toile de fonds, des analyses comme la concrétisation de la
grande prophétie dite dans les années 20 par le prédicateur dissident. Et, c’est
l’un de ses fils spirituels, Joseph Kabasele, ne dans le Bas Congo, qui donnera
a l’Afrique et sa diaspora, son hymne a la dignité, « Indépendance Cha
Cha
 ».

Les contributions a la Conférence ont, également, porte sur l’exemple,
héroïque, d’auto – développement kimbanguiste, dans divers domaines tels que
ceux de l’éducation, de la sante, de l’agriculture, etc.

L’on consignera que les enseignants-chercheurs congolais des Universités
de Kinshasa, de Lubumbashi, Simon Kimbangu et Kongo, ont, invariablement, dans
leurs communications, sembler exprimer un repentir collectif en se lançant,
finalement, dans une reconnaissance de l’influence exercée par l’Inspire de la
colline de Nkamba dans l’évolution politique du Congo Léopoldville, dans la
première moitie du XX eme siècle.

Ceux-ci ont considéré, définitivement, « l’Embastillé de trente
ans
 » comme une mémoire référentielle, incontournable, fondamentale pour la reconstruction du pays, un Prométhée noir et, enfin,
un personnage de dimension bien nationale, qui a mérité, après un demi-siècle de
retard, sa place dans la galerie des Héros Nationaux.

Ce
correctif de l’histoire était nécessaire si l’on tient compte de la pleine
réappropriation par le Congo de la rive droite de la figure de « l’Olutumu
lua Nzambi
 », illustrée par l’apposition de son nom a une artère de Mfwa,
l’impression d’un timbre-poste et son placement par le regrette chanteur,
marxiste, Franklin Boukaka, dans le couloir des « Immortels »
des « Damnes de la Terre ».

PROMETHEE NOIR

Fait symptomatique du glissement du « Nfumu Ngunza » vers le
Pool, le titre de Premier Docteur Honoris Causas de l’Universite Simon Kimbangu
a été décerné, le 28 juillet dernier, et cela, a juste titre, a Martial Sinda,
76 ans, pour son brillant ouvrage, devenu un classique des études
africaines, « Le Messianisme congolais », livre publie en 1972, a
Paris.

Malade, mais d’un courage extraordinaire, le vétéran sociologue a fait
le déplacement depuis  Paris jusqu'à Nkamba, la « Jérusalem
noire », vitrine indiscutable de la prodigieuse force endogène du kimbanguisme
avec son remarquable temple de 35 000 places, son notable aménagement spatial et
son sain environnement, bien revivifiant.

Ce
repentir des universitaires congolais a, visiblement, facilite l’adoption de
diverses recommandations telles que l’érection, dans le pays, de monuments de
Simon Kimbangu et l’observation, ni plus, ni moins, d’une Journée fériée en
hommage au Libérateur. 

Interroge sur les résultats de la Conférence, Simao Souindoula les a
considéré de largement investissants, dans la mesure ou ils engendreront diverses initiatives visant une meilleure organisation de la
documentation orale et écrite sur l’ histoire du kimbanguisme, une compréhension
acceptable de ses atouts anthropologiques, sociologiques et économiques, sa
contribution a la perpétuation et la régénération du patrimoine musical
traditionnel de l’Afrique centrale et ses défis face a son irréversible
mondialisation avec l’usage obligatoire de l’ anglais.

Pour cet expert de l’UNESCO, la mise en relief par les kimbanguistes des
valeurs fondamentales de fraternité, de respect de la vie humaine, de travail et
de solidarité sociale est une dynamique qu’il faudra soutenir dans la
perspective de la Renaissance de l’Afrikiya.

Par

Johnny
Kapela

International
Networking Bantulink

C.P. 2313

Luanda (Angola)

Tel.: + 244 929 79 32 77

 

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